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Histoire nucléaire et devoir de mémoire à Hao


"Les essais nucléaires en Polynésie française" a été présenté au conseil municipal de Hao et certains exemplaires seront mis à disposition de la population.
"Les essais nucléaires en Polynésie française" a été présenté au conseil municipal de Hao et certains exemplaires seront mis à disposition de la population.
Hao, le 5 décembre 2022- Les représentants du Commissariat à l'énergie atomique et de la Direction des applications militaires (CEA/DAM) accompagnés d’Arnaud Benoît, administrateur des Tuamotu-Gambier ont fait escale à Hao pour présenter l’ouvrage Les essais nucléaires en Polynésie française, qui remet en perspective leur historique au fenua.
 
Une délégation composée, entre autres, de l’administrateur des Tuamotu-Gambier Arnaud Benoît et du directeur des applications militaires au commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives Vincenzo Salvetti était au fenua toute la semaine dernière où ils ont multiplié les rencontres politiques, médiatiques et institutionnelles. Mais que serait une visite en Polynésie pour parler du fait nucléaire sans aller aux Tuamotu ? C’est chose faite, avec un déplacement jeudi, sur l’atoll de toutes les attentions : Moruroa, où la délégation a passé une journée. Sur le chemin du retour, la délégation en a profité pour faire une escale à Hao qu'ils ont rejoint jeudi soir. À peine arrivés, une réunion de conseil municipal a été organisée afin de présenter l’ouvrage Les essais nucléaires en Polynésie française, aux élus de l’atoll, venus peu nombreux. Quelques exemplaires seront distribués auprès de la population et d'autres resteront consultables en mairie. Comme l’écrit Vincenzo Salvetti dans la préface du livre : "Il traite à la fois de l’origine des essais nucléaires français et du choix des sites en Polynésie française, de la manière dont ont été conduites ces expérimentations, mais aussi des conséquences sanitaires et environnementales de ces essais. Il aborde ensuite les raisons pour lesquelles la France a renoncé définitivement aux essais nucléaires et, enfin, traite la question de la mémoire et de la reconnaissance de la contribution de la Polynésie française à la dissuasion nucléaire."
 
La population étant la première concernée, on peut regretter qu'une réunion publique n'ait pas été organisée à Hao comme ce fut le cas à Rikitea et Tureia il y a près d’un mois à l’occasion de la venue de François Burgaut, délégué à la sûreté nucléaire des installations de défense.
 
Travail de mémoire
 
Pour rappel, depuis les années 60 et jusqu’en 2000, Hao a été la base avancée du centre dexpérimentation du Pacifique (CEP) pour les essais nucléaires français entraînant un fort accroissement démographique. L'atoll était passé de 194 habitants en 1962 à 1 582 en 1996, occasionnant au passage les bouleversements sociaux, économiques, culturels, sanitaires et environnementaux que l’on connaît. À ce titre, le passé nucléaire de Hao faisant intégralement partie de son histoire, il régit encore aujourd’hui ses probabilités de développement économique. Et la population a un rôle légitime à jouer dans le travail de mémoire, expliqué dans cet ouvrage réalisé par le CEA/DAM. Un travail déjà mis en place depuis quelques années dans le milieu scolaire polynésien, initié conjointement par le Pays et la Direction générale de l'éducation et des enseignements (DGEE) avec le programme Enseigner le fait nucléaire. Mis en place également à Hao  son objectif est de donner des pistes d’études aux enseignants pour aborder dans le cadre des Questions socialement vives (QSV), cest-à-dire des questions complexes, ouvertes, expertisées et médiatisées ou le moindre parti-pris peut être mal interprété. Le fait nucléaire toujours aussi sensible, mérite qu’on en parle et que les faits soient enseignés de façons objective.
 
Si un centre de mémoire est bien en projet à Papeete, la question d'ériger des centres de mémoire dans les atolls concernés se pose. C’est en tout cas le souhait de quelques personnes rencontrées sur place. Elles se disent lassées "de l’image négative imposée par Tahiti qui leur colle à la peau" et regrettent que certaines associations ne les invitent pas à collaborer davantage.

Vincenzo Salvetti, directeur des applications militaires au commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives :
 
« On est là en toute simplicité, en toute sincérité pour poursuivre ce qu’avait lancé le président Macron en 2021. On est là également pour expliquer les choses en toute transparence et pour une prise en considération de la reconnaissance du peuple de Polynésie française pour la dissuasion nucléaire française, nous avons eu d’ailleurs un débat très cordial avec une partie du conseil municipal de l’atoll et la mairesse."

De gauche à droite : Arnaud Benoît, administrateur d'État des Tuamotu-Gambier, Vincenzo Salvetti, directeur des applications militaires au commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives et Philippe Sansy directeur adjoint des applications militaires au commissariat à l’énergie.
De gauche à droite : Arnaud Benoît, administrateur d'État des Tuamotu-Gambier, Vincenzo Salvetti, directeur des applications militaires au commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives et Philippe Sansy directeur adjoint des applications militaires au commissariat à l’énergie.

Rédigé par Teraumihi Tane le Lundi 5 Décembre 2022 à 15:07 | Lu 989 fois