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Hao : le permis de construire est prêt mais pas l'étude d'impact


Hao : le permis de construire est prêt mais pas l'étude d'impact
HAO, le 25 septembre 2015- Le projet de la ferme aquacole de la société Tahiti Nui Ocean Foods sur l'atoll de Hao a pris du retard. Selon nos informations, le dossier du permis de construire serait prêt à être remis au Pays et à la commune mais l'étude d'impact qui doit nécessairement l'accompagner n'est pas terminée en raison de la complexité et de l'importance du projet.

Du côté de Hao rien de nouveau. Depuis le 6 mai dernier et l'inauguration du site du futur complexe aquacole rien n'a changé sur place. "On en est toujours à l'instruction du permis de construire, il doit être déposé à la mairie, mais jusqu'à aujourd'hui nous n'avons pas eu un seul document" explique Théodore Tuahine, tavana de Hao. Dans les faits, le permis de construire pour les installations industrielles de cette ferme aquacole qui doit prendre place sur près de 35 hectares est prêt mais pour être valablement instruit par les services, le permis de construire doit présenter une étude d'impact complète. Or, sur un complexe industriel de cette taille, qui de surcroît n'a jamais été effectué en Polynésie française, les vérifications à effectuer sont nécessairement importantes et doivent être précisément évaluées. Ainsi, des "points insuffisamment renseignés" par les investisseurs chinois dans leurs plans ont ainsi réclamés des réponses plus précises.

Rappelons que les installations de cette ferme aquacole à Hao prévoient la construction de 40 000 m2 de bâtiments au sol et 10 000 m2 en étage (soit une superficie totale de 5 hectares de bâti) pour édifier une écloserie, un laboratoire, des unités de congélation, de stockage, de transformation et de conditionnement du poisson avant son exportation, mais aussi des locaux administratifs et des logements pour les cadres. Ce ne sont pas les bâtiments qui posent problèmes pour l'étude d'impact du projet mais la connaissance précise et la maîtrise de la circulation de l'eau et des effluents rejetés dans le lagon dans le processus d'élevage des poissons.

Le 17 septembre dernier lors l'ouverture de la session budgétaire Edouard Fritch déclarait dans son discours que "la société a pris du retard" puisqu'elle aurait dû "déposer ses demandes avant le 15 juillet". A l'heure actuelle impossible donc de savoir si le permis de construire de la ferme aquacole pourra être accordé avant la fin de l'année comme cela avait été décidé en juin dernier.




Les interrogations de la CTC

Hao : le permis de construire est prêt mais pas l'étude d'impact
Dans un rapport sur la politique de la pêche et de l'aquaculture en Polynésie française publié cette semaine par la Chambre territoriale des comptes (CTC), quelques paragraphes sont consacrés au projet du centre aquacole de Hao. La chambre alerte sur certains risques qui "méritent d’être d’ores et déjà évoqués et nécessiteront un suivi attentif". Ces risques sont d'abord, celui d'une "dégradation de l’écosystème du lagon, écosystème par définition fragile puisqu’il s’agit d’un milieu fermé. Or, l’élevage en cage favorise les épidémies par la concentration des poissons recherchée. En outre, il perturbe l’écosystème par l’accumulation des déjections des élevages". La deuxième interrogation posée porte "sur le risque de prélèvement sur le milieu naturel faute d’être en mesure de produire suffisamment de larves en écloserie pour satisfaire les besoins de l’élevage intensif". Enfin, la CTC qui est un organe de contrôle de l'utilisation des deniers publics s'interroge "sur le bénéfice économique que retirera à terme la Polynésie française de cette installation d’une aquaculture industrielle". La chambre rappelle en effet que les terres domaniales sur lesquelles le complexe va être construit sont mises à disposition à titre gratuit pour 15 ans et que "des exonérations pourraient être accordées sur les importations de matières premières et d’équipements en provenance de Chine". En clair, les vraies retombées du projet pour la Polynésie ne reposent que sur les emplois directs ou induits. "Le Pays devrait dans ce cas particulièrement veiller à ce que les bénéfices de cette industrie ne soient pas intégralement rapatriés en Chine par la société mère Tian Rui".


Pour lire le rapport complet de la Chambre territoriale des comptes sur la pêche et l'aquaculture de 2007 à 2014, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 25 Septembre 2015 à 06:43 | Lu 2920 fois