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Hanaiti Mariassouce, éco-artiste


TAHITI, le 12 avril 2021 - Formée au Centre des métiers d’art, Hanaiti Mariassouce expose actuellement trois œuvres à l’exposition "Les Peuples de l’eau". Elle revient sur son parcours et ses aspirations, insiste sur son engagement. Pour elle, l’art permet de faire passer des messages.

Elle arrive les bras chargés. Hanaiti Mariassouce porte ses œuvres, celles qu’elle va exposer à l’occasion de l’événement "Les Peuples de l’eau".

Vaiana Drollet, de la galerie Winkler, l’accueille et découvre l’artiste et ses tableaux. "Je suis quelqu’un qui aime beaucoup la mer", dit Hanaiti Mariassouce en préambule.

"Je présente des œuvres engagées pour dénoncer la pollution marine." Devant elle, posé sur le sol, se trouve tout d’abord une "langouste humaine". C’est le nom qu’elle a donné à son tableau qui, de loin, représente en effet le crustacé.

La forme en a les contours et les teintes. "J’ai cherché un animal qui se rapprochait de la cage thoracique d’un être humain." Hanaiti Mariassouce s’interroge sur les conséquences du réchauffement climatique : "L’humain va-t-il retourner à l'état l’animal ou bien est-ce l’inverse ? Est-ce l’animal qui va se rapprocher de l’être humain ?"

Pour débuter ses œuvres, Hanaiti Mariassouce utilise souvent de la peinturee en bombe, car "ça va plus vite" et "cela me permet plus facilement de faire des dégradés". Ensuite, elle se sert d’un pinceau pour réaliser des tracés à l’acrylique.

Peindre pour dénoncer

À côté de la langouste, des poisons évoluent sur une toile où sont dessinés trois cercles. "J’ai voulu inscrire cette œuvre dans la culture polynésienne, j’ai réalisé des motifs de l’archipel de la société." Les cercles sont des lentilles pour voir à l’intérieur des poissons.

Le visiteur attentif y découvre des déchets. "Pour moi, l’art permet de faire passer des messages, de dénoncer tout en nuance grâce à l’esthétisme."

Enfin, un triptyque complète les œuvres. Un requin marteau, ou mokarran, se découpe finement du fond noir. "Les requins ont la réputation d’être des poubelles de mer", rappelle Hanaiti Mariassouce.

"On retrouve donc de tout à l’intérieur de cette espèce" : Des arrêtes, comme des masques.

Elle a entendu parler de l’exposition Les Peuples de la mer par un ami, Guillaume Machenaud, qui participe lui-aussi à l’évènement. Sachant ses liens avec la mer, il lui a présenté le thème.

Séduite, Hanaiti Mariassouce a réfléchi à ce qu’elle pourrait créer. Elle a démarré son premier tableau il y a trois semaines. "C’était un peu in-extrémis, mais je me suis dit : 'J’essaie, on verra bien.'"

"Mon sport préféré ? La rame ! "


Hanaiti Mariassouce a grandi à Tiarei, à Tahiti. Elle a vécu les pieds dans l’eau, ou presque. "La rame !" Cette activité lui permet de décompresser, de se décharger de son stress en période d’examens par exemple. Elle la pratique depuis qu’elle a une huitaine d’années.

Elle a fait comme ses oncles et ses tantes. Elle aime également pêcher.

Elle a étudié au lycée Samuel Raapoto où elle a suivi une filière Sciences et technologies du design des arts appliqués (STD2A). "C’est la seule filière un peu artistique ici. J’ai toujours dessiné, gribouillé, je me suis dit : 'Pourquoi ne pas exploiter ça ?'"

Elle a obtenu son baccalauréat en 2017. Elle a souhaité ensuite aller au Canada, en communication visuelle. "C’était un endroit que je voulais voir." Mais son projet n’a pu aboutir.

Pour ne pas rester sans rien faire et ayant découvert le programme d’études du Centre des métiers d’art (CMA) (lire aussi cet article, elle s’est inscrite dans cet établissement dont elle est sortie diplômée en 2020.

AU CMA "on touche à tout"

Hanaiti Mariassouce a suivi l’option gravure sur nacre, mais elle insiste : "On touche à tout pendant la formation, quelle que soit l’option choisie."

Elle a réalisé ses premières toiles là-bas, a travaillé la gravure sur plexiglass, participé à l’exposition "Rahui", à l’échange avec des artistes tongiens et elle a réalisé une tortue qui est toujours exposée à l’aéroport de Tahiti-Faa'a. "Avant de me mettre à peindre sur toile, je peignais sur différents supports : surf, rame, gourde…"

Elle est sortie "enrichie" de son cursus au CMA. En tant que Polynésien, "on n’est finalement pas au courant d’un grand nombre de choses qui finissent par nous paraître banales au centre, mais que l’on découvre en arrivant".

Elle sait par exemple aujourd’hui reconnaître l’origine d’un objet en fonction des lignes et des matériaux. Elle a eu des cours de tahitien, d’histoire de l’art polynésien.

À présent, Hanaiti Mariassouce aimerait embrasser une carrière d’artiste, obtenir sa carte, utiliser son savoir-faire pour vivre de son art, créer ses propres bijoux, travailler le bois, le corail, la pierre, la nacre. "J’aime tout", conclue-t-elle.




Pratique

Jusqu’au 30 avril à la Bibliothèque universitaire de 7h30 à 19 heures du lundi au vendredi. Le samedi de 8 heures à 16 heures. Entrée libre. Tous les mercredis, visites guidées commentées de 8h30 à 10h30. Sur inscription.

Jusqu’au 15 avril à Galerie Winkler à Papeete. Ouvert du lundi au vendredi de 9 heures à 12h30 et de 13h30 à 17 heures. Le samedi de 8h30 à midi. Entrée libre.

Contacts

Galerie Winkler : 40 42 81 77 / 49 908 177

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 12 Avril 2021 à 12:26 | Lu 2795 fois