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Guyane: émotion après la mort d'un chef indigène au Brésil


Cayenne, France | AFP | mercredi 30/07/2019 - Plus de 150 personnes se sont rassemblées mardi devant le consulat du Brésil à Cayenne (Guyane française) pour protester contre les pressions de l'orpaillage sur les peuples d'Amazonie, après la mort d'un chef indigène au Brésil, ont indiqué les organisateurs.

"Ce qui s'est passé au Brésil aurait pu se passer en Guyane. Nous sommes confrontés à une même réalité en Amazonie, celle de l'orpaillage", a affirmé à l'AFP le leader autochtone guyanais Christophe Yanuwana Pierre, après le rassemblement à Cayenne, territoire amazonien où vivent 13.000 Amérindiens.
Un chef indigène, Emyra Waiapi, a été tué vendredi lors de l'invasion par une cinquantaine de mineurs, des "garimpeiros", du village de Mariry, dans l'Etat d'Amapa (nord), situé à 200 kilomètres de la frontière avec la Guyane française.
"Toucher à nos frères du côté brésilien, c'est comme toucher à notre famille", a expliqué à l'AFP Claudette Labonté, co-organisatrice du rassemblement devant le consulat brésilien.
"On ne peut pas accepter la politique" du président brésilien Jair Bolsonaro "qui veut exploiter l'or même sur les terres autochtones", a-t-elle ajouté.
Le Parc amazonien de Guyane a apporté mardi son soutien, dans un communiqué, à "la communauté wayãpi de l’Amapa face à ces agressions violentes et destructrices".
"Il y a aussi déjà eu des accrochages très forts entre orpailleurs illégaux et des villageois de l'intérieur de la Guyane", a rappelé le secrétaire général de Guyane Ecologie, Michel Dubouillé.
Lundi, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Michelle Bachelet a condamné le meurtre du chef indigène, conséquence, selon elle, du développement de l'exploitation minière en Amazonie prônée par Jair Bolsonaro. Ce dernier a affirmé qu'il n'y avait pas "d'indices forts" prouvant qu'Emyra Waiapi, chef de la tribu des Waiapi, avait été assassiné par des orpailleurs.
Un rapport parlementaire de novembre 2015 relevait en Guyane "le sentiment d’impuissance et de dépossession des Amérindiens, provoqué par la libre circulation des orpailleurs, au nez et à la barbe des gendarmes souvent" et la présence de "garimpeiros (ouvriers de l'or, ndlr) assez violents" qui provoque "un sentiment d’insécurité (rapines et viols des jeunes filles)".
Le 17 juillet 2019, trois militaires français ont trouvé la mort "accidentellement" au cours d'une opération de destruction d'une galerie clandestine d'or dans une zone isolée du sud-ouest guyanais.
Un mois plus tôt, deux gendarmes et deux militaires avaient été blessés lors d'une patrouille contre l'orpaillage clandestin dans un autre secteur du sud-ouest guyanais.

le Mercredi 31 Juillet 2019 à 06:45 | Lu 395 fois