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Guyane : des milliers d'enfants non scolarisés


Cayenne, France | AFP | vendredi 13/09/2019 - En Guyane, des milliers d'enfants ne sont pas scolarisés à cause notamment du manque de classes et de contraintes administratives et socio-économiques, ont indiqué à l'AFP plusieurs membres de la communauté éducative.

Cette année, comme les années précédentes, des milliers de jeunes, de la maternelle au lycée, ne seront pas scolarisés en Guyane, déplore la communauté éducative, évoquant le manque de classes et d'internats, de professeurs, les barrières matérielles (coût du transport en pirogue, de la cantine), et accusant aussi des pratiques municipales entravant les inscriptions en maternelle et primaire (comme l'exigence d'un justificatif de domicile dans un territoire qui compte de nombreux habitats spontanés).
"Il y a des enfants de maternelle qui sont inscrits mais qui n'ont pas d'affectation faute de places, et il y a les non-inscrits à cause des mairies qui ne permettent pas l'inscription de tous les enfants", a regretté vendredi le réseau éducation sans frontières (RESF) auprès de l'AFP.
En 2018, le taux de non-scolarisation était de "13,7%" (soit 11.000 élèves), a expliqué à l'AFP le rectorat de Guyane.
Aïssatou Chambaud, présidente de la Fédération autonome des parents d'élèves et étudiants de Guyane, souligne des difficultés de scolarisation "au niveau de la maternelle" et "lors du passage de la 3e à la seconde, avec chaque année 800 élèves qui se retrouveraient sans affectation".
Dans ce territoire classé en zone d’éducation prioritaire renforcé (Rep+), les constructions scolaires ne parviennent pas à suivre la croissance démographique, cinq fois plus élevée que dans l'Hexagone.
Pour le Sgen CFDT-Cdtg, le "dédoublement des classes - même si il y a souvent deux enseignants dans la même classe" et l'obligation de scolariser "d'un coup" les 3-6 ans, avec l'obligation d'instruction dès 3 ans, aggravent les capacités d'accueil de ce territoire de 300.000 habitants et 84.000 élèves.
Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a d'ailleurs reconnu à la rentrée que "pour arriver à ce que tous les enfants de Mayotte et Guyane aillent à la maternelle dès 3 ans", il faudrait "deux ou trois rentrées" pour "y arriver pleinement".
"Les enfants appartenant à des groupes stigmatisés (Amérindiens, Bushinengé) ou étrangers ou perçus comme tels sont les plus exposés" à la non-scolarisation, "la priorité étant donnée aux autres enfants", déplorait déjà en avril 2019 la commission nationale consultative des droits de l'homme.
Après la grande crise sociale de 2017, l'État s'était engagé à augmenter les dotations des collectivités à 350-400 Millions d'euros d'ici 2027 pour les constructions scolaires.

le Lundi 16 Septembre 2019 à 05:30 | Lu 267 fois