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Fusillade à Besançon : les auteurs en fuite, polémique sécuritaire


Strasbourg, France | AFP | jeudi 26/12/2019 - Les auteurs de la fusillade à l'arme lourde qui a fait trois blessés mercredi dans un quartier sensible de Besançon étaient toujours en fuite jeudi, un incident qui a déclenché un concert de réactions chez les candidats aux municipales, à quelques mois du scrutin.

Les trois blessés -- deux hommes de 30 et 31 ans et un adolescent de 14 ans -- sont hors de danger jeudi mais restent hospitalisés, a indiqué à l'AFP la vice-procureure de la République de Besançon, Margaret Parietti.
Le pronostic vital de l'un des trentenaires, un temps entre la vie et la mort, "n'est plus engagé", a ajouté la magistrate. Il avait été touché de deux balles "au niveau du thorax", précise-t-elle dans un communiqué.
L'autre trentenaire, grièvement touché à une cuisse, a également été opéré, selon le communiqué.
Quant au troisième blessé, un adolescent de 14 ans atteint par un "fragment de balle" à la hanche, il a lui aussi été hospitalisée, selon la même source.
Les trois victimes seront entendus ultérieurement par les enquêteurs de la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Dijon, saisis du chef de tentative d'homicide, et qui n'ont pour l'heure procédé à aucune interpellation, a indiqué Mme Parietti.

- Balles perdues -

 
Dès jeudi soir et "dans les prochains jours", le quartier fera l'objet d'une "sécurisation renforcée" avec l'appui de CRS et contrôles accrus, indique la préfecture du Doubs dans un communiqué.
La fusillade survenue mercredi, jour de Noël, vers 19H30 à Planoise, a marqué un nouveau crescendo dans un quartier de 20.000 habitants, déjà miné par les trafics de drogues, notamment dures, et classé depuis octobre 2018 "Quartier de reconquête républicaine" (QRR).
Selon les premier éléments, les assaillants, cagoulés et qui circulaient à pied, étaient "deux ou trois", selon le communiqué du parquet.
Ils ont ouvert le feu en pleine rue sur un groupe, dans un secteur connu pour être un lieu de trafic de drogue.
"Environ vingt douilles de munitions d'armes automatiques de calibre 5,56" mm ont été retrouvées sur place, selon la même source.
Ce calibre est notamment utilisé pour les fusils d'assaut Famas de l'armée française.
Deux balles ont traversé le mur d'un appartement pour finir leur course dans une chambre d'enfants, sans toucher personne, a précisé Mme Parietti à l'AFP.
Cette attaque ressemble à une "prise de territoire" pour la "vente de stupéfiants", a précisé une source policière à l'AFP. Les deux adultes blessés ne sont en effet ni du quartier, ni de Besançon, ni du Doubs, selon une autre source policière.
Une grenade, découverte mercredi soir sous une voiture, s'est avérée "vide" et donc inoffensive, a expliqué Mme Parietti.
 

- "Non-droit"? -

 
Planoise est un quartier "sous surveillance particulière, où le trafic de stupéfiants est courant", comme les "tirs" en l'air qui peuvent survenir "de manière assez régulière", explique Margaret Parietti. Fin novembre, un homme de 22 ans avait été touché à quatre reprises par des tirs d'arme à feu dans ce même quartier lors d'un possible règlement de comptes.
La lutte contre les trafics est l'une des priorités affichées du parquet de Besançon. Entre janvier et novembre 2019, 224 procédures ont été engagées par la police dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants, précise la préfecture.
Mais, à quelques mois des municipales de mars 2020, cet énième incident à Planoise a suscité un début de polémique autour de la question sécuritaire, des candidats appelant à la "reconquête" d'un quartier "abandonné".
Candidat LREM, le député Eric Alauzet a appelé à "rétablir l'ordre républicain", proposant d'élargir les "missions" de la police municipale et d'armer les agents bisontins.
A la tête d'une liste regroupant EELV, PS et PCF, Anne Vignot a appelé à la "reconquête des territoires abandonnés depuis des années".
Du côté de LR, le candidat Ludovic Fagaut veut "restaurer l'autorité", tandis que le sénateur Jacques Grosperrin plaide pour un "couvre-feu".
Le quartier n'est pas "abandonné", a balayé dans L'Est Républicain le LREM Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon depuis 2001 et pas candidat à sa réélection. Planoise "n'est pas et ne deviendra pas une zone de non-droit", a-t-il insisté.

le Jeudi 26 Décembre 2019 à 14:25 | Lu 344 fois