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Flou artistique autour de l’intervention sur Rapa Nui

HANGA ROA, vendredi 20 août 2010 (Flash d'Océanie) – Les autorités chiliennes sont restées discrètes depuis le milieu de la semaine et une intervention de forces de l’ordre sur l’île de Pâques (Rapa Nui) afin de mettre fin à l’occupation de plusieurs bâtiments publics par des protestataires entendant faire entendre leurs doléances concernant des questions essentiellement foncières.


Flou artistique autour de l’intervention sur Rapa Nui
Ce groupe de protestataires entendait ainsi lutter contre ce qu’ils considèrent comme une occupation abusive de la part de l’État chilien sur cette île, annexée par Santiago en 1888 et dont le statut a depuis évolué vers celui de « territoire spécial ».
Depuis plusieurs semaines, ce groupe multiplie les interventions (y compris, par voie de lettre, lors de la dernière édition du sommet annuel des dirigeants du Forum des Îles du Pacifique à Port-Vila, Vanuatu) afin de sensibiliser l’opinion régionale et internationale au sujet d’une intention d’élargir leur autonomie, voire de faire sécession avec le Chili.
Les doléances des indigènes Rapa Nui incluent, outre la question de l’utilisation de terres qu’ils considèrent comme ancestrales, le volume d’immigration en provenance du Chili et les flux touristiques, émanant de la planète entière, pour venir admirer les fameux « Moai », ces statues géantes dont près de neuf cent exemplaires se trouvent sur l’île.

Pour un contrôle plus strict de l’immigration

Fin octobre 2009, les quelque quatre mille habitants de l’île de Pâques (Rapa Nui) se sont prononcés massivement en faveur de la mise en place d’un contrôle de l’immigration sur cette île chilienne, afin de mettre un terme à ce qu’ils considèrent comme une menace directe à l’emploi local, voire à leur culture polynésienne ancestrale.
Cette consultation a fait ressortir une majorité de plus de quatre vingt dix pour cent de votants approuvant l’instauration de mesures de contrôle à l’entrée sur ce territoire, y compris pour les ressortissants chiliens venus du continent sud-américain.
De nombreux ressortissants chiliens se sont en effet installés ces dernières années sur l’île, où ils exercent depuis des emplois en relation directe avec le secteur touristique, allant de chauffeur de taxi à employé dans l’hôtellerie ou la restauration.
Autre inquiétude de la part des Pascuans : le volume grandissant de touristes (estimé à plus d’une cinquantaine de milliers par an) principalement venus admirer les fameux Moai, statues de pierre qui ont fait la renommé mondiale de cette petite île polynésienne.
Quelques mois auparavant, mi-août 2009, les Pascuans n’avaient pas hésité à employer les grands moyens pour se faire entendre des autorités de Santiago : un groupe de manifestants avait ainsi envahi la piste du seul aéroport de l’île, bloquant ainsi les vols internationaux au départ et à l’arrivée.
À la suite de ce sit-in, deux jours durant, plusieurs centaines de personnes avaient vu leur vol à destination ou de retour de l’île, annulés, principalement à bord de la compagnie nationale LAN Chile.
Le gouvernement central du Chili, puissance de tutelle, avait finalement accepté d’engager des pourparlers avec une délégation, ce qui avait finalement permis de débloquer la situation.
Un responsable gouvernemental s’était ensuite rendu sur l’île afin de négocier et d’entendre les doléances de ce groupe.
Les manifestants, une vingtaine au total, ont notamment invoqué comme menaces grandissantes à leur culture polynésienne et à leur mode de vie le nombre croissant de touristes, mais aussi d’immigrants chiliens, sur l’île de Pâques.
Estimant que l’afflux de touristes, ces dernières années, avait aussi importé une recrudescence de la délinquance, ils ont aussi demandé la mise en place de quotas pour le nombre de visiteurs sur l’île, invoquant le fait que Rapa Nui héberge les monumentales statues Moai, classées depuis longtemps au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ces vingt dernières années, le gouvernement chilien a entrepris des efforts en vue de revaloriser la culture polynésienne Rapa, qui auparavant était considérée comme étant en grave danger de disparition.
Selon les statistiques les plus récentes, alors que la population de Rapa Nui était d’un peu moins de trois mille personnes il y a sept ans, elle frise désormais les quatre mille résidents.
La fréquentation touristique annuelle sur cette île est actuellement estimée à une cinquantaine de milliers de personnes.
Luz Zasso Paoa, maire de Hava Roa, a suggéré d’emblée, lors d’une interview à la radio nationale chilienne en août 2009, qu’un système de quotas et de limitation des arrivées pourrait s’inspirer de celui en vigueur sur les îles Galápagos, eu égard à son importance reconnue au plan de la biodiversité, afin d’éviter la surpopulation ou les dégâts à l’environnement.
« Ça fait plus de dix ans que nous demandons des contrôles aux frontières et que les recettes du tourisme soient mises en regard des dangers d’une surpopulation », a-t-il expliqué, mettant avant tout en cause non pas les touristes internationaux, mais avant tout les Chiliens.
« Eux, ils ne nous disent même pas bonjour quand ils viennent. Les étrangers, au moins, ils sont plus polis », avait-il lancé.

Rédigé par Flash d'Océanie - pad le Jeudi 19 Août 2010 à 14:36 | Lu 723 fois