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Fiona: la mère et son ex-compagnon s'affrontent mais n'avouent rien


Le Puy-en-Velay, France | AFP | vendredi 01/02/2018 - Elle l'attaque, il lui rend coup pour coup. Réunis pour la troisième fois dans le box des accusés, la mère de Fiona et son ex-compagnon ont repris leur affrontement cette semaine devant les assises de Haute-Loire, sans éclaircir la mort de la fillette.

Entamés lundi au Puy-en-Velay, où une première audience d'appel avait avorté à l'automne, les débats n'ont pas tardé à s'envenimer. "Elle me charge pour sauver sa peau", fulmine Berkane Makhlouf, 36 ans, quand Cécile Bourgeon, 30 ans, l'accuse une nouvelle fois d'avoir été violent envers elle et ses filles, évoquant notamment un "coup de genou" sur le thorax de Fiona.
Pour lui, "c'est une menteuse invétérée" qui s'exprime, "une comédienne de première classe". "Elle a dit qu'elle avait menti sur les coups de genou au premier procès! C'est du grand n'importe quoi!", lance-t-il, avant de dénoncer, à son tour, "deux sacrés coups de pompes et deux sacrées claques" que son ancienne partenaire aurait donnés à la petite Fiona, qui avait cinq ans à sa disparition en 2013.
En première instance, devant les assises du Puy-de-Dôme, Berkane Makhlouf avait écopé de 20 ans de réclusion pour avoir porté des coups fatals à l'enfant, sans intention de la tuer, contre cinq ans de prison pour Cécile Bourgeon, reconnue coupable d'avoir fait croire à un enlèvement mais acquittée des faits criminels.
Mais le procès n'avait pas permis de déterminer, loin de là, les circonstances du décès, les deux ex-toxicomanes se rejetant la faute ou avançant l'hypothèse d'un accident - Fiona aurait pu absorber des substances dans leur appartement. Son corps, qu'ils disent avoir enterré dans les alentours de Clermont-Ferrand, n'a jamais été retrouvé.
Cette nouvelle audience, prévue jusqu'au 9 février, n'a pas davantage permis, pour l'heure, de progresser.
 

- 'Manipulatrice' ? -

Mercredi, la mère de Fiona a fondu en larmes après le témoignage d'une autre ex-compagne de l'accusé, évoquant devant la cour sa "descente aux enfers" auprès de cet homme décrit comme "paranoïaque et "violent" depuis l'enfance.
Et Cécile Bourgeon de regretter de ne pas avoir eu ce "courage de pouvoir l'affronter et de ne plus avoir peur". "A l'époque, j'étais follement amoureuse. Je pensais le faire changer. J'ai mis très longtemps à me détacher de lui", dit-elle.
Difficile, cependant, de faire la part du jeu et de la sincérité chez cette jeune femme tour à tour fragile et cassante, jusqu'à brandir un doigt d'honneur en direction de Nicolas Chafoulais, le père de Fiona.
Son avocat, Me Renaud Portejoie, défend "un discours d'authenticité", confortant "ce qu'elle a toujours dit sur sa relation avec Berkane Makhlouf et le fait qu'elle n'a jamais donné un coup" à Fiona.
Une ancienne amie de Cécile Bourgeon, venue témoigner pour la première fois à la demande d'une partie civile, parle quant à elle d'une "femme-enfant" aussi "forte" qu'"influençable", d'une "manipulatrice". "C'est impossible qu'elle ait oublié où se trouve le corps de sa fille. Si elle peut le mettre dans un sac et mettre au point un stratagème comme celui-là, je ne sais pas de quoi d'autre elle est capable", juge-t-elle.
L'autre difficulté vient du fil sur lequel les deux accusés continuent de marcher, incapables l'un comme l'autre, semble-t-il, de s'envoyer au tapis - les coups dont ils s'accusent sont toujours antérieurs au drame. Le "pacte de non-agression" qui avait lié leur parole en première instance se fissure parfois sans jamais rompre, quitte à ce que leurs avocats interviennent pour colmater les brèches.
"Mme Bourgeon a tendance à très vite recoller aux propos de M. Makhlouf", estime l'avocate d'une association de protection de l'enfance, Me Marie Grimaud. "Leur parole est pour l'heure verrouillée et la vérité bien compliquée à aller chercher. Il va falloir les mettre devant leurs contradictions."  
Les débats reviendront en seconde semaine sur les faits, avec l'audition lundi de deux autres nouveaux témoins, policiers. Avant le verdict attendu le 9 février.

le Vendredi 2 Février 2018 à 04:14 | Lu 188 fois