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Fin de vie: sortir du "décalage" entre curatif et palliatif, selon le Pr Sicard


Fin de vie: sortir du "décalage" entre curatif et palliatif, selon le Pr Sicard
PARIS, 22 déc 2012 (AFP) - Le professeur Didier Sicard, auteur d'un rapport sur la fin de vie remis au gouvernement, a dénoncé samedi la "cassure" française entre médecine curative et médecine palliative, estimant qu'il fallait remettre "la parole des malades" au premier plan.

"Quand le président m'a demandé cette mission, l'objectif était d'aller au devant des citoyens (...). On a été très frappé de leur angoisse à la fin de leur vie, de souffrir, d'être abandonné et d'être dans les mains de la médecine au moment où il n'y a plus d'espoir", a déclaré le Pr Sicard sur France Culture.

"Ils exprimaient ce décalage qu'il y avait dans la société entre une médecine toute puissante et le moment où la médecine devient impuissante et c'est l'abandon: cette cassure entre la médecine curative, du cancer, de la chirurgie de haute voltige, des robots, pour lesquels il n'y a jamais assez de ressources, et une médecine palliative", a-t-il ajouté.

Le Pr Sicard a rappelé que la majorité des personnes âgées mouraient à l'hôpital dans une "indifférence extraordinairement bouleversante de la médecine de fin de vie".

"Ce n'est pas parce que la médecine n'a plus rien à faire qu'elle ne doit pas nous donner des moyens d'exister", a-t-il déploré, regrettant que la formation médicale dans ce domaine soit "quasi inexistante" en France.

Il a opposé la situation de la France à celle des soins palliatifs dans nombre de pays européens et certains pays anglophones, notamment en Angleterre où un projet palliatif est mis en place "dès le premier jour où l'on découvre un cancer même s'il va guérir".

"La parole du malade doit être remise au premier plan. Au moment où il sait très bien qu'il n'y a plus rien à faire, il a envie que sa parole soit entendue", a-t-il poursuivi.

Il a estimé nécessaire "un travail pédagogique" avant de se lancer dans "des lois qui dans ce domaine ne pourront jamais enfermer le réel".

"S'il y a une loi sur l'assistance au suicide, il faut que l'Etat s'engage à donner les conditions de cette assistance au suicide, en toute transparence, et que la société considère que c'est son devoir d'aider ces personnes", a-t-il expliqué.

"Il ne faut surtout pas arriver à déléguer un travail qui pourrait apparaître comme transgressif à des associations quelles qu'elles soient. Car toute association a pour vocation naturelle d'élargir son champ", a-t-il noté.

Interrogé sur la déshumanisation de l'hôpital public, il a déploré qu'on soit passé "d'une culture triviale du malade qui coûte au malade qui rapporte" et dénoncé une "pression économique qui ne laisse plus de place à ceux qui arriveront en fin de vie, réduisant l'hôpital à des actes qui sont évaluables alors qu'une parole, un sourire, une écoute sont très difficilement évaluables".

Rédigé par AFP le Samedi 22 Décembre 2012 à 07:12 | Lu 507 fois