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Fidji commémore le 135ème anniversaire de l’arrivée des premiers travailleurs Indiens


SUVA, jeudi 15 mai 2014 (Flash d’Océanie) – L’archipel des îles Fidji a lancé cette semaine un cycle de cérémonies censées commémore le 135ème anniversaire de l’arrivée des premiers travailleurs indiens, engagés sous contrat par la puissance coloniale de l’époque pour ces deux pays : le Royaume-Uni.

Le premier vaisseau à acheminer ces travailleurs engagés sous contrat, le Léonidas, a touché les côtes fidjiennes le 14 mai 1879.
À son bord : 479 travailleurs indiens, issus des castes les plus modestes, et que l’empire britannique destinait à la culture de la canne à sucre, devenue au cours du vingtième siècle un pilier de l’économie locale.

Après le Léonidas et jusqu’à la fin 1919, 82 autres bateaux ont acheminé un total d’environ 60.000 Indiens (localement connus alors sous le nom de « Girmitiyas » (travailleurs engagés).

Au fil des ans, cette communauté, ensuite suivie d’une seconde vague d’immigration volontaire d’une caste commerçante d’Indiens, originaires pour la plupart de l’État actuel du Gujarat, a acquis une place significative au sein de la structure démographique de l’archipel.
Les tensions liées à cette croissance, entre les Indo-fidjiens et les Fidjiens indigènes, ont émaillé l’histoire récente de Fidji, avec parmi les quatre coups d’État postindépendance de Fidji (dont le plus récent en décembre 2006), certains revendiquant ouvertement une suprématie indigène, notamment dans les domaines politique, économique et foncier.
Le 14 mai 1987, lors du premier putsch de l’histoire fidjienne, un jeune colonel, Sitiveni Rabuka, renversait un gouvernement composé pour la première fois en majorité d’Indo-fidjiens.
Le 19 mai 2000, un autre putsch, cette fois-ci mené par un civil, George Speight, renversait le gouvernement du premier chef de gouvernement d’origine indienne, Mahendra Chaudhry, un an jour pour jour après son accession au pouvoir lors des législatives de 1999.

À la fin des années 1990, des milliers de baux fonciers détenus par des métayers indo-fidjiens n’ont pas été renouvelés.
Au cours des quinze dernières années, à Fidji, la proportion de la population d’origine indienne, par effet de migration vers l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la côte Ouest des États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, est progressivement passée de plus de 45 pour cent à moins de 35 pour cent, privant au passage ce pays d’un contingent de main d’œuvre qualifiée et éduquée.
Depuis le dernier putsch à Fidji, mené par Franck Bainimarama (alors Contre-amiral et commandant en chef des forces armées), ce dernier, qui dirige depuis le gouvernement et annonce des élections pour le 17 septembre 2014, affiche une volonté de faire table rase des politiquées passées de discrimination institutionnalisée.

Pour ce faire, il a fait promulguer une Constitution, en septembre 2013, qui affirme la notion d’ « une personne, une vois » et supprime la notion de sièges réservés au sein du Parlement, en la divisant en sièges « indigènes », « indo-fidjiens », le reste étant « ouverts ».
Au plan du « vivre ensemble », le bilan de cette période institutionnelle demeure plus que mitigé, les deux principales communautés de l’archipel n’ayant toujours que très peu d’interactions, notamment par voie de mariages.
Cette semaine, dans l’archipel, les cérémonies de commémorations de cette arrivée des premiers Indiens se succèdent, avec notamment au programme le lancement d’une chanson-hommage à ces travailleurs acheminés dans le cadre d’un système qui, à l’époque, tentait de trouver un nouveau modus operandi juridique sur fond d’abolition de l’esclavage.
Des expositions montrant le mode de vie spartiate (ustensiles, photographies, témoignages écrits, scènes de travail) de ces travailleurs ont également lieu, notamment au Muséum de Fidji à Suva.

Ces cérémonies, c’est un mélange de joie, mais aussi de tristesse. C’est une époque qui représente un travail très dur, des sacrifices et un long combats pour leurs droits », a expliqué à la télévision nationale Prakashni Sharma, du Fiji Muséum et elle-même descendante de ces travailleurs Indiens.
« Ce que nous sommes aujourd’hui, c’est à eux que nous le devons. C’est triste, vous savez, de se rendre compte que ces gens ont quitté leur famille et qu’on leur avait dit qu’ils partaient travailler pour une semaine ou deux, pas très loin. Ils ne se doutaient pas qu’ils partaient pour si longtemps et qu’ils ne reverraient jamais leur famille », a-t-elle confié.

pad

Rédigé par PAD le Jeudi 15 Mai 2014 à 06:26 | Lu 270 fois