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Félix Tokoragi n'est pas contre la plateforme avec le Tavini pour 2023


Tahiti, le 20 juin 2022 – Le premier vice-président du A Here ia Porinetia, Félix Tokoragi, ouvre clairement la voie à des discussions avec le Tavini Huiraatira en vue d'une plateforme commune, demandée par le parti indépendantiste, pour les territoriales de 2023.
 
Premier vice-président du A Here ia Porinetia, Félix Tokoragi est loin d'être opposé à une plateforme commune avec le Tavini Huiraatira en vue des prochaines élections territoriales. En l'absence de sa présidente, Nicole Sanquer, actuellement à Paris pour sa passation de mandat de députée, le maire de Makemo et élu non-inscrit à Tarahoi a livré une longue interview en Facebook live à Tahiti Infos pour expliquer son positionnement lors du second tour des législatives et évoquer la suite de l'agenda électoral.
 
“Clairement, il y a eu débat dans le groupe A Here ia Porinetia qui a appelé à la liberté de choisir”, explique le numéro deux du nouveau parti vert et blanc. “Je n'y étais pas favorable”, prévient d'emblée Félix Tokoragi, qui confirme avoir appelé à voter pour le candidat du Tavini, Tematai Le Gayic, sur sa première circonscription. “J'ai parlé de limitation de mandats, de renouvellement de la classe politique, de mettre de nouvelles têtes… Et aujourd'hui, l'opportunité m'a été donnée de concrétiser ce que j'ai prôné pendant plusieurs mois devant la population”, explique l'élu qui insiste sur le fait qu'il n'a rien négocié avec le parti indépendantiste. Félix Tokoragi a bien rencontré le leader du Tavini, Oscar Temaru, entre les deux tours du scrutin. Mais il affirme lui avoir apporté un soutien sans conditions. “Je suis arrivé de Makemo le 9 juin. Il a demandé à me rencontrer”, raconte le tāvana. “La question fatale, le summum, il me demande : 'Qu'est-ce que tu veux en échange ?' Claire, nette et précise, ma réponse a été : rien. Aucun compromis. Il a attrapé ma main trois fois en me disant merci, parce que d'autres élus avaient demandé une place pour les prochaines élections.”
 
“Dégagisme”
 
Pour Félix Tokoragi, le vote de ce week-end s'explique par une sanction claire contre la politique menée par le Tapura. “Depuis Makemo, j'ai vu que la population a eu un souhait de dégagisme envers nos élus de la majorité.” Obligation vaccinale non imposée aux élus, TVA sociale… L'élu énumère les fautes selon lui commises par le parti d'Édouard Fritch ces derniers mois. Et surtout, il balaie l'idée selon laquelle l'élection de ces trois députés indépendantistes signifie que les électeurs aient voulu voter en faveur de la souveraineté de la Polynésie française. “La population ne s'est pas prononcée pour l'indépendance ou l'autonomie, c'est un faux débat”, tonne l'élu A Here ia Porinetia.
 
Surtout, Félix Tokoragi ouvre désormais clairement la voie à un rapprochement avec le Tavini avant le premier tour des élections territoriales de 2023. Après sa victoire ce week-end, le parti indépendantiste a en effet immédiatement vanté l'intérêt d'une “plateforme” commune et ouvert sa porte à des discussions les plus larges possibles en vue de 2023. Le député Moetai Brotherson décrivant la possibilité d'un “gouvernement avec des gens compétents, peu importe leurs couleurs” et préconisant l'élaboration d'une “plateforme d'abord sur les idées, sur un programme”. Pour le numéro deux du A Here, la répartition du second tour des législatives à 57% pour les candidats Tavini et 43% pour ceux du Tapura est un “message fort” de la population. “La discussion, elle est claire. La population appelle ses responsables à s'unir, se fédérer, si on veut réellement battre le Tapura Huiraatira.” Pas question pour autant de se mouiller davantage. “A l'heure où je te parle, notre présidente est actuellement à Paris et reviendra au cours de cette semaine et la discussion s'ouvrira au sein du A Here ia Porinetia et chez nos sympathisants. Mais réellement, ce qui est demandé par la population, pas par les formations, c'est : trouvez un moyen de vous entendre”, estime le maire de Makemo.
 
Quant à la question de l'indépendance ? “Je pense qu'aujourd'hui, c'est un sujet qui ne doit pas faire peur aux gens”, défend Félix Tokoragi. “Nous souhaitons procéder à des discussions sur un processus de pleine souveraineté, ça ne veut pas dire que demain on est souverain. Mais on souhaite discuter.” Affaire à suivre. Avec attention.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Mardi 21 Juin 2022 à 09:21 | Lu 1081 fois