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Faux : Coco Taputuarai conteste la lourdeur de sa peine en appel


Tahiti, le 17 septembre 2020 - ​L’ancien maître d’ouvrage délégué de la ferme aquacole de Hao, Coco Taputuarai, a comparu jeudi matin devant la cour d’appel de Papeete devant laquelle il a contesté la lourdeur de la peine de trois ans avec sursis à laquelle il avait été condamné pour "faux" et "usage de faux", le 25 février dernier. La cour rendra sa décision le 15 octobre.
 
Les faits s’étaient déroulés alors que Coco Group Engineering, la société de Coco Taputuarai, avait été chargée par la société Tahiti Nui Ocean Foods (TNOF), filière de la compagnie chinoise Tian Rui International, de travailler sur l’étude de faisabilité et le dépôt des permis de construire de la ferme aquacole de Hao. Ce premier marché avait été initialement conclu pour 100 millions de Fcfp, puis passé à 176 millions de Fcfp à la suite de dépenses supplémentaires invoquées par Coco Taputuarai. 
 
Fin 2016, l’architecte employé par la société Coco Group Engineering avait porté plainte en dénonçant la falsification de 16 plans opérée par Coco Taputuarai à l’aide d’un faux tampon. Il avait également expliqué aux enquêteurs qu’à défaut d’être payé, il avait, quelques mois plus tôt, cessé sa collaboration avec Coco Group Engineering. C’est suite à cette rupture que Coco Taputuarai avait commis ces faux. Egalement entendu par les enquêteurs à l’époque de ce dépôt de plainte, le comptable de Coco Group Engineering avait déclaré : “Quand Coco Taputuarai a signé ce contrat avec la société chinoise, il est devenu plus gourmand. Il voulait couillonner les Chinois et obtenir plus d’argent.”
 

Sommes "exorbitantes"

Condamné par le tribunal correctionnel le 25 février dernier à trois ans de prison avec sursis pour "faux" et "usage de faux", à l’exclusion définitive des marchés publics ainsi qu'à indemniser TNOF à hauteur de 50 millions de Fcfp, Coco Taputuarai avait fait appel de sa condamnation. L’audience s’est donc tenue devant la cour d’appel de Papeete jeudi matin en présence de l’intéressé. À la barre, ce dernier a indiqué qu’il ne "contestait" pas les faits de "faux" et d’"usage de faux" qui lui étaient reprochés, mais qu’il ne reconnaissait pas "tout le reste". Ce à quoi la présidente de la cour lui a répondu qu’il était seulement poursuivi pour avoir falsifié les plans. "On ne vous reproche que ça ! Alors, c’est quoi, tout le reste ?" , a-t-elle ainsi demandé à Coco Taputuarai qui n’a pas répondu. 
 
Tel que l’a rappelé l’avocat de la société Tahiti Nui Ocean Foods (TNOF), Me Jourdainne, lors de sa plaidoirie, cette dernière avait dépensé des sommes "exorbitantes" lorsqu’il avait fallu faire refaire ces permis et "confier la mission à une autre société". De son côté, l’avocat général a requis la confirmation de la peine prononcée en première instance en rappelant que Coco Taputuarai avait "clairement" reconnu les faits à la barre. Le représentant du ministère public a ensuite justifié la "lourdeur" de cette peine par la teneur du projet de la ferme aquacole de Hao, un "chantier conséquent et difficilement accepté par la population polynésienne"
 
Pour la défense de Coco Taputuarai, Me Usang a souligné le fait que son client de 75 ans n’avait jamais été condamné auparavant et qu’il avait été "choisi" pour ce projet en raison de son "expérience de constructeur". "C’est un chef d’entreprise respecté et respectable, je ne comprends donc pas pourquoi il a été condamné à la peine maximale." Estimant que les faits reprochés n’étaient pas "caractérisés", l’avocat a requis la relaxe de son client. La cour d’appel rendra sa décision le 15 octobre. 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 17 Septembre 2020 à 14:40 | Lu 2894 fois