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Faut-il rendre l'école obligatoire à 3 ans ?


PAPEETe, le 31 janvier 2017. Le Conseil économique, social et culturel a dressé une liste de recommandations ce mardi après avoir examiné le texte de la charte de l'éducation. Ses membres recommandent d'impliquer davantage les parents et les grands-parents à l'école et « s’interrogent » sur le fait « d’avancer à 3 ans » l’obligation scolaire.

L'assemblée avait adopté en juillet dernier la délibération mettant en place la nouvelle charte de l'éducation. Mais le véhicule juridique n'étant pas le bon, les représentants devront examiner de nouveau bientôt le texte à travers une loi du Pays. C'est donc ce projet de loi du Pays qu'ont étudié ce mardi les membres du conseil, économique, social et culturel.

Absentéisme
L'absentéisme et le décrochage scolaire sont au cœur des inquiétudes du ministère de l'Education. C'est "un phénomène récurrent et problématique", souligne le président du Pays, Edouard Fritch dans l'exposé des motifs du texte. Le ministère de l'Education fait état d’une perte de près de 1 000 élèves chaque année, dont plus de la moitié en collège, soit pour une population scolaire dans le second degré de 23 000 élèves, un ratio de 4 % d’élèves décrocheurs.
Pour lutter contre l’absentéisme, le CESC "encourage le Pays à développer une véritable politique d’accompagnement des familles et plus particulièrement des parents qui doivent signaler les absences de leurs enfants quand ils en ont connaissance au risque de perdre les allocations familiales".
Le CESC a aussi insisté sur le rôle des chefs d’établissement « qui doivent être tenus de prévenir, sans délai les parents de l’absence de leur enfant ».


L’école obligatoire à 3 ans ?
En métropole, l’école est obligatoire à partir de 6 ans. Depuis 1996, la scolarité est obligatoire pour tous les enfants âgés de 5 à 16 an au fenuas. Le CESC « s’interroge » sur le fait « d’avancer à 3 ans » l’obligation scolaire « dans la mesure où 99%des enfants vont à l’école à cet âge ». « Le CESC soutient la mise en place d’un politique visant à inciter les parents à scolariser leurs enfants dès l’âge de 2 ans sous réserve de la création de classes de STP et de structures supplémentaires dotées de tous moyens correspondants", souligne le CESC. "Les spécialistes de la petite enfance ont mis en relief la grande importance de la période de 0 à 6ans. Les événements et le contexte de cette période peuvent avoir des impacts à long terme, entre autres, sur le développement de la personnalité d’un enfant et sur la suite de ses apprentissages. "

Valoriser CJA et Cetad
Les CJA sont des structures scolaires spécifiques à la Polynésie française. Ils ont été créés pour accueillir les élèves en difficultés scolaires, âgés d’au moins 13 ans. Le CESC "recommande que les filières professionnelles des CJA et des Cetad soient mieux valorisées, au travers d’une meilleure communication des formations disponibles, notamment à l’égard des élèves en difficultés scolaires, afin de leur permettre de rester dans leur commune ou leur île de résidence ".

Une place pour la famille
Le CESC souhaite qu’un « partenariat de qualité » soit mis en place « avec les parents et familles ». Le CESC envisage même l’implication de la famille au sens large. « Compte tenu des contextes familiaux particuliers et spécifique à la Polynésie, le CESC suggère que ce travail de partenariat et de maillage avec les familles s’ouvre également aux plus anciens comme les grands-parents, qui souvent assument la responsabilité et de la charge de l’enfant, à la place des parents (…) Ayant davantage de temps libre et étant moins stressés, leur participation peut être bénéfique, à la réussite de l’élève d’un point de vue affectif et éducatif, sans pour autant se substituer aux parents ».

Dans l'annexe à la politique éducative de la Polynésie française, le ministère de l'Education fait un bilan du système éducatif : "Le programme international pour le suivi des acquis des élèves a révélé des résultats du système éducatif français préoccupants parce qu’ils mettent en évidence, sur les dix dernières années, un accroissement des écarts de niveau entre les élèves." "La Polynésie française n’échappe pas à ce phénomène, mais dans disproportions plus importantes, particulièrement en 2014. Si les résultats des élèves dans le groupe de têt progressent de manière insatisfaisante, les élèves en difficulté sont, en revanche, nettement plus nombreux qu’en 2012", met en avant le document.

En chiffres

- Le nombre d’élèves dans l’enseignement public est passé de 30 958 en 2012 à 29 840 élèves soit une diminution de 1 118 élèves (-3,6%). Dans le privé, le nombre d’élèves est passé de 8 724 à 8 304.

- Entre 38 et 42% de jeunes sont en situation d’illettrisme en Polynésie française selon le test élaboré par l’Education nationale réalisé lors des Journées défense et citoyenneté.

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 31 Janvier 2017 à 15:42 | Lu 3225 fois