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Fare ihi no Huahine danse la légende de Hotu Hiva


Trois grands tableaux, quatre costumes et un minimum de coupures pendant le spectacle : le challenge est de taille.
Trois grands tableaux, quatre costumes et un minimum de coupures pendant le spectacle : le challenge est de taille.
PAPEETE, le 6 juillet 2018 - Fare Ihi no Huahine se présente pour la quatrième année au Heiva i Tahiti, en catégorie amateur. Cette année, la troupe interprétera la légende de Hotu Hiva pour rendre hommage à Wilson Mahuta, leur meneur décédé en janvier 2018.

La centaine d'artistes de la troupe de danse Fare Ihi no Huahine foulera samedi les planches de To'atā avec deux objectifs : remporter le premier prix de la catégorie hura ava tau, mais surtout rendre hommage à Wilson Mahuta, leur meneur, décédé en janvier dernier. "Quand Wilson Mahuta, notre mentor, est décédé, sa famille ainsi que les danseurs et danseuses ont voulu lui rendre hommage en remontant, cette année, sur les planches de To'atā."

La troupe a commencé la préparation de leur spectacle la semaine qui a suivi l'enterrement de Wilson. "Au mois de janvier, nous avons décidé de participer au Heiva. Ça a été le rush pour trouver la légende, ensuite pour poser les percussions pour que les chorégraphes puissent travailler et démarrer les répétitions en attendant de faire le reste. Tout a été fait dans rush, on a bouclé 90 % de notre spectacle à la mi-mai."

Cette année, la troupe a décidé d'interpréter une légende de Huahine, celle de Hotu Hiva. "Nous sommes contents de faire ça. Ça nous permet de promouvoir et de faire connaître notre île." Armandine Manarii, l'auteur, a choisi cette légende parce qu'elle parle de Huahine, mais surtout parce que le tambour est au centre de l'histoire. "Ce qui m'a interpellée dans cette légende, c'est l'importance du tambour. Wilson était un percussionniste hors pair. Cette légende était une opportunité de parler de notre île et d'un instrument cher à Wilson, le pahu. Ça collait bien avec l'hommage que nous voulions lui rendre."

La version qui a été choisie par la troupe a été travaillée avec les anciens de Huahine et les référents culturels de l'île. "Nous avons travaillé notre version de la légende avec les anciens. Le travail des mots a été minutieux. Ils tenaient à ce qu'on utilise les mots de la légende sans les édulcorer. C'est l'histoire d'une jeune femme, Hotu Hiva, qui a grandi sur l’île de Hawaiki, l’ancien nom de Raiatea. Hotu Hiva était la fille de Tū Tapuari’i, un des chefs des îles sous le vent."

LA LÉGENDE

Cette jeune princesse avait, depuis sa tendre enfance, pour compagnon de jeux un garçon de son âge nommée Teaonuimaruia. Il n'est issu d'aucune lignée royale, c'est un homme du peuple. Au fil des ans, les jeunes amis tombent amoureux, mais les règles ancestrales et les moeurs de l'époque interdisent leur relation.

Tū Tapuari’i décide alors d'emmener sa fille avec lui à Raiatea. Mais une fois sur l’île, Hotu Hiva dépérit et tombe malade. Les tahu'a se succèdent à son chevet pour tenter de la guérir. Le père sait pertinemment que sa fille perd la vie petit à petit.

Son père va donc enfreindre les règles pour sauver sa fille. Il va construire un pahu, pour la cacher à l'intérieur et la ramener à Huahine. Le problème, c'est que quand la princesse arrive à Huahine, porté par la mer et le vent, elle s'échoue à Maeva. Et quand il la voit, le chef la veut pour lui. Face à son refus, il la maltraite. Teaonuimaruiava apprend qu'elle est arrivée à Huahine et va combattre le chef de Maeva pour libérer sa bien-aimée.

L'eau et le tambour sont essentiels à l'histoire. La chorégraphe s'est donc attachée à les transposer aux mouvements des danseurs. Les ondulations et les mouvements souples sont très présents, tout au long du spectacle. Il y aussi le combat au moment de l'affrontement entre Teaonuimaruiava et le chef de Maeva. "Dans notre pā'ō'ā hivināu, nous allons aussi intégrer une scène érotique", ajoute Armandine.

UN DÉFI À RELEVER

La troupe Fare Ihi no Huahine s'est aussi donné un défi à relever : "Nous présentons trois grands tableaux. Là où nous ferons la différence, c'est que, cette année, nous n'aurons pas de 'ōrero dans notre spectacle. Les coupures entre les tableaux se feront grâce aux petites prestations obligatoires comme l'orchestre patrimoine, l'orchestre création, meilleur danseur, meilleure danseuse...".

La compositrice du thème ajoute : "C'est un peu prétentieux, mais on aimerait faire un filage du début jusqu'à la fin, sans coupure. Le spectacle va durer 50 minutes. Ça va être beaucoup de danse, beaucoup de prestations, moins de 'ōrero. Les acteurs n'auront pas droit à la parole. Les danseurs et danseuses apporteront le support visuel et, voir, peut-être, ce côté affectif du spectacle. Ils vont venir supporter le spectacle et faire comprendre au spectateur ce qu'il se passe. Le ra'atira ne parlera pas. Il y aura juste le 'ōrero d'entrée. C'est du jamais vu. Nous avons une boule au ventre, mais c'est un challenge."

Trois grands tableaux, quatre costumes et un minimum de coupures pendant le spectacle : le challenge est de taille.

Pour ce qui est du décor, le tambour et les pierres de Huahine auront des rôles importants. "Tous les enfants de Wilson sont dans le spectacle. Toute sa famille gravite autour de l'organisation. C'est incroyable cet élan de solidarité. Si on arrive à gagner, ce serait le meilleur hommage que nous pourrions rendre à Wilson", conclut Armandine en regardant les artistes répéter.


Armandine Manarii, l'auteur, a choisi cette légende parce qu'elle parle de Huahine, mais surtout parce que le tambour est au centre de l'histoire.
Armandine Manarii, l'auteur, a choisi cette légende parce qu'elle parle de Huahine, mais surtout parce que le tambour est au centre de l'histoire.

Cette année, la troupe a décidé d'interpréter une légende de Huahine, celle de Hotu Hiva.
Cette année, la troupe a décidé d'interpréter une légende de Huahine, celle de Hotu Hiva.

Rédigé par Marie-Caroline Carrère le Vendredi 6 Juillet 2018 à 11:56 | Lu 251 fois