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Face au risque "élevé" de grippe aviaire, les éleveurs français sur le qui-vive


Après la découverte d'un nouveau virus de grippe aviaire dans des pays européens voisins, la France prend toutes les précautions pour protéger ses producteurs de volailles, à l'approche des fêtes de fin d'année, et notamment sa filière foie gras, tout juste remise d'une grave crise.
Le risque de grippe aviaire a été réévalué de "négligeable" à "élevé" dans certaines régions de France, après la découverte en Suisse et en Allemagne notamment de cas d'influenza aviaire "hautement pathogène", liée au virus de souche H5N8, selon un arrêté publié jeudi au Journal officiel.
La crainte des autorités françaises? Que des oiseaux sauvages migrateurs, porteurs du virus, ne l'importent dans les estuaires du littoral et autres côtes et lacs où ils font halte. D'où des mesures de confinement pour les élevages de volailles situées dans des zones humides, notamment au niveau de leur nourriture et abreuvoirs.
Comme chaque année, le péril économique est d'autant plus redouté que les grandes migrations battent leur plein juste avant les fêtes, période cruciale pour les éleveurs de volailles de prestige et autres producteurs de foie gras.
Ces derniers sortent à peine d'un grand traumatisme : fin novembre 2015, la réapparition, pour la première fois depuis 2007 d'un cas de H5N1, autre souche du virus de la grippe aviaire, dans un élevage de Dordogne, avait sonné le glas de tous les canards du Sud-Ouest.
Obligés d'abattre leurs animaux et d'interrompre leur activité pendant plusieurs semaines, les industriels et les éleveurs ont dû faire l'impasse sur un quart de leur production en 2016 et subi 270 millions d'euros de pertes, pour un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros.
Les autorités françaises souhaitent à tout prix éviter une nouvelle crise de même envergure, via des mesures préventives.
"Le relèvement du niveau de risque vise surtout à alerter l'ensemble des acteurs, de manière à ce que l'ensemble des mesures de précaution puissent être prises", a expliqué à l'AFP le ministère de l'Agriculture.
Cet épisode intervient deux mois à peine après la fin du confinement des oies et des canards, qui avait permis à la filière du foie gras de reprendre le cours normal de ses activités.
 

- Il y aura du foie gras à Noël -

 
Les éleveurs "sont à fleur de peau", reconnaît Christophe Barrailh, président du Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras). 
Mais il veut rassurer les consommateurs: "Le foie gras sera au rendez-vous de la saison festive."
"Le foie gras qui va être proposé aux consommateurs français est déjà transformé" et ces "mesures de vigilance ne remettent absolument pas en cause le fonctionnement de la filière.
La véritable crainte des producteurs : ne pas pouvoir reprendre l'exportation vers les pays tiers (c'est-à-dire situés en dehors de l'UE) à partir de décembre, comme ils l'espéraient initialement. 
La France a en effet perdu son statut de pays "indemne" vis-à-vis de la grippe aviaire, qu'elle est censée retrouver dans un délai de trois mois après la fin des opérations de nettoyage et de désinfection des derniers foyers. L'apparition d'un seul nouveau cas d'infection la ramènerait à la case départ.
Du fait des dernières mesures sanitaires, les prix du foie gras vont augmenter cette année de 40 centimes d'euros maximum par tranche de 40 grammes, ont prévenu les professionnels. Mais M. Barrailh assure qu'il n'y aura pas de nouveau renchérissement en raison des mesures de vigilance accrue.
"On est prêts, on a l'habitude", estime pour sa part Christian Marinov, directeur de la conféderation française de l'aviculture (CFA, branche de la FNSEA) : "Tous les deux ans, à peu près, on a une poussée de fièvre."
Il se dit vigilant, mais serein, notamment avec la remise en route du plan de surveillance de la faune sauvage.
Aucun cas de transmission à l'homme du H5N8, ce nouveau virus apparu pour la première fois fin juin dans le sud de la Sibérie, n'a été signalé par la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), mais le séquençage de cette souche est toujours en cours, pour déterminer si elle est ou non transmissible à l'homme.

avec AFP

Rédigé par RB le Jeudi 17 Novembre 2016 à 05:52 | Lu 162 fois