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Européennes: le marathon des têtes de liste s'achève au sprint


Paris, France | AFP | jeudi 23/05/2019 - Précipitées dans une ultime course-poursuite rythmée de débats et meetings, les têtes de liste aux élections européennes ont martelé jeudi à la Maison de la Radio leurs messages essentiels, en espérant mobiliser leurs sympathisants et troubler le match entre majorité et Rassemblement national.

Ils ne se quittent plus! Quelques heures après avoir ferraillé sur France 2 et avant de se retrouver sur le plateau de BFMTV jeudi soir, 14 chefs de file pour le scrutin de dimanche se sont succédé pendant quatre heures sur Franceinfo, d'abord interrogés par des représentants de think tanks européens, puis pour une interview radio et enfin télévisée.
Après plusieurs mois de campagne, les discours sont aussi rodés que les traits tirés. "On sera content d'arriver le 26 mai, avec un beau résultat", glisse François-Xavier Bellamy (LR), tout juste de retour d'une réunion publique à Nîmes, décrivant "une aventure parfois rude".
Dans les coursives, les candidats se croisent, papotent autour d'un café, oscillant entre sourires courtois, indifférence et, parfois, une forme de fraternisation.
"On est comme une petite troupe", s'amuse Raphaël Glucksmann (Place Publique/PS), qui a échangé cordialement avec Manon Aubry (La France insoumise) avant d'entamer le carrousel des entretiens.
Opposés la veille en débat, Jean-Christophe Lagarde (UDI) et Benoît Hamon (Génération) se chambrent gentiment.
Arrivé avec plusieurs heures d'avance, le chanteur Francis Lalanne (Alliance jaune) se repose dans une loge, sans se départir de son gilet jaune. Plus alerte, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) propose de revenir à l'antenne de la radio "jusqu'à vendredi 22h00" pour dérouler son argumentaire.
Car chacun est rattrapé par l'imminence de l'élection. Au coude-à-coude en tête des sondages, Jordan Bardella (RN) et Nathalie Loiseau (LREM-MoDem) ont rappelé leurs divergences et martelé les éléments clés de leurs programmes. 
"La politique, c'est l'art de la répétition, mais c'est souvent parce que les questions sont les mêmes", soupire Jordan Bardella qui préfère "le terrain" pour "diversifier le discours".
Mme Loiseau se dit, elle, "convaincue que tout va se jouer dans les dernières heures". "On a une réserve de voix", assure-t-elle. 

- Combat de catch -

Mercredi soir, l'ancienne ministre a passé un coup de fil à ses "amis" du VVD néerlandais et des "Lib-dem" britanniques, qui inauguraient jeudi le scrutin en étant opposés à des formations eurosceptiques. "C'est l'illustration que ce que nous avons vu et vécu avec Emmanuel Macron en 2017 se produit également en Europe", souligne-t-elle.
Pour les autres têtes de liste, l'objectif est justement de s'extraire de ce clivage. "Vous avez deux électeurs sur 10 qui se reconnaissent dans le camp de M. Macron. Ou dans le camp de Mme Le Pen", insiste M. Bellamy.
"Emmanuel Macron a besoin de Marine Le Pen et inversement", ironise Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), en comparant le duel à un combat de "catch": "plus ils cognent fort, plus on sait que c'est du faux". "Il faut que la gauche se réveille et montre qu'il y a des gens qui ne veulent pas du deal Macron-Le Pen", ajoute Ian Brossat (PCF). 
Les candidats europhobes, eux, ne manquent pas de mettre en avant leurs différences en espérant profiter de la dynamique sur le continent. "Je pense qu'il y a un réveil des peuples mais je ne mets pas tout le monde dans le même sac: il faut offrir une voie claire de sortie de l'UE", lance ainsi Florian Philippot (Les Patriotes) en visant les revirements du RN sur la question.  
Comparant l'UE à une sorte de "communauté hippie", François Asselineau (UPR), l'autre champion du "Frexit", déplore d'être encore confondu avec "des formations d'extrême droite", lui qui revendique "une tradition républicaine". 
Alors que chaque formation a fait de l'écologie une priorité de son programme, Yannick Jadot (EELV) veut, lui, convaincre qu'il est "le seul vote efficace". "On fera un très bon score dimanche", annonce-t-il, en raillant le "Conseil de défense écologique" étrenné mercredi par l'exécutif, "le premier appel d'Emmanuel Macron à voter écolo".

le Jeudi 23 Mai 2019 à 05:49 | Lu 167 fois