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Escrime : Tahiti veut une place dans l’élite mondiale


Séance d’étirements avec Nathalie Chapuis, kinésithérapeute. Elle veut sensibiliser les enfants aux étirements indispensables après l’effort.
Séance d’étirements avec Nathalie Chapuis, kinésithérapeute. Elle veut sensibiliser les enfants aux étirements indispensables après l’effort.
PAPEETE, 2 mars 2017 - La Fédération polynésienne d’escrime constitue un "groupe d’élite" de jeunes de moins de 13 ans. Une première au fenua.
Martinique, Guadeloupe, Guyane… L’escrime française doit quelques-uns de ses plus beaux succès aux escrimeurs ultramarins – des sabreurs, épéistes ou fleurettistes nés et formés en Outre-mer. L’an dernier, grâce à eux, la France a remporté une médaille d'or par équipe en épée et une médaille d'argent par équipe au fleuret aux derniers Jeux olympiques de Rio et une médaille de bronze par équipe au fleuret aux mondiaux de Rio.

Et la Polynésie française dans tout ça ? Elle n’est tout simplement pas représentée. Pour Bruno Sanchez, le président de la Fédération polynésienne d'escrime, il est temps que le fenua trouve sa place dans l'élite mondiale : "Il y a 50 % de l’effectif de l’équipe de France qui est ultramarin, alors aujourd’hui cela passe par la Polynésie", affirme t-il. Et il veut s’en donner les moyens.

Il a ainsi décidé, avec Arnaud Bellanger, le directeur technique, de constituer un groupe de jeunes de 9 à 12 ans. Une première à Tahiti. Ce groupe a vu le jour vendredi dernier. Il regroupe des enfants de trois des cinq clubs de Tahiti : Punaauia Tiki Club, Fines lames d'Arue et D'Artagnan.

Pour pouvoir espérer atteindre le niveau de Laura Flessel, "La Guêpe" guadeloupéenne qui a popularisé l'escrime en 1996 après sa médaille d'or aux Jeux olympiques d'Atlanta, un apprentissage utile attend les futures graines de champion, insiste le président de la fédération, pour acquérir les bases. Car l’escrime, dès l’âge de 7 ans, développe chez les enfants "trois qualités physiques maîtresses : l'observation, la vivacité de jugement et l'esprit de décision". Elle exige aussi souplesse et rapidité. Sur la piste, on est seul face à son adversaire. Pas le temps de gamberger. L'escrime permet ainsi de mieux gérer son stress en le rendant positif, analyse Bruno Sanchez.

Le premier entraînement a eu lieu à la salle d’armes du lycée hôtelier de Punaauia. Le début de la séance a été consacré à l'échauffement. Ensuite, chaque élève a enfilé sa veste d'initiation et son masque. Chacun apprend à se déplacer, à se tenir dans diverses positions : mise en garde, position de sixte, allonge du bras, apprentissage des fentes, des touches, avec des exercices de coordination, des mises en pratique et des oppositions au cours de vrais combats. Sans oublier une étape indispensable : les jeunes seront tous initiés aux bases de l’arbitrage. Rien de mieux, en effet, pour comprendre toutes les subtilités de ce sport qui peut paraître difficile pour le néophyte. "Si ils savent arbitrer, ils sauront mettre en pratique après" espère le directeur technique.

La prochaine séance est prévue le 4 mars. Les entraînements se poursuivront au rythme d’une séance par semaine, en plus des séances spécifiques à chaque club. Et les bénéfices physiques devraient rapidement se faire sentir : "L’escrime gaine tous les muscles, renforce le cœur et nous fait une silhouette d'enfer", affirme le président de la fédération.

En ligne de mire d’Arnaud Bellanger, maître d’arme et ancien fleurettiste de haut niveau, qui pratique l’escrime depuis 34 ans et qui veut que ce sport se développe en Polynésie française : la préparation, en douceur, aux déplacement extérieurs et la présence de Tahiti lors des compétitions telles que les Oceania junior et les championnats de France M14 (pour les 12 à 14 ans) d’ici quatre ans. C'est lui qui s'occupera de cette nouvelle organisation. Il précise toutefois : "Ce sont des enfants avant tout, on ne va pas leur demander la même chose que pour le groupe déjà au travail pour les 13/17 ans créé l’année dernière qui se retrouve tous les vendredis à 18 heures. Plus que le niveau, c'est leur motivation, leur envie qui comptent et qui feront la différence. Le terme élite ne doit surtout pas leur monter à la tête." "Mais déjà, on voit qu'ils sont motivés. Les potentialités sont là", se réjouit-il.

Les jeunes recrues profitent ainsi d'un travail de fond mené par la fédération depuis trois ans, et qui devrait conduire dans deux ans si tout va bien à la création d'un gymnase spécifique, siège de la Fédération, équipé de huit pistes électriques pour les trois armes (épée, fleuret et sabre, voir encadré ci-dessous).

Avant cela, rendez-vous les 11 et 12 mars pour la deuxième rencontre trimestrielle de la saison, l’occasion de découvrir les 200 pratiquants de ce sport plein d’avenir.

L’escrime : trois armes pour une discipline

L’escrime, c’est en fait trois disciplines avec trois "armes" différentes :
• L’épée est l’arme la plus simple de l’escrime, du point de vue des règles. On peut toucher – avec la pointe – partout et le premier qui touche a raison.
• Le fleuret est souvent l’arme d’apprentissage en club, notamment parce qu’il est plus léger que l’épée. "C’est une bonne base, on a tous commencé au fleuret" affirme Arnaud Bellanger, le directeur technique Au fleuret, on ne peut toucher que sur le tronc (tout ce qu’il y a au-dessus de la ceinture, sauf les bras et la tête).
• Le sabre est, comme le fleuret, une arme de convention. Les assauts au sabre sont souvent rapides. La phase d’arme va rarement au-delà de la riposte. L’essentiel est donc de bien préparer son attaque par des feintes et des fausses pistes. La surface valable est constituée du tronc, y compris les bras et le masque, qui est relié à la cuirasse par un fil conducteur.

Pratique

Bruno Sanchez (tél.) 87 72 86 06
Arnaud Bellanger (tél.) 87 32 99 78
Mail : [email protected]
facebook : Escrime-TIKI-CLUB
Site : www.tahiti-escrime.com/


Rédigé par Patricia Dybman le Jeudi 2 Mars 2017 à 11:26 | Lu 2418 fois