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Escale en Nouvelle-Calédonie pour les manœuvres américaines « Pacific Partnership »


Haut commandement des marines américaine et française observent l’entrée au port de Nouméa de l’USS Pearl Harbor en début de semaine (Source photos : US Navy)
Haut commandement des marines américaine et française observent l’entrée au port de Nouméa de l’USS Pearl Harbor en début de semaine (Source photos : US Navy)
NOUMÉA, mardi 25 juin 2013 (Flash d’Océanie) – Les manœuvres navales américaines « Pacific Partnership », entamées le mois dernier à Samoa, puis Tonga, arrivent cette semaine en Nouvelle-Calédonie.
En début de semaine, l’un des bâtiments-phare de cette opération humanitaire régionale, la barge USS Pearl Harbor, a fait son apparition dans le port de Nouméa (Nouvelle-Calédonie), sous le contrôle des autorités navales de la puissance hôte.
Cette opération, lancée en 2004, réitère chaque année un circuit, typiquement sur une période de quatre mois, couvrant ainsi une bonne demi-douzaine de pays ou territoires insulaires d’Océanie.
Sous la direction des forces navales américaines dans le Pacifique, cet exercice offre aussi une occasion, chaque année, d’ouvrir à la participation des forces d’autres puissances riveraines, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou encore la France.
Pour l’édition 2013 (la huitième), qui a débuté mi-mai, les nations participantes sont l’Australie, le Canada, la France, le Japon, la Malaisie et la Nouvelle-Zélande.
Les États océaniens visités cette année sont Samoa, Tonga, les îles Marshall, Kiribati, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Salomon.
Dans chacun de ces pays, des projets de remises en état d’infrastructures et de bâtiments, de soins aux populations, ou encore d’exercices de préparation à des situations d’urgence, sont au menu.
Cette année aussi, un accent particulier a été mis sur la participation de volontaires d’organisations non gouvernementales (les projets Handclasp et HOPE, la UC Pre-Dental Society, les Vétérinaires sans Frontières -Vets Without Borders- et Vétérinaires du Monde -World Vets-) et d’agences d’aide internationale (l’agence américaine NOAA, l’agence américaine USAID).

Pacific Partnership : les États-Unis réaffirment leur présence en Océanie

Les manœuvres « Pacific Partnership », ont aussi pour objectif d’offrir une visibilité de présence des forces américaines dans la région Pacifique, désignée depuis plusieurs années par l’administration Obama comme le « pivot » et désormais une priorité pour Washington, sur fond de rivalités d’influence avec la Chine.
Officiellement, Pacific Partnership a pour objectif de « renforcer le relations internationales, de construire la confiance et ouvrir le dialogue entre dirigeants pour éviter les conflits et s’attaquer aux problèmes les plus urgents et complexes de notre époque », souligne le commandement américain dans un communiqué.
« La flotte américaine dans le Pacifique est toujours prête pour la bataille, mais nous œuvrons aussi pour préserve la paix », souligne l’Amiral Cecil D. Haney, Commandant en chef de cette flotte de l’armée américaine dans le Pacifique, qui insiste sur la notion de sécurité et de stabilité régionale.
Outre leur aspect humanitaire, ces manœuvres visent aussi à réaffirmer la présence américaine sur des dossiers cruciaux et géostratégiques tels que la protection de voies maritimes trans-Pacifique, par où passe une grande majorité des flux de marchandises de la planète.

À l’honneur : l’Australie et la Nouvelle-Zélande

Ces opérations marquent aussi la reconstruction, à un niveau jamais atteint depuis une vingtaine d’années, de l’axe trilatéral ANZUS (Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis).
À chaque étape, une des nations participantes se verra désigné comme « leader » : cette année, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui engagent aussi plusieurs de leurs navires et barges (HMAS Tobruk, HMNZS Canterbury, qui serviront de PC de commandement flottants), se sont ainsi vues allouer ce rôle.
L’Australie mènera la danse en Papouasie-Nouvelle-Guinée, alors que la Nouvelle-Zélande présidera aux opérations à Kiribati et aux îles Salomon.
Les États-Unis garderont la main à Samoa, à Tonga et aux îles Marshall.

Lors de la 11ème édition de la session multinationale de dialogue Shangri-La, organisée par l’Institut international d’études stratégiques (IISS), centre de recherche britannique dédié aux relations internationales, début juin 2013, à Singapour, incontournable rendez-vous des forces de la zone Asie-Pacifique depuis sa création en 2002, la France était représentée par le ministre français de la défense Jean-Yves Le Drian.

La France réaffirme son engagement en Asie-Pacifique

Ce dernier a réaffirmé le caractère prioritaire de l’engagement de la France dans la zone Asie-Pacifique, rappelant ainsi certains passages du nouveau Livre Blanc de la Défense, rendu public fin mai 2013.
Le ministre français s’est aussi exprimé au sujet des risques émergents dans cette vaste zone Asie-Pacifique, et du « rôle que la France entend jouer dans la région aux côtés de ses nombreux partenaires ».
« Dans tous ces domaines, la France souhaite s’affirmer comme un interlocuteur présent et engagé au service de la sécurité et de la paix dans la région Asie-Pacifique. Parce qu’elle est présente territorialement et militairement dans le Pacifique et dans l’océan Indien. Parce qu’elle entretient des relations de plus en plus denses avec les grands acteurs de la région », a affirmé le ministre.
M. Le Drian, lors de cette participation à Singapour, s’est entretenu avec « le Premier ministre, le Vice Premier ministre, le ministre de la Défense et le ministre des Affaires étrangères du pays hôte. Il s'est également entretenu avec son homologue canadien, ainsi qu'avec les ministres de la Défense australien, indien et coréen, ainsi qu’avec Leon Panetta, secrétaire d’état à la Défense des États-Unis », précise le ministère français de la défense dans un communiqué, qui souligne par ailleurs que « la présence de la France à cette rencontre annuelle était particulièrement attendue », une référence aux récentes opérations françaises menées au Mali.
Lors de son intervention, le ministre français a notamment développé autour du thème du « rôle que la France souhaite jouer dans la région Asie-Pacifique, partie intégrante de notre environnement de sécurité ».
« Tout ce qui contribue à accroître la sécurité de l’Asie-Pacifique profite à la stabilité mondiale, tant cette région pèse dans les affaires du monde et pèsera encore plus dans l’avenir. Dans cet ensemble, l’Asie du Sud-est joue un rôle central : ses voies maritimes, vitales, sont un pont reliant entre elles les nations asiatiques et sont une voie privilégiée avec le reste du monde », a-t-il déclaré.

« Zone d’intérêt majeur »,

Conformément aux grandes lignes du Livre Blanc, cette grande région est désormais considérée comme une « zone d’intérêt majeur » et les partenariats que la France y noue (notamment avec l’Australie, souvent citée) sont « véritablement stratégiques ».

Dans la liste des défis de sécurité partagés avec les pays issus de cette région, figure en bonne place « la lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et la criminalité organisée, la sécurité maritime » ou encore « la sécurité dans le cyberespace ».
Autre volet important : la coopération régionale dans le cadre de l’assistance aux populations riveraines frappées par des catastrophes naturelles.
Dans ce cadre-là, depuis fin 1992, un accord entre les forces françaises, australiennes et néo-zélandaises (baptisé « FRANZ ») est censé coordonner et harmoniser les interventions au bénéfice des populations touchées.

Livre Blanc australien : la France ? Connaît pas….

Malgré le fait que le partenariat stratégique avec l’Australie dans le Pacifique soit mentionné à plusieurs reprises dans le nouveau livre blanc français, http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/livre-blanc-2013
celui publié » par l’Australie, à quelques jours d’intervalle, http://www.defence.gov.au/WhitePaper2013/docs/WP_2013_web.pdf
ne fait pas mention de cette spécificité régionale.

Cet état de fait a suscité, ces derniers jours, la surprise d’une universitaire et ancienne diplomate australienne, Denise Fisher.
Elle s’est exprimée à ce sujet fin mai 2013 en mode confidence à la presse de son pays et sur le site Internet du think-tank Lowy Institute for International Policy.

http://www.lowyinterpreter.org/post/2013/05/21/French-strategic-influence-ignored-in-our-Defence-White-Paper.aspx


Dans le cadre de la publication toute récente de son dernier ouvrage consacré aux problématiques d’influence et de politique de la France dans le Pacifique Sud,

http://epress.anu.edu.au/titles/france-in-the-south-pacific

celle qui est désormais chercheuse à l’Université nationale australienne (ANU, Australian National University, Centre des Études Européennes) s’étonne que dans le livre blanc australien, « la France est un fantôme. Il n’y a pas une seule mention de la France dans tout le (libre blanc australien) », souligne-t-elle.

« Même quand il parle de l’importance des États-Unis et de ses alliés, et de façon plus large de l’OTAN, le livre blanc de la défens (australien) 2013 ne mentionne pas la France. Au moins l’édition de 2009 la mentionnait », poursuit-elle dans une tribune relayée par la revue en ligne The Interpreter du Lowy Institute.

Même l’Espagne a droit à une section, bien entendu le Royaume-Uni… Mais pas la France, même si ce pays et les Royaume-Uni figurent parmi les cinq plus gros budgets militaires de la planète (…) Cette omission est pour le moins troublante, étant donné que la France est sans nul doute une puissance du Pacifique en vertu de ses souverainetés résidentes (les trois collectivités que sont la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis-et-Futuna, NDLR) appuyées par une puissance militaire », s’étonne l’ancienne diplomate qui a été en poste à Nouméa (Nouvelle-Calédonie comme Consule Générale accréditée pour les trois collectivités françaises du Pacifique au début des années 2000.

« Dans ses chapitres consacrés au Pacifique Sud, le livre blanc australien de la défense ne mentionne pas non plus le partenariat avec la France, malgré la coopération sous l’accord FRANZ et plusieurs séries d’exercices et d’actions de coopération militaire », poursuit Mme Fisher, qui évoque « une occasion perdue pour l’Australie de reconnaître la valeur stratégique de la présence française dans le Pacifique Sud ».

Le 17 mai 2013, en Australie, l’Ambassadeur de France dans ce pays, Stéphane Romatet, a remis au Vice-amiral Russell Crane, retraité de la marine australienne, qu’il a commandée entre 2008 et 2011, les insignes de Commandeur dans l’Ordre national du Mérite, en présence du Vice-amiral français Stéphane Verwaerde, alors en visite.

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Foison d’exercices multinationaux dans le Pacifique

Le Général de brigade Tau’aika ‘Uta’atu, Commandant des forces armées de Tonga, participe à Pacific Partnership, le 15 juin 2013 (Source photos : US Navy)
Le Général de brigade Tau’aika ‘Uta’atu, Commandant des forces armées de Tonga, participe à Pacific Partnership, le 15 juin 2013 (Source photos : US Navy)
Les exercices multinationaux dans le Pacifique, du Nord au Sud, ont fleuri ces dernières années, sous des formes diverses, aussi bien au plan géographique qu’à celui des nations participantes.

Côté français, tous les deux ans, la Nouvelle-Calédonie accueille les manœuvres « Croix du Sud », qui regroupent en général les partenaires privilégies des Forces Armées françaises en Nouvelle-Calédonie (FANC) ainsi que celles de Polynésie : Australie, Nouvelle-Zélande, mais aussi plusieurs États insulaires océaniens voisins (dont Tonga, la Papouasie-Nouvelle-Guinée).
Un acteur significatif, Fidji, manque néanmoins à l’appel, depuis que la coopération militaire a été suspendue pour cause de putsch en décembre 2006.
« Croix du Sud » a pour principal objectif de favoriser le principe d’interopérabilité entre nations participantes, le tout autour d’un scénario conçu comme étant le plus réalistes possible et simulant, sur le terrain, des situations de troubles ethnico-politiques, insurrectionnels ou des situations post-catastrophes naturelles dans un pays fictif.

C’est aussi sur ce concept de pays océanien fictif et néanmoins troublé que viennent de s’achever les manœuvres maritimes « Bell Buoy », qui ont rassemblé du 13 au 24 mai 2013 l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis ou encore d’autres invités tels que Singapour, la Corée du Sud, du Brésil, du Chili, du Canada, ou encore du Royaume-Uni.
Toutes ces marines sont membres d’un groupe de travail maritime dans l’Océan Indien et Pacifique.
D’autres nations ont été observatrices.
Le terrain d’opération se situait en Nouvelle-Zélande, près d’Auckland, avec comme leitmotiv la protection des voies maritimes stratégiques.

Tout au long du mois de mai 2013 également, c’est la Nouvelle-Zélande qui accueillait aussi, sur terre, en mer et en l’air, les manœuvres « Alam Halfa », en présence de forces participatives américaines, canadiennes et britanniques.
Là aussi, on s’appliquait à suivre un scénario prédéfini de conflit sur fond de tentatives de renversement d’un gouvernement par un groupe d’insurgés, avec la participation, dans la vraie vie, des populations locales néo-zélandaises.
Au menu de ces exercices auxquels ont participé plus de mille soldats : tirs à balles réelles et aguerrissement en milieu hostile.
La Nouvelle-Zélande et ses forces se sont aussi déployées tout récemment dans le cadre de la coopération avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée : c’est dans ce pays mélanésien qu’ont débuté, le 28 mai 2013, des manœuvres censées durer dix jours, dans les environs de la seconde ville du pays, Lae (province de Morobé).
88 soldats de la PNG Defence Force y participent, ainsi que 62 soldats des forces spéciales néo-zélandaises, rapportait vendredi le quotidien papou The National.
Cette opération terrestre, maritime et aérienne baptisée « Tropic Wing » implique des avions (de type Hercule) et des hélicoptères de type Iroquois, des accostages sur barges amphibies et des parachutages sur zone, avec tirs de balles à blanc et réelles, le tout en tenue de camouflage.

Toujours courant mai (18-26) 2013, l’Australie, les États-Unis et le Japon ont mené la première édition de nouvelles manœuvres terrestres sous le nom de code « Southern Jackaroo », avec comme pays hôte l’Australie.
Au menu là aussi : tirs à balles réelles et aguerrissement en milieu hostile, naturel ou urbain (notamment à Melbourne).


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Rédigé par PAD le Mardi 25 Juin 2013 à 06:08 | Lu 906 fois