Tahiti Infos

Environnement : Autant de problèmes que d’îles


"Nos liens à l'environnement, notre richesse partagée", c'est le vaste sujet qui a occupé les élus, mercredi.
"Nos liens à l'environnement, notre richesse partagée", c'est le vaste sujet qui a occupé les élus, mercredi.
RIKITEA, le 1er août 2019 - Les élus des 38 communes présentes à Rikitea, aux Gambier, pour le 30e congrès des communes ont débuté mercredi leurs travaux autour du thème "nos liens à l'environnement, notre richesse partagée". L'occasion d'échanger sur leurs problématiques, aussi diverses que le sont les îles de Polynésie française.

Les élus des 38 communes réunis jusqu'à demain à Rikitea, aux Gambier, pour le 30e congrès des communes ont commencé leurs travaux mercredi autour du thème "nos liens à l'environnement, notre richesse partagée."

Cette première journée d'échange s'est concentrée autour de l'axe "l’homme dans son environne- ment." "Dans un premier temps il nous a semblé important de provoquer une prise de conscience chez les élus qui participent au congrès par rapport à l'environnement", a expliqué Manfred Mahaa, secrétaire général de la commune de Rimatara mais également animateur pour ce congrès.

Ainsi, les questions de gestion des déchets, de pollution ou encore de surexploitation des ressources sont souvent ressorties de débats. "Ce sont effectivement les problématiques qui sont sorties le plus abordent ces sujets, c'était le but", insiste Manfred Mahaa. "D'une certaine manière ils reconnaissent leur implication dans ce système, et la nécessite d'apporter du change- ment. Maintenant que l'on a provoqué cette prise de conscience chez les élus, il faut que ces derniers réfléchissent à comment ils peuvent agir sur le terrain."

Les 180 congressistes auront l'occasion de passer à l'action aujourd'hui à Rikitea. Des ateliers de ramassage de déchets, de fabrication de compost ou encore des randonnées sont au programme de la journée qui va s'articuler autour de l'axe "Agir ensemble sur le terrain." Le congrès s’achèvera ensuite ce vendredi avec la présentation du bilan et la restitution des travaux.


Interviews

Pierre Paeamara
Agent communal de Rikitea chargé de l'environnement

“Des actions pour protéger l'activité perlicole"


Qu'attendez-vous de ce congrès ?

“Le congrès sera l'occasion pour notre commune de montrer les actions que nous menons pour préserver notre environne- ment aux Gambier. La commune a reçu des financements grâce au programme BEST. Ces fonds nous ont permis de faire de la restauration écologique sur les îles du sud- est, très touchées par des espèces invasives. A cause de ces dernières, on a constaté la
disparition de pas mal de plantes et d’animaux. On a donc reboiser et réintroduit des oiseaux grâce à l'association SOP Manu.”


Les Gambier ont également été un site pilote pour le projet RESCUE qui vise l’élaboration d’un mode de gestion des déchets et de la protection du littoral et des aires marines...
“Exactement. Pour ce projet nous nous sommes principalement focalisés sur la thématique des déchets perlicoles. La perliculture c'est la première activité économique de l'archipel, et donc une capacité de déchets énorme également. RESCUE nous a permis de faire un état des lieux de ce qu'il y a dans le lagon et aujourd'hui l'idée est de mener des actions de nettoyage pour protéger l'activité principale de l'île.”

Est-ce-que les perliculteurs ont été réceptifs au projet ?
“Certains perliculteurs de l'île avaient déjà entamé des actions de nettoyage. Mais uniquement dans leur secteur. Aujourd'hui on souhaite étendre l'action à tous les perliculteurs. Qu'ils prennent conscience que si le lagon n'est pas entre- tenu, ils perdent leur production.”




Toti Teikiehuupoko
Premier adjoint de la commune de Ua Pou

“Nos ancêtres ont vécu pendant des siècles en harmonie avec leur environnement”


“A Ua Pou on va accueillir en décembre prochain le festival des Marquises, le Matava'a. Le thème de notre festival se rapproche de celui du congrès des communes. On s'interrogera sur la thématique suivante : "Comment la culture peut-elle participer à la préservation de notre environnement ?".

Il est important aujourd'hui de revenir à des valeurs ancestrales pour préserver l'environnement ?
“Absolument. On a vu ce qui se passe actuellement avec la modernisation. Il y a aujourd'hui de la pollution ou encore de la surexploitation des ressources. Pourtant les faits culturels nous montre bien que nos ancêtres ont vécu pendant des siècles en harmonie avec leur environnement. Si nous ne faisons pas quelque chose dans la transmission des savoirs traditionnels tout cela disparaitra.”

Il a été question d'un projet de pêche de industriel aux Marquises. Comment allier développement économique et préservation de l'environnement ?
“Il peut y avoir du développement sans destruction. Avant de lancer tout projet d'envergure comme celui-ci, il faut penser à un plan de gestion. De cette manière on ne détruira pas toute notre faune et notre flore. Mais il faut surtout contrôler tous ceux qui viennent de l'extérieur pour piller nos ressources.”

Catherine Arapari
Première conseillère de la commune Marokau

“Echanger avec les autres élus pour trouver des solutions”


“A Marokau, on est 78 habitants qui vivent principalement du coprah. Mais si on ne gère pas mieux notre cocote- raie, on pourrait se retrouver sans rien du jour au lendemain. Avant il n'y avait qu'un seul bateau qui se rendait une fois par mois sur l'île pour ramasser notre coprah. Désormais il y a trois bateaux qui passent et ça laisse peu de temps aux cocotiers pour se régénérer. Mais on ne peut pas dire à notre population d'arrêter de travailler parce que le coprah représente leur seul revenu. Je participe au congrès pour pouvoir trouver des solutions en échangeant avec les autres élus ou bien en discutant avec des institutions comme la Direction de l'environnement. Je vois que dans des communes ils ont adopté le rahui, pourquoi pas nous aussi à Marokau.”


Manfred Mahaa
Secrétaire général de la commune de Rimatara et animateur du congrès (si besoin)


"À Rimatara on a un très bon projet de bio-sécurité"


Quel problème rencontrez-vous sur votre île au niveau de la gestion de votre environnement ?

"On rencontre les mêmes problèmes que les autres îles éloignées de Tahiti. Il y a la gestion des déchets, ou encore l'assainissement qui sont des préoccupations et des objectifs que nous devons remplir dans le cadre du Code général des collectivités territoriales (CGCT). Du côté de la protection de l'environnement, à Rimatara, on a réussi à mettre en place un très bon projet de bio-sécurité pour protéger le "i['ura", la perruche endémique de Polynésie française. Grâce à l'implication de notre communauté, on a évité, pour le moment, l'invasion du rat noir sur nôtre île."]i




le Jeudi 1 Août 2019 à 10:46 | Lu 1923 fois