Tahiti Infos

Entrez dans la cuisine de Maheata !


TAHITI, 18 mai 2020 - Pour partager ses bons p’tits plats, Maheata a eu envie d’ouvrir son propre restaurant. Un rêve qu’elle entretient depuis plusieurs années et qui est devenu réalité. Avec son mari Adam Pecas, elle a ouvert le Black Garden. En parallèle, elle continue ses chroniques radiophoniques et télévisées. Sa vie entière est une recette aux ingrédients bien pesés.

À l’étage du Black Garden, un matin à 9 heures, Maheata répond aux premières questions de l’interview. Les tables sont déjà dressées. La décoration est soignée, le mobilier coordonné dans les teintes noires, vertes et bleu acier. Les bruits du monde ne filtrent pas. L’ambiance est feutrée. L’écran du téléphone annonce soudain, en mouvement mais en silence, un appel. "Ah, tiens, c’est monsieur poisson." Maheata décroche pour recevoir sa livraison du jour. "Désolée, je dois répondre."

Depuis l’ouverture de son restaurant, elle n’a plus une minute. Elle se lève pour faire le marché, elle reçoit une partie des livraisons, elle cuisine, elle pense à la prochaine carte, jette un œil en salle, va à la rencontre des clients. "En gros, on travaille entre 7 heures et 23h30, sans compter la comptabilité, les commandes, les règlements…". "On" c’est le duo que forme Maheata Banner et son mari, complice, co-fondateur du Black Garden, Adam Pecas. "Heureusement qu’il est là, seule, ça aurait été ingérable."

Les appels s’enchaînent. Fournisseurs et clients se présentent à un rythme soutenu. Les réservations s’accumulent. "On est complet midi et soir depuis l’ouverture." Une ouverture qui a eu lieu le 5 mai, avec un peu plus d’un mois de retard. "En fait, on devait faire l’inauguration deux jours avant le confinement. On a dû annuler, se réorganiser, patienter…", raconte Maheata, mais il était hors de question de baisser les bras. "On avait engagé trop de frais." Mais aussi d’envie et d’énergie. Le couple était si près du but… il a tenu bon.

Ils ont été à la recherche d’un local pendant près de deux ans. Ils ont fini par trouver. Ils ont acheté en septembre 2019, rénové (pas moins de deux mois de travaux), constitué les équipes, effectué les premiers achats. "Puis le coronavirus est arrivé."

Une vie qui n’était pas toute tracée

Née à Papeete, Maheata a passé ses dix premières années aux Australes, à Raivavae. Ont suivi de sombres moments avec son retour à Tahiti. Diplômée d’un baccalauréat en sciences économiques et sociales, elle a toujours souhaité "entrer rapidement dans le monde professionnel". Aussi, le soir de son départ pour la France, où elle avait été acceptée à l’école des hautes études commerciales, elle n’est pas montée dans l’avion. "Je voulais rester sur mon île, travailler et quitter le nid familial."

Elle a enchaîné plusieurs métiers : technicienne en éclairage événementiel, chargée de production et communication, pâtissière à domicile, organisatrice de mariages,… En 2012, elle est entrée dans une radio privée locale. "J’étais chargée de production. À la maison, je cuisinais. J’ai grandi avec ma grand-mère qui cuisinait aussi beaucoup. Le matin, en arrivant j’apportais un plat préparé la veille, sucré ou salé."

10 années de "Bon p’tits plats"

Un jour, l’un des responsables de la radio l’a accueillie avec une proposition : "et si tu animais une émission de cuisine ?". L’idée alors étant de proposer des recettes simples et pas chères, des recettes à partir de produits locaux et de produits qui se trouvent dans les placards et réfrigérateurs des Polynésiens, toutes générations confondues. "J’ai grandi avec des biscuits Sao et du Punu pua’atoro, pas avec des lentilles corail et du quinoa, ce n’est pas dans nos habitudes."

L’émission a trouvé son public. "Ma marque, les Bon p’tits plats de Maheata a dix ans maintenant." Les auditeurs, téléspectateurs, internautes la connaissent bien. Certains la suivent de loin, de métropole notamment où elle a participé en 2018 à l’émission Le Meilleur Pâtissier. Petit à petit, la cuisinière a voulu se rapprocher de son public. "On me disait souvent, 'c’est bien, mais on ne te voit pas en vrai !' J’ai eu envie de rencontrer vraiment les gens." C’est ainsi que l’idée d’un restaurant est née et que le Black Garden a pu voir le jour.

Le restaurant compte quatre personnes en cuisine, trois en salle. En fonctionnement classique (hors Covid-19), il peut monter jusqu’à 80 couverts. La carte, volontairement réduite, change tous les mois. Apéritifs, entrées, plats, desserts, tout est composé spécialement pour l’établissement. Ce ne sont pas des recettes déjà présentées dans l’une ou l’autre de ses chroniques (que la cuisinière continue d’assurer à la télévision et la radio). Les produits locaux sont mis à l’honneur. Maheata y tient car les producteurs ont toujours été à ses côtés et elle souhaite leur rendre aujourd’hui ce qu’elle a reçu. Et puis, elle cherche, par tous les moyens « à faire travailler les gens d’ici ».

Une passion devenue métier

Son inspiration est très en lien avec ses voyages "car sans eux, on tourne en rond". Chaque année, elle part trois ou quatre fois se former à l’étranger avec des chefs. Elle affectionne tout particulièrement l’éclectisme de New York, mais aussi le raffinement du Japon Elle est attirée par l’Asie en général et l’Inde en particulier, "une destination prévue l’année prochaine, si tout va bien".

En attendant, elle vit pleinement cette nouvelle aventure. "C’était une passion, c’est devenu un métier, quelle chance j’ai !"

Retrouvez l'interview en vidéo

Contact

Facebook : Maheata Banner
Facebook : Les Bon P’tits Plats de Maheata
Maheata anime également une chaîne Youtube (Tahitian Food and taste by Maheata), elle est à 18h55 sur Tntv et le matin à sur Radio 1.


Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 18 Mai 2020 à 11:19 | Lu 4216 fois