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En Outre-mer, pas d'infection au coronavirus mais un vent de panique


Paris, France | AFP | jeudi 27/02/2020 - Interdiction d'accoster pour les bateaux, manifestations contre la venue de touristes, rumeurs alarmistes sur les réseaux sociaux: les territoires d'Outre-mer n'ont pour l'instant recensé aucun cas d'infection au coronavirus, mais connaissent un vrai vent de panique.

En Martinique, Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie ou à la Réunion, l'inquiétude s'est largement propagée ces dernières jours notamment autour de l'arrivée des bateaux de croisières, le tourisme étant une des principales ressources économiques de ces territoires.
Depuis deux jours en Martinique, l'arrivée prévue samedi d'un avion en provenance de Milan, et dont les passagers devaient embarquer ensuite sur un paquebot de croisière, a provoqué l'indignation de la population et des élus. 
Mais un communiqué du préfet a finalement annoncé jeudi que la compagnie de croisière MSC renonçait "à l'embarquement des clients italiens arrivant par avion", et que cet avion atterrirait donc samedi à Fort-de-France "sans passager, seulement pour ré-embarquer les clients qui achèvent leur croisière".
Sur les réseaux sociaux, des messages appelaient à se mobiliser "comme pour Jean-Marie Le Pen", en référence à la manifestation sur le tarmac de l'aéroport, en 1987, pour empêcher l'atterrissage de l'avion qui transportait l'ancien chef du Front national.  
La CGT Martinique avait également appelé à manifester devant l'Agence régionale de santé pour s'opposer à cette arrivée. 
"Ce vol en provenance de Milan doit être carrément reporté ou annulé", avait écrit le député Serge Letchimy (apparenté PS) dans un courrier au Premier ministre. Et la collectivité territoriale de Martinique a estimé que les réseaux sociaux ne faisaient que traduire "l'inquiétude légitime des Martiniquais", regrettant que "le contrôle à l'entrée en Martinique ne soit pas assuré, alors que les pays voisins de la Caraïbe (..) adoptent des mesures drastiques de précaution".
Même inquiétude en Guadeloupe. Le maire des Abîmes Eric Jalton (DVG) a notamment réclamé "la suppression jusqu'à nouvel ordre de l'accès sur le territoire guadeloupéen des étrangers en provenance des pays éminemment touchés par la propagation non maîtrisée de ce virus morbide". 
 

- Messages haineux-

 
En Nouvelle-Calédonie, plus aucun paquebot n'est autorisé à se rendre sur les trois îles paradisiaques de Lifou, Maré et L'île des Pins, qui vivent essentiellement du tourisme, en raison des craintes suscitées par l'épidémie.
"Il s'agit d'une mesure de précaution prise par les coutumiers", a expliqué à l'AFP Christian Kaateu, représentant de l'un des clans kanak de la grande chefferie de l'Ile des Pins, évoquant un "manque d'informations". "Est-ce que l'on peut garantir qu'il n'y a aucun danger à manipuler les pièces de monnaie et les billets de banque provenant de ces bateaux ?", s'interroge-t-il.
Pour Elodie Jaunay, directrice de l'agence Kenua, chargée de la logistique pour les navires de croisière dans l'archipel, cette interdiction est "unique dans le Pacifique Sud". "La plupart des paquebots que nous refusons sont redirigés vers le Vanuatu, qui continue d'accepter des croisiéristes, tout comme Fidji et la Nouvelle-Zélande".
L'inquiétude règne aussi à Houaïlou (côte Est de la Grande Terre), où le minéralier Ocean Rally n'a pu accoster mardi, à proximité de la mine de Monéo, après un mouvement de contestation d'une partie des habitants. Après vérification de l'état de santé des 22 membres d’équipage birmans, le navire, qui provenait du Japon et avait fait escale aux Philippines, a été autorisé jeudi à charger le minerai.
A La Réunion, c'est l'arrivée mercredi au port de la Pointe des Galets (ouest) d'un bateau de croisière Costa Mediterranea en provenance de Madagascar, avec près de 2.000 passagers à bord, qui a provoqué des protestations.
Des rumeurs ont prétendu que le paquebot, qui effectue des rotations uniquement dans le sud de l'océan Indien, avait été refoulé de Madagascar ou de Maurice parce qu'il était passé dans des zones contaminées par le coronavirus et parce qu'il transportait des passagers italiens. 
Des milliers de messages, parfois haineux et xénophobes, ont envahi les réseaux sociaux, réclamant son départ immédiat et le confinement des passagers. Une vingtaine de personnes se sont même rassemblées devant le quai pour protester contre le débarquement des voyageurs.

le Jeudi 27 Février 2020 à 04:21 | Lu 661 fois