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Elle poignarde son compagnon violent, le tribunal la relaxe


Le prévenu a reconnu les violences commises sur sa compagne en indiquant qu'il  acceptait désormais la séparation.
Le prévenu a reconnu les violences commises sur sa compagne en indiquant qu'il acceptait désormais la séparation.
PAPEETE, le 30 octobre 2018 - L'homme et la femme comparaissaient ce mardi devant le tribunal correctionnel pour des violences réciproques. Le prévenu, qui supportait très mal leur séparation, avait menacé son ex-conjointe avec un couteau. La jeune femme avait récupéré l'arme au sol puis elle avait poignardé l'individu à deux reprises. Considérant qu'elle avait agi en état de légitime défense, le tribunal l'a relaxée.

Au regard du nombre de cas de violences conjugales qui surviennent chaque jour, la décision rendue par le tribunal correctionnel ce mardi devrait rester dans les mémoires. Une jeune femme et son ex-compagnon, respectivement âgés de 21 et 25 ans, étaient poursuivis pour des violences réciproques.

Le 19 août dernier, les gendarmes sont appelés à Mahina. Un homme leur signale que son beau-frère s'est présenté à son domicile et qu'il porte des traces de blessures par arme blanche. Les coups auraient été portés par l'ex-compagne de la victime. Entendu, le blessé explique que sa compagne l'a quitté deux semaines auparavant. Le soir des faits, il l'a aperçue au bord de la route et lui a demandé son téléphone. La jeune femme a refusé et s'est dirigée vers la maison de son nouveau compagnon. Fou de jalousie, le prévenu s'est introduit chez la tante de son ex-compagne où il a dérobé un couteau. Durant des heures, il a ensuite rodé autour de la maison de son rival. Vers 4 heures du matin, ce dernier a appelé la prévenue qui est arrivé immédiatement. Le couple s'est retrouvé face au prévenu qui tenait le couteau de cuisine en les menaçant. Le couteau est tombé, la jeune femme l'a ramassé. Elle explique que le prévenu, qui était remonté sur son scooter, lui aurait alors foncé dessus. Dans la panique, elle n'aurait pas réalisé qu'elle l'avait touché à deux reprise avec l'arme blanche.

"Légitime défense"

L'enquête qui découle de ces faits révèle que l'homme, extrêmement jaloux, n'a pas supporté la séparation. Durant les semaines qui ont précédé la rupture, il aurait frappé sa compagne à plusieurs reprises, en lui assénant notamment des coups de poing alors qu'elle dormait.

A la barre du tribunal, les deux prévenus parlent très peu. L'homme reconnaît les violences mais conteste formellement le fait d'avoir voulu poignarder sa compagne. La jeune femme affirme qu'elle a agi sous le coup de la panique.

Cette dernière affirmation est rejetée par le procureur de la République qui estime que le deuxième coup de couteau exclut « toute théorie de légitime défense» : « Même si les éléments témoignent d'un passif, de la violence et de la jalousie du prévenu, ce n'est pas une excuse. » Trois ans avec sursis sont requis contre la jeune femme, 12 à 15 mois avec sursis à l'encontre de son ex-compagnon.

Pour la défense du prévenu, l'homme a pris le couteau « non pas pour en découdre » avec elle mais pour faire du mal à son nouveau compagnon. Le prévenu a « volontairement lâché le couteau » pour ne pas blesser la jeune femme.

L'avocate de la prévenue affirme quant à elle que sa cliente a agi en état de légitime défense : « Il lui a toujours dit que s'il la voyait avec un autre homme, il les tuerait tous les deux (..) Imaginez l'état d'esprit de cette femme qui était menacée. »

Les magistrats ont relaxé la jeune femme en estimant qu'elle avait porté ces coups alors qu'elle était à nouveau « victime de violences » et qu'elle n'avait fait « que répondre à une agression. » Le prévenu a été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis. Il a désormais l'interdiction d'entrer en contact avec son ex-compagne.




Rédigé par Garance Colbert le Mardi 30 Octobre 2018 à 10:35 | Lu 1815 fois