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Élections papoues : première impression mitigée du Commonwealth


Élections papoues : première impression mitigée du Commonwealth
PORT-MORESBY, mercredi 11 juillet 2012 (Flash d’Océanie) – Le groupe d’observateurs envoyé par le Commonwealth a livré mercredi ses premières impressions concernant le déroulement des élections générales (législatives) en Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui ont débuté le 23 juin mais ne sont toujours pas conclues.
Dans un communiqué,
http://www.thecommonwealth.org/news/248442/110712pnginterim.htm

ce groupe, présidé par l’ancien Premier ministre de Vanuatu Edward Natapei, se livre à un exercice de diplomatie en notant que « certains des critères du processus démocratique ont été satisfaits », mais « que plusieurs défis significatifs restent à résoudre à l’avenir ».
Le groupe et M. Natapei affirme avoir observé le scrutin dans 16 des 22 régions papoues.
« Nous sommes conscients du fait qu’en raison des prolongations du calendrier de scrutin, les opérations de vote ne sont pas achevées au moment où nous effectuons cette déclaration ( … ) Le dépouillement aussi est encore en cours et la plupart des résultats restent à proclamer », admettent les observateurs, qui estiment que ces élections législatives de 2012 sont à la fois caractérisées par des « progrès », mais aussi par des « revers », notamment au plan de la gestion du scrutin par les autorités compétentes.
Les observateurs évoquent ainsi les problèmes relatifs aux inscriptions des électeurs sur les listes électorales, ainsi que les « pratiques » observées au cours de ce scrutin.
Au plan des pratiques liées à l’exercice de la démocratie dans ce vaste pays, les missionnaires ont notamment regretté, avant et pendant le vote, des cas de corruption active, de financement illicite de campagnes, d’abus de pouvoir et de trafic d’influence.
Dans le cas extrêmes, des affrontements entre sympathisants de candidats rivaux se sont soldés par des pertes de vies humaines (une dizaine de cas depuis le mois de juin).
Ce premier rapport (qui devrait être suivi d’un second, plus définitif, et qui sera remis dans les semaines à venir au secrétaire général du Commonwealth) fait aussi état d’un « niveau malheureux de désorganisation et de cohérence dans certains aspects de la gestion du scrutin ».
Exemples de résultats de ces carences : des retards importants enregistrés dans un bonne partie des provinces du pays, qui ont ensuite eu pour effet de retarder et de forcer des prolongations dans la tenue du vote, qui était déjà étalé sur deux semaines, sur une base rotative, province par province).
Concernant les listes électorales, le groupe du Commonwealth est moins nuancé : les problèmes ont été constatés « dans toutes les provinces visitées », même si « la proportion d’électeurs refoulés (parce que leur nom ne figurait pas sur les listes) varie d’une zone à l’autre ».
« Cette généralisation du déni au droit de vote pour des citoyens de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui voulait pourtant voter est un problème grave auquel les autorités doivent s’attaquer en rendant plus fiable et efficace le processus d’inscription sur les listes et le système de gestion de ces listes. Cela inclut l’incorporation d’une forme d’identification des électeurs et de meilleures mesures pour la vérifier », estime M. Natapei.
Son groupe d’observateurs a aussi été surpris de constater que dans certaines provinces, comme celle des Hauts-Plateaux, le secret de l’urne était loin d’être une réalité.
« La plupart des bureaux de vote que nous avons visités ne permettent pas le secret de l’urne : le vote a lieu en public et il est souvent effectué au nom de l’électeur par des agents du bureau de vote, parfois même par des scrutateurs ou des candidats », explique le communiqué, qui parle aussi de pratiques de « vote en bloc », application démocratique des allégeances tribales d’un chef coutumier qui, avec son vote, amène celui de tout son clan.
Au plan de la sécurisation de ces élections, les observateurs du Commonwealth ont rendu hommage aux forces de police et de l’armée papoues, mais aussi aux effectifs déployés en soutien par l’Australie et la Nouvelle-Zélande dans les nombreux points chauds du pays.
Mais la polémique, sur la scène locale, se poursuivait en milieu de semaine, concernant à la fois les retards pris par les opérations, ainsi que le fait que dans certains provinces, les premières tendances soient déclarées alors que dans d’autres, le vote ne fait que commencer.
Sir Michael Somare, Premier ministre écarté du pouvoir en août 2011 par Peter O’Neill, fustigeait ainsi mercredi la commission électorale, en particulier concernant le fait qu’elle ait annoncé que M. O’Neill était désormais élu dans sa circonscription.
Sir Michael Somare a saisi la commission par courrier.
Selon les derniers chiffres rendus publics en début de semaine, le coût de ces législatives 2012 en Papouasie-Nouvelle-Guinée dépasse les 150 millions de dollars US, rapporte mardi le quotidien Post-Courier.
Sur ce chiffre, près de quarante pour cent ont été consacrés à la sécurité.

Rédigé par PAD le Mercredi 11 Juillet 2012 à 06:10 | Lu 452 fois