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Elections en Australie: la droite va probablement succéder à une gauche fratricide


Elections en Australie: la droite va probablement succéder à une gauche fratricide
SYDNEY, 5 septembre 2013 (AFP) - L'Australie votera samedi lors d'élections générales qui devraient voir la victoire du parti Libéral (conservateur) aux dépens des Travaillistes, dont les six années au pouvoir ont été marquées par une économie florissante mais aussi par des luttes internes qui ont lassé les Australiens.

Les sondages donnent vainqueur le parti Libéral de Tony Abbott, 55 ans, qui deviendrait ainsi le 29e Premier ministre du pays. Les toutes dernières enquêtes d'opposition créditent son parti de 87 sièges au parlement, contre 60 pour le Labour (parti travailliste) de son rival Kevin Rudd, 55 ans lui aussi et actuel chef du gouvernement.

Le vote --obligatoire-- a lieu samedi mais il a en fait déjà démarré depuis plusieurs jours: l'immensité de cette île-continent dotée de vastes régions faiblement peuplées nécessite la mise en place d'équipes volantes qui vont à la rencontre des communautés les plus isolées.

Une cinquantaine de petits partis font également campagne, avec quelques candidats hauts en couleur, dont les plus connus sont le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres, et le milliardaire Clive Palmer, qui veut lancer sur les flots un paquebot réplique exacte du Titanic.

La campagne, lancée début août, a apporté son lot de petites phrases et de photos des candidats entourés d'enfants ou coiffés de casque de chantier.

Les échanges entre les deux principaux partis n'ont rien de policé, mais leurs politiques ne sont pas radicalement différentes. Les conservateurs se sont rapprochés des travaillistes dans les secteurs de la santé et de l'éducation, tandis que Kevin Rudd s'est efforcé de paraître aussi intransigeant que Tony Abbott à propos des migrants clandestins qui débarquent sur les plages australiennes à bord d'embarcation de fortune.

Le gouvernement de Kevin Rudd a ainsi annoncé en juillet qu'il fermait ses frontières à ces migrants, qui seront expulsés vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le principal argument de campagne du Premier ministre en fonction est l'économie. L'Australie est le seul grand pays occidental à avoir échappé à la récession en 2008, grâce aux matières premières dont ses sous-sols regorgent et à la demande des puissances émergentes, dont l'Inde et la Chine.

Kevin Rudd crédite son parti d'une "bonne gestion" de cette manne.

Mais le ralentissement de l'activité en Chine, principal partenaire commercial du pays, et la baisse des cours des matières premières freinent la croissance australienne depuis plusieurs mois.

Elle n'était plus que de 2,6% au deuxième trimestre 2013 sur un an, un taux toujours honorable mais inférieur aux plus de 3% de ces dernières années. Le chômage, qui oscille actuellement autour des 5,5%, est attendu à la hausse. La fin du boum minier présente le principal défi du pays pour les années à venir.

Le parti travailliste pâtit surtout de la lassitude des électeurs à son égard. Kevin Rudd a été Premier ministre de 2007 à 2010 avant d'être poussé dehors sans ménagement par sa propre formation, fatiguée de son caractère difficile, et remplacé aussi sec par Julia Gillard.

Cette dernière a été à son tour renversée par ses alliés en juin dernier, en raison de sondages catastrophiques, et remplacée par... Kevin Rudd.

"Toute cette histoire a laissé un goût amer auprès de nombreux électeurs", déclare Nick Economou, analyste politique à la Monash University. "Le problème pour les travaillistes est que les électeurs ont pris leur décision il y a pas mal de temps et que (le parti) ne peut plus rien faire pour les récupérer".

Quant à Tony Abbott, réputé pour ses gaffes, il a su polir son image et tenir sa langue, à quelques exceptions près. Il a en outre bénéficié du soutien massif du groupe de presse de Rupert Murdoch, largement dominant en Australie.

Rédigé par Par Amy COOPES le Mercredi 4 Septembre 2013 à 22:20 | Lu 345 fois