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Elections en Angola: l'opposition conteste la victoire du parti au pouvoir


JOHN WESSELS / AFP
JOHN WESSELS / AFP
Luanda, Angola | AFP | mardi 30/08/2022 - L'opposition en Angola a annoncé contester la victoire du parti au pouvoir aux élections législatives, dont les résultats définitifs ont donné lundi un second mandat au président sortant Joao Lourenço, à l'issue du scrutin le plus serré de l'histoire du pays. 

A la tête du pays depuis l'indépendance du Portugal en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) a recueilli 51,17% des voix, selon la Commission nationale électorale (CNE), contre 43,95% pour le premier parti d'opposition, l'Unita.

L'Unita "ne reconnaît pas les résultats" de la CNE et "déposera un recours" suspensif, a indiqué son secrétaire général, Alvaro Chikwamanga Daniel, dans une déclaration vidéo enregistrée et transmise mardi à l'AFP.

Le parti mené par Adalberto Costa Junior, 60 ans, affirme "ne pas avoir été informé de la décision" de la commission d'entériner les résultats, ni avoir reçu "copie du procès-verbal du dépouillement".

Les candidats ont 72 heures après l'annonce des résultats officiels pour déposer un recours devant le tribunal constitutionnel. 

Quatre des 16 membres de la CNE n'ont pas signé les résultats finaux, exprimant des doutes sur le processus électoral. 

Avec la mainmise du MPLA sur l'organisation du scrutin et les médias publics, l'opposition et une partie de l'opinion publique s'étaient inquiétées du risque de fraude à l'issue du scrutin qui s'est tenu mercredi dernier.

Les observateurs étrangers ont fait part la semaine dernière de "préoccupations" à propos notamment des listes électorales. 

L'opposition avait déjà contesté des résultats préliminaires publiés jeudi, qui donnaient également le MPLA vainqueur.

L'Union européenne et les Etats-Unis ont exhorté lundi les autorités électorales angolaises à répondre aux plaintes "de manière équitable et transparente".

Moins de la moitié des quelque 14,4 millions d'inscrits ont participé au vote, où huit partis étaient en lice. 

"Les citoyens n'ont pas l'impression que le changement puisse venir des urnes", explique Marisa Lourenço, analyste politique indépendante basée à Johannesburg. 

"Dialogue et concertation"

Au siège de son parti lundi à Luanda, M. Lourenço s'est félicité d'"une victoire pour l'Angola et les Angolais".

Il a également promis "le dialogue et la concertation" pour son second mandat. Il n'y a pas d'élection présidentielle en Angola, la tête de liste du parti vainqueur aux législatives est investie aux fonctions de chef de l'Etat. 

Le président sud-africain a adressé mardi ses "plus chaleureuses et sincères félicitations" à M. Lourenço. 

"Je suis impatient de travailler avec le président Joao Lourenço pour renforcer les relations bilatérales solides et cordiales entre nos deux pays, ainsi que dans les questions d'intérêt mutuel sur le continent africain et dans notre région", a souligné Cyril Ramaphosa dans un communiqué. 

Le MPLA, qui enregistre son plus bas score (61% en 2017), conserve la majorité absolue au Parlement avec 124 sièges sur 220. Mais il perd la majorité des deux tiers qui lui permettait jusqu'ici de passer des lois sans le soutien d'un autre parti.

Avec des promesses de réformer et d'enrayer pauvreté et corruption, l'opposition a séduit une jeunesse urbaine connectée, notamment dans la circonscription de la capitale où elle a raflé 62,25% des voix.

L'opposition avait déjà contesté les résultats des élections en 2017. La victoire du MPLA et de Joao Lourenço, alors successeur désigné de l'ex homme fort du pays José Eduardo dos Santos, avait été confirmée. 

Accusé d'avoir fait main basse sur des pans entiers de l'économie et notamment la manne pétrolière, dos Santos est mort en juillet à Barcelone. 

Des funérailles nationales ont eu lieu à Luanda la veille de l'annonce des résultats des élections. 

Jamais inquiété par la justice, ses proches ont été visés par une vaste opération anti-corruption lancée par M. Lourenço.

Loyal dauphin, ce dernier avait surpris en limogeant de nombreux dirigeants d'institutions et d'entreprises, ainsi que des chefs de l'appareil sécuritaire proches de l'ex-chef de l'Etat. 

Mais beaucoup jugent que cette campagne a été sélective et politiquement motivée, alimentant les divisions au sein du parti au pouvoir. Le clan dos Santos a dénoncé une "chasse aux sorcières".

le Mardi 30 Août 2022 à 04:15 | Lu 120 fois