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Édouard Fritch : “J'ai le sentiment d'un grand gâchis et d'une duperie”


Tahiti, le 24 novembre 2021 – Au lendemain du dernier soir de négociations dans le cadre du préavis de grève générale, le président Édouard Fritch et son gouvernement au grand complet ont tenu une conférence de presse mercredi pour “rétablir la vérité” sur les négociations et détailler les propositions faîtes aux syndicats. “Il y a eu un jeu de dupes”, dénonce Édouard Fritch, “personne au sein de la délégation syndicale ne voulait éviter cette grève”.
 
C'est un Édouard Fritch passablement remonté qui s'est présenté mercredi en fin de matinée à la présidence pour une conférence de presse sur les négociations sur la grève générale tenues la veille au soir. Entouré de son gouvernement au grand complet, le président du Pays a constaté “l'échec” des cinq jours de négociations menées avec l'intersyndicale signataire du préavis de grève générale CSTP-FO, CSIP, O oe to oe Rima et Otahi. “Chacun a son point de vue”, a concédé le président du Pays, “mais il faut rétablir la vérité”.
 
“J'ai le sentiment d'un grand gâchis et d'une duperie”, a entamé un Édouard Fritch très incisif contre les syndicats de salariés signataires du préavis. “Personne au sein de la délégation syndicale ne voulait éviter cette grève”, a-t-il dénoncé en regrettant “qu'aucun compromis” n'ait été accepté par l'intersyndicale. “Pour dialoguer, il faut être deux. (…) Nous aurions pu faire l'économie de cinq jours de négociations.” Pour le chef de la majorité, cette grève générale débutée mercredi est “un luxe qu'on ne peut pas se permettre” et résulte de “beaucoup d'égoïsme catégoriel”. Résultat, selon Édouard Fritch, “certains petits commerces ne s'en relèveront pas”.
 
Inventaire
 
Le président a ensuite énuméré, point par point, l'état des propositions faîtes au moment de la rupture des négociations mardi à minuit. Sur l'augmentation du Smig, le Pays affirme être allé jusqu'aux 4% demandés par les syndicats avec 2% au 1er décembre, 1% lors de la révision de l'indice des prix en 2022 et 1% à discuter en fin d'année. Sur la caisse chômage, le sujet a été renvoyé “d'un commun accord” à une tripartite avec le patronat. Et sur la protection de l'emploi local “tout est réglé” avec la mise en application et le suivi de la loi du Pays votée récemment.
 
Sur les deux sujets restant en revanche, la réforme de la gouvernance de la CPS et l'obligation vaccinale, le Pays a concédé être globalement “resté sur sa position”. Ferme sur le principe d'un conseil d'administration de la CPS à 15 membres, composé à parts égales de représentants du Pays, des salariés et du patronat, le président du Pays l'est resté également sur le principe de l'obligation vaccinale des soignants, personnes à risques et personnes en contact avec du public. Seule concession sur ce dernier sujet, la proposition d'une réduction de l'amende de 175 000 à 80 000 Fcfp.
 
Et maintenant ?
 
Quelles suites après l'échec de ces négociations ? “Posez-leur la question”, balaie Édouard Fritch. Que deviennent les propositions faites par le gouvernement ? “Ils ont tout refusé”, se défend le président du Pays. “Ils ont choisi l'épreuve de force, sans doute parce que les élections professionnelles débutent dans les entreprises, et qu’il faut montrer ses muscles, montrer ce qu’on pèse. C’est bien regrettable au regard des enjeux.” Pour le Pays, la balle est dans le camp des grévistes. Espérons que ces derniers ne pensent pas la même chose.
 
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 24 Novembre 2021 à 23:03 | Lu 2845 fois