
L’anthropologue Edgar Tetahiotupa est “prêt à aller jusqu’au bout” de sa grève de la faim pour la mise en place d’une zone de pêche protégée de 30 nautiques au large des îles Marquises qui correspond à “la demande du peuple”
Tahiti le 16 juin 2025 - L’anthropologue Edgar Tetahiotupa est “prêt à aller jusqu’au bout” de sa grève de la faim pour la mise en place d’une zone de pêche protégée de 30 nautiques au large des îles Marquises qui correspond à “la demande du peuple”, et non de 15 comme annoncé par le président Moetai Brotherson la semaine dernière à Nice, en marge du l’Unoc3. Il participe à la délégation d’élus des Australes, des Marquises et de représentants de la société civile qui doit être reçue ce mercredi à la présidence pour soutenir cette demande.
Depuis Nice en marge du troisième Sommet de l’ONU sur les océans (Unoc3), le président de la Polynésie française a annoncé, le 6 juin dernier, le renforcement de la protection de notre domaine maritime en instaurant de nouveaux espaces protégés et des zones de pêche règlementées, couvrant 20% de notre ZEE. Ce dispositif comprend notamment la création de zones de pêche règlementées de 15 nautiques autour des îles Marquises, des Gambier et des Australes, et de 30 nautiques au large des îles de la Société. Or, tant aux Australes qu’aux Marquises, cette bande de 15 nautiques entourant les îles est jugée trop mince alors que des consultations de la population et des élus, sur place, ont clairement exprimé le souhait d’une zone de pêche règlementée de 30 nautiques.
C’est pour soutenir cette demande, relayée deux jours plus tôt par un communiqué des maires des îles Marquises et par ceux des Australes, que l’anthropologue Edgar Tetahiotupa a déclaré la semaine dernière entrer en grève de la faim. Et c’est aussi dans ce contexte que l’activiste, les hakaiki, les tāvana des Australes, le collectif marquisien “A Pakaihi te Tai Nui a Tu” et le président du syndicat Rava'ai rau, Marc Atiu, doivent être reçus, ce mercredi, par Moetai Brotherson pour plaider en faveur de leur demande. “Notre projet ce n’est pas simplement d’aller contre (…). On y va avec des propositions pour contenter la plupart des gens. On ne va pas simplement contester pour contester”, explique Edgar Tetahiotupa.
Car, comme il le rappelle, dans la société traditionnelle, la notion de “ariki, arii, hakaiki est celui qui se met à la place de la population”. Et quand “le hakaiki n’était pas bon, on en mettait un autre (…). Et s’il ne plaisait pas à la population on le dégageait.” L’anthropologue explique aussi qu’un des rôles du arii était de “redistribuer les biens (…). C’est ça un arii et c’est cela qu’on attend d’un président (…). On revient à la base et la base c’est le peuple. Et là, le peuple commence à se manifester parce qu’on ne l’a pas écouté. C’est aussi simple que ça.” Aussi, insiste-t-il, “le peuple est proche de la réalité, c’est le peuple qui voit ce qui se passe, ce ne sont pas les gens dans les bureaux.”
Après sept jours de grève de la faim, l’anthropologue activiste se sent “bien”. “Intellectuellement ça va, physiquement ça va. J’économise mon énergie”, dit-il. Cela étant, “je suis prêt à aller jusqu’au bout”, assure-t-il : “Il y a une demande du peuple pour 30 nautiques et elle n’a pas été respectée (…). À un moment donné il faut se bien réveiller.” Et fait que la délégation reçue mercredi à la présidence comprenne aussi les tāvana des Australes est, estime-t-il, “une bonne chose” au lieu que “chacun parte de son côté”.
Depuis Nice en marge du troisième Sommet de l’ONU sur les océans (Unoc3), le président de la Polynésie française a annoncé, le 6 juin dernier, le renforcement de la protection de notre domaine maritime en instaurant de nouveaux espaces protégés et des zones de pêche règlementées, couvrant 20% de notre ZEE. Ce dispositif comprend notamment la création de zones de pêche règlementées de 15 nautiques autour des îles Marquises, des Gambier et des Australes, et de 30 nautiques au large des îles de la Société. Or, tant aux Australes qu’aux Marquises, cette bande de 15 nautiques entourant les îles est jugée trop mince alors que des consultations de la population et des élus, sur place, ont clairement exprimé le souhait d’une zone de pêche règlementée de 30 nautiques.
C’est pour soutenir cette demande, relayée deux jours plus tôt par un communiqué des maires des îles Marquises et par ceux des Australes, que l’anthropologue Edgar Tetahiotupa a déclaré la semaine dernière entrer en grève de la faim. Et c’est aussi dans ce contexte que l’activiste, les hakaiki, les tāvana des Australes, le collectif marquisien “A Pakaihi te Tai Nui a Tu” et le président du syndicat Rava'ai rau, Marc Atiu, doivent être reçus, ce mercredi, par Moetai Brotherson pour plaider en faveur de leur demande. “Notre projet ce n’est pas simplement d’aller contre (…). On y va avec des propositions pour contenter la plupart des gens. On ne va pas simplement contester pour contester”, explique Edgar Tetahiotupa.
Car, comme il le rappelle, dans la société traditionnelle, la notion de “ariki, arii, hakaiki est celui qui se met à la place de la population”. Et quand “le hakaiki n’était pas bon, on en mettait un autre (…). Et s’il ne plaisait pas à la population on le dégageait.” L’anthropologue explique aussi qu’un des rôles du arii était de “redistribuer les biens (…). C’est ça un arii et c’est cela qu’on attend d’un président (…). On revient à la base et la base c’est le peuple. Et là, le peuple commence à se manifester parce qu’on ne l’a pas écouté. C’est aussi simple que ça.” Aussi, insiste-t-il, “le peuple est proche de la réalité, c’est le peuple qui voit ce qui se passe, ce ne sont pas les gens dans les bureaux.”
Après sept jours de grève de la faim, l’anthropologue activiste se sent “bien”. “Intellectuellement ça va, physiquement ça va. J’économise mon énergie”, dit-il. Cela étant, “je suis prêt à aller jusqu’au bout”, assure-t-il : “Il y a une demande du peuple pour 30 nautiques et elle n’a pas été respectée (…). À un moment donné il faut se bien réveiller.” Et fait que la délégation reçue mercredi à la présidence comprenne aussi les tāvana des Australes est, estime-t-il, “une bonne chose” au lieu que “chacun parte de son côté”.
“Faire un monde océanien pour la protection de l’océan et des Océaniens”
La semaine dernière, était une semaine dense pour l’anthropologue. Il a passé trois jours à Fare Hape dans la vallée de Papenoo avec l’association Haururu et le service de l’Éducation pour former les enseignants en reo, sous forme d’immersion. “C’est très bien pour apprendre la culture et les langues polynésiennes car on parle la langue, on parle la culture et on lit la culture. On est complètement dedans.”
Des projets, Edgar Tetahiotupa en a plein la tête à l’instar d’un chant lyrique en marquisien inspiré de “Soave sia in vento” de Mozart pour l’arrivée de la pirogue Hōkūle’a, le 28 juin prochain “en concertation avec les arts traditionnels”. Il doit ensuite, à Mataiea, participer à une conférence sur le va’a, toujours en relation avec le Hōkūle’a. Edgar Tetahiotupa a rappelé que lors de la treizième édition du Festival des arts et de la culture du Pacifique (FestPac) à Hawaii, il a été question “d’inscrire le va’a à l’Unesco en tant que bien immatériel (…). L’approche du va’a ce n’est pas simplement l’embarcation, c’est tout une conception du monde polynésien. Comment est-ce que le Polynésien conçoit le va’a. Lorsqu’on parle de va’a mata’einaa on est sur la terre. Et c’est tout cela qu’on essaie de mettre au clair pour que les gens puissent bien comprendre. Et ensuite mobiliser les gens du Pacifique, notamment les navigateurs, à ce genre d’approches. L’idée c’est de faire un monde océanien pour la protection de l’océan et des Océaniens.”
L’anthropologue marquisien rappelle que le va’a est un instrument qui relie nos îles entre elles et “c’est le lien entre tous les peuple polynésiens”. Ce dernier a également deux textes à publier relatifs au matari’i dans le Bulletin des études océaniennes.
Des projets, Edgar Tetahiotupa en a plein la tête à l’instar d’un chant lyrique en marquisien inspiré de “Soave sia in vento” de Mozart pour l’arrivée de la pirogue Hōkūle’a, le 28 juin prochain “en concertation avec les arts traditionnels”. Il doit ensuite, à Mataiea, participer à une conférence sur le va’a, toujours en relation avec le Hōkūle’a. Edgar Tetahiotupa a rappelé que lors de la treizième édition du Festival des arts et de la culture du Pacifique (FestPac) à Hawaii, il a été question “d’inscrire le va’a à l’Unesco en tant que bien immatériel (…). L’approche du va’a ce n’est pas simplement l’embarcation, c’est tout une conception du monde polynésien. Comment est-ce que le Polynésien conçoit le va’a. Lorsqu’on parle de va’a mata’einaa on est sur la terre. Et c’est tout cela qu’on essaie de mettre au clair pour que les gens puissent bien comprendre. Et ensuite mobiliser les gens du Pacifique, notamment les navigateurs, à ce genre d’approches. L’idée c’est de faire un monde océanien pour la protection de l’océan et des Océaniens.”
L’anthropologue marquisien rappelle que le va’a est un instrument qui relie nos îles entre elles et “c’est le lien entre tous les peuple polynésiens”. Ce dernier a également deux textes à publier relatifs au matari’i dans le Bulletin des études océaniennes.