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Éboulement mortel à Afaahiti 


Tahiti, le 26 novembre 2025 - Ce mercredi, un glissement de terrain a emporté deux maisons au PK 3,800, à Afaahiti. D’importants moyens des communes, du Pays et de l’État ont été déployés pour mener les opérations de recherches, compliquées par un second éboulement. À la reprise des interventions, quatre corps ont été sortis des décombres. Les opérations doivent se poursuivre dans la nuit et sur plusieurs jours pour retrouver quatre autres personnes, dont un enfant. En parallèle, 29 foyers ont été évacués par mesure de sécurité. Une cellule de prise en charge psychologique a été activée. 
 

Le réveil a été brutal dans le quartier de l’ancienne piscine Te Honu, ce mercredi, aux alentours de 5 heures. “J’ai entendu un fort bruit, vraiment très fort et inhabituel, avec plein de poussière. Quand j’ai ouvert mon portail, j’ai compris que c’était grave quand j’ai vu une maison qui était descendue dans le chemin”, témoigne une riveraine côté mer. Un voisin immédiat de la catastrophe, côté montagne, confirme : “J’étais en train de me préparer pour aller au travail, quand j’ai entendu ce bruit assourdissant et ce tremblement. J’ai aidé à évacuer des voisins qui ont des dégâts matériels, mais qui sont sains et saufs.”  

Un pan de la montagne s’est effondré sur environ 200 mètres de large et 30 mètres de haut, emportant et ensevelissant deux maisons. La chaîne des secours s’est rapidement mise en place avec la mobilisation de 40 sapeurs-pompiers du sud de Tahiti et de la zone urbaine, 30 policiers municipaux, 20 gendarmes et 30 militaires du RIMaP-Polynésie. Plusieurs camions et dragues des services publics et d’entreprises privées sont intervenus sur place. Des drones et l’hélicoptère Dauphin ont été exploités en soutien aérien, ainsi qu’un radar, une caméra endoscopique et deux chiens militaires. Coordonnés par le Samu, des moyens médicaux ont été déployés pour la prise en charge des victimes, mais aussi des éventuels blessés parmi les secours, ainsi que des familles avec l’activation d’une cellule d’aide psychologique.


Vigilance accrue


Lors du point de situation réalisé vers 10 heures, les recherches portaient sur neuf personnes. Le haut-commissaire, Alexandre Rochatte, entouré des chefs des équipes de secours, avait souligné la dangerosité du site en raison de l’observation de plusieurs répliques : “Rien n’est stable, ça va prendre énormément de temps : il en va de la sécurité des gens qui interviennent et des gens qui sont potentiellement à l’intérieur”, annonçait-il, envisageant 24 à 48 heures d’intervention, voire plus. Le colonel Olivier Lhote, directeur adjoint de la protection civile (DPC), évoquait “un chantier difficile sur un terrain mouvant”, raison pour laquelle le choix a été fait d’avancer avec “prudence”.   

Ces craintes étaient fondées puisqu’une heure plus tard, un second éboulement de grande ampleur s’est produit tandis que six dragues étaient à la manœuvre. Les engins ont été “emportés par une masse de terre” sans faire de blessé. “On sait qu’on prend des risques, mais il faut bien sortir les gens de là !”, témoignait un chauffeur, prêt à y retourner. Le déblaiement et les recherches ont repris dans la servitude voisine vers 14 heures, après une extension du périmètre de sécurité et une réorganisation du dispositif : le poste de commandement et le poste médical avancé ont été déplacés côté mer. Suite à une expertise géologique, des mesures de surveillance visuelles et aériennes ont également été mises en œuvre pour lancer l’alerte au moindre doute.  


Enquête pour homicide involontaire


Assez rapidement, quatre premières victimes ont été extraites des décombres. Elles sont malheureusement décédées. Dans un communiqué, le parquet a confirmé vers 17 heures l’information, précisant qu’il s’agit de “deux hommes et deux femmes, tous adultes”. Toujours selon le parquet, quatre autres personnes sont encore recherchées, dont un enfant. La poursuite des opérations de recherche de nuit avec des moyens d’éclairage a été confirmée tant que les conditions météorologiques et de sécurité du site le permettent. Les autorités rappellent à la population de ne pas se rendre sur place et de respecter strictement les consignes de sécurité, afin de ne pas gêner l’action des secours. 

Fragilité due aux fortes pluies, à des travaux ou à d’autres facteurs ? Face à l’étendue de la catastrophe, la question est dans tous les esprits. La procureure de la République, Solène Belaouar, a ouvert “dès ce matin une enquête judiciaire du chef d’homicide involontaire afin de déterminer les circonstances ayant conduit à un éboulement touchant plusieurs habitations à Afaahiti". Cette enquête a été confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie nationale en Polynésie française.  

En début de soirée, le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, a annoncé sur l’antenne de Polynésie La 1ère que les drapeaux seront mis en berne jeudi matin sur tout le territoire. Une minute de silence sera observée à 8 heure du matin et une messe œcuménique sera dite prochainement. 


Le quartier évacué 

Au total, ce sont 29 logements, 50 personnes et de nombreux animaux de compagnie qui ont été évacués en urgence dans le secteur. “On est inquiet, surtout pour nos voisins qui sont ensevelis. À notre niveau, on ne sait pas pour combien de temps on part. On a pris le strict minimum”, confiaient Pascal et Christelle. Lors du point de situation de la matinée, le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, annonçait que les familles concernées étaient prises en charge par la commune et les services du Pays, dont la DSFE et l’OPH. Des logements vacants dans les nouveaux lotissements de Afaahiti et Tautira ont été proposés, ou le centre Teaputa de Taravao. C’est le choix qu’a fait Tepua, vêtue d’un simple pāreu et sa nièce dans les bras, pour pouvoir prendre en charge ses animaux : “Nous sommes quatre adultes et deux enfants. Heureusement que nous sommes vite sortis, car la terre se rapproche de plus en plus”


Cellule d’information du public 

La Cellule d’information du public (CIP) est activée pour informer les familles et la population. Elle est joignable au 444 210. 



Retour sur une journée noire pour la Polynésie 



6 heures : Un important éboulement s'est produit ce mercredi matin, vers 5 heures, au fond du quartier bordant l'ancienne piscine Te Honu. Selon les premières informations recueillies sur place, au moins deux maisons avaient été ensevelies ou emportées. Les opérations de recherche sont en cours par les pompiers de Taiarapu-Est renforcés par les casernes voisines, en lien avec la Direction de la protection civile (DPC) et sous protection de la gendarmerie, pour retrouver des occupants.  Selon le maire de Taiarapu-Est, au moins cinq personnes étaient impliquées.

9 heures : Un hélicoptère Dauphin des Forces armées en Polynésie française (FAPF) a été mobilisé pour appuyer les opérations de secours au sol. Selon le Pays, deux maisons sont ensevelies, 12 foyers ont été évacués et ce sont 9 personnes qui manquent à l’appel.

10 heures : Les investigations sont menées avec "prudence" avec des pelleteuses, deux chiens militaires, un radar et une caméra endoscopique. "Rien n'est stable, ça va prendre énormément de temps : il en va de la sécurité des gens qui interviennent et des gens qui sont potentiellement à l'intérieur", précise le haut-commissaire, Alexandre Rochatte, accompagné du président Moetai Brotherson et des responsables des équipes de secours, qui envisagent déjà de rester sur place pendant 24 à 48 heures, voire plus.
En parallèle, 12 maisons ont été évacuées par mesure de sécurité.

11 heures : Des engins sont  emportés par un nouvel éboulement sans faire de victime. "On sait qu'on prend des risques, mais il faut bien sortir les gens de là-dessous ! On attend le feu vert pour continuer à intervenir".

13h30 : La Présidence informe que par mesure de sécurité, les opérations de sauvetage sont temporairement suspendues suite au second éboulement constaté à 11h.

15 heures : Les recherches viennent de reprendre. 

15h30 : Deux corps sont extraits des décombres des maisons ensevelies.

17 heures : Quatre corps sans vie ont déjà été retirés des décombres des maisons enfouies. La procureure de la République, Solène Belaouar explique avoir ouvert "une enquête judiciaire du chef d’homicide involontaire afin de déterminer les circonstances ayant conduit à un éboulement". Quatre  personnes sont encore recherchées, dont un enfant.

18 heures :  Les opérations engagées se poursuivent tout au long de la nuit, tant que les conditions météorologiques et de sécurité du site le permettent.

19 heures :  Le président du Pays, Moetai Brotherson, annonce que les drapeaux seront mis en berne jeudi matin sur toute la Polynésie française, qu'une minute de silence sera observée à 8h jeudi et qu'une messe oeucuménique sera dite prochainement.


Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 26 Novembre 2025 à 19:02 | Lu 4110 fois