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E. Macron ne déposera pas de gerbe au "mémorial des 19" à Ouvéa


Ouvea, France | AFP | samedi 04/05/2018 - Le président de la République Emmanuel Macron a déclaré à la presse lors de son arrivée samedi matin à Ouvéa en Nouvelle-Calédonie qu'il ne déposerait pas de gerbe sur la tombe des 19 kanak tués lors de l'assaut de la grotte en 1988, compte tenu des voix "dissidentes" sur sa venue.

"J'accompagnerai les familles dans le recueillement mais je ne mettrai pas moi-même une couronne. C'est un geste qui peut paraitre symbolique mais qui, me semble-t-il, (...) est de nature à montrer qu'on entend cette voix dissidente", a-t-il déclaré après s'être posé à l'aérodrome de cet atoll de 3.400 habitants.

"(Cela) permettra aussi d'apaiser tout le monde, de tourner une page en continuant dans ces mémoires partagées de marquer la présence de la République, également déclaré M. Macron.

Il a précisé que cette décision avait été prise "après concertation" et qu'il "avait entendu la voix de Macky Wéa", le leader du Collectif de Gossanah, tribu où se trouve la grotte, qui a mené la fronde contre la venue d'Emmanuel Macron, la qualifiant de "provocation".

Premier chef de l'Etat à se rendre à Ouvéa, M. Macron a souligné que sa visite intervenait "à une date hautement symbolique" puisque l'assaut militaire contre la grotte, où des gendarmes étaient retenus en otages par des militants indépendantistes, a eu lieu le 5 mai 1988.

Entouré des élus locaux et des responsables coutumiers kanak d'Ouvéa, le chef de l'Etat a entamé son itinéraire par la gendarmerie de Fayaoué où il a déposé une gerbe sur la stèle à la mémoire des quatre gendarmes tués le 22 avril lors de l'attaque de la brigade, et des deux militaires, morts pendant l'assaut.

-Marseillaise et hymne calédonien-
Des élèves du collège ont ensuite entonné la Marseillaise puis l'hymne calédonien dans l'enceinte de cette petite brigade, située face au lagon de cet atoll, parmi les plus beaux du Pacifique.

Emmanuel Macron devait ensuite s'entretenir avec les familles des gendarmes en poste à Ouvéa où depuis 20 ans gendarmes et habitants, et notamment ceux de Gossannah, ont trouvé les chemins de la réconciliation.

La majeure partie des habitants était favorable à l'accueil d'Emmanuel Macron et certains le lui ont fait savoir en déroulant au bord de la seule route une banderole "Bienvenue Monsieur le président".

"Je lui tire mon chapeau, ça fait trente ans qu'il y a eu les événements, il n'y a que lui qui a foulé le sol d'Ouvea. (...) La France vient s'agenouiller pour nos martyrs, c'est pas n'importe quoi", a confié à l'AFP Kaco, un habitant de la tribu de Banutr, qui jouxte l'aérodrome.

Le chef de l'Etat s'est ensuite rendu à la chefferie de Hwadrilla, où furent assassinés en 1989 les deux leaders kanak, Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné, par un séparatiste radical de Gossanah, opposé à la paix des accords de Matignon, signés le 26 juin 1988.

Comme le veut la tradition ancestrale kanak, il a participé à un geste coutumier, échange d'offrande - tissus et végétaux déposés sur une natte.

cw-caz/dar


Rédigé par () le Vendredi 4 Mai 2018 à 15:55 | Lu 562 fois