Tahiti, le 19 février - Le procès du septuagénaire poursuivi pour meurtre s'est achevé mardi au terme de deux jours de débats. L'avocat général avait requis cinq ans de prison, "assortis en totalité ou en partie" du sursis à l'encontre du vieil homme accusé du meurtre d'un jeune père de famille à Marokau le 20 décembre 2015. Les jurés n'ont pas retenu l'intention de tuer et ont finalement acquitté le septuagénaire.
Au terme de deux jours de procès devant la cour d’assises de Papeete, le septuagénaire poursuivi pour meurtre a finalement été acquitté par les jurés qui ont retenu la thèse de la légitime défense. L’avocat général avait requis mardi cinq ans de prison, « assortis en totalité ou en partie » du sursis à son encontre.
Le 20 décembre 2015 à Marokau dans les Tuamotu, cet ancien mécanicien avait porté deux coups de lance à cochons au compagnon de sa nièce alors que cette dernière, victime de violences conjugales, s’était réfugié à son domicile. Entendu, l’accusé avait reconnu les faits en affirmant qu’il avait été frappé par la victime et qu’il s’était donc saisi de l’arme pour se « défendre ». Dans la mesure où il n’y avait aucun témoin direct de la scène, plusieurs hypothèses pouvaient être retenues.
Au second et dernier jour de ce procès mardi, les avocats des différentes parties, se sont donc attelés à développer et à défendre ces hypothèses, de celle du « crime d’orgueil » à celle de la légitime défense.
Au terme de deux jours de procès devant la cour d’assises de Papeete, le septuagénaire poursuivi pour meurtre a finalement été acquitté par les jurés qui ont retenu la thèse de la légitime défense. L’avocat général avait requis mardi cinq ans de prison, « assortis en totalité ou en partie » du sursis à son encontre.
Le 20 décembre 2015 à Marokau dans les Tuamotu, cet ancien mécanicien avait porté deux coups de lance à cochons au compagnon de sa nièce alors que cette dernière, victime de violences conjugales, s’était réfugié à son domicile. Entendu, l’accusé avait reconnu les faits en affirmant qu’il avait été frappé par la victime et qu’il s’était donc saisi de l’arme pour se « défendre ». Dans la mesure où il n’y avait aucun témoin direct de la scène, plusieurs hypothèses pouvaient être retenues.
Au second et dernier jour de ce procès mardi, les avocats des différentes parties, se sont donc attelés à développer et à défendre ces hypothèses, de celle du « crime d’orgueil » à celle de la légitime défense.
"Absolue nécessité de vivre ensemble"
Premier avocat à prendre la parole pour les parties civiles, Me Antz, qui représentait l’ex compagne de la victime ainsi que leurs deux enfants, s’est tout d’abord longuement attaché à décrire la vie à Marokau, un atoll « désertique », « isolé » et « aride » ou l’on cultive le coprah. Un petit atoll des Tuamotu où la population est « scindée en deux groupes », le premier comportant les « retraités » et les « employés municipaux », qui gagnent leur vie, et le second, composé de « ceux qui n’ont rien » et qui vivent dans « la précarité ». « Vivre à Marokau, c’est attendre que le soleil se lève puis se couche », a affirmé l’avocat lors de sa plaidoirie en rappelant que si tout avait « basculé » sur cet atoll après le drame, l’« absolue nécessité de continuer à vivre ensemble » l’avait emporté.
L’avocat a ensuite abordé le fond du dossier en livrant sa version des faits et en essayant surtout de démonter la thèse de la légitime défense : « Le conseil de l’accusé va nous expliquer que tout cela n’est qu’une suite de circonstances malheureuses mais il ne s’agit pas ici de légitime défense. Si la victime était arrivée avec un couteau et avait voulu faire du mal à un tiers, nous aurions été dans la thèse de la légitime défense ». Selon Me Antz, il est « clair » que la victime n’avait pas agressé l’accusé mais que ce dernier a porté les coups de lance car il s’est senti « profondément humilié et vexé » de ne pas avoir su interdire l’entrée d’un homme au sein de son foyer. Pour l’avocat, les dix minutes écoulées entre la première scène de violence et les coups mortels sont « fondamentales » puisqu’elles ont permis à l’accusé d’entretenir une « colère froide » qui a abouti à un « crime d’orgueil » et « rien d’autre » que cela.
L’avocat a ensuite abordé le fond du dossier en livrant sa version des faits et en essayant surtout de démonter la thèse de la légitime défense : « Le conseil de l’accusé va nous expliquer que tout cela n’est qu’une suite de circonstances malheureuses mais il ne s’agit pas ici de légitime défense. Si la victime était arrivée avec un couteau et avait voulu faire du mal à un tiers, nous aurions été dans la thèse de la légitime défense ». Selon Me Antz, il est « clair » que la victime n’avait pas agressé l’accusé mais que ce dernier a porté les coups de lance car il s’est senti « profondément humilié et vexé » de ne pas avoir su interdire l’entrée d’un homme au sein de son foyer. Pour l’avocat, les dix minutes écoulées entre la première scène de violence et les coups mortels sont « fondamentales » puisqu’elles ont permis à l’accusé d’entretenir une « colère froide » qui a abouti à un « crime d’orgueil » et « rien d’autre » que cela.
Nécessité, immédiateté et proportionnalité
Succédant à Me Antz, l’avocate des parents de la victime, Me Armour-Lazzari a, elle aussi, évoqué la vie à Marokau ou l’on se doit de « vivre ensemble » et de faire preuve de «solidarité ». Ce « vivre ensemble » brisé par le geste d’un accusé qui avait la « volonté de faire du mal ». Tout comme son confrère, l’avocate s’est attaquée à la thèse de la légitime défense en affirmant que les éléments qui caractérisent cette dernière – la nécessité, l’immédiateté et la proportionnalité- ne ressortaient aucunement du dossier.
Même son de cloche chez l’avocat général qui a, lors de ses réquisitions, appuyé la thèse d’une mort intentionnelle : « Lors de la reconstitution, l’accusé dira avoir piqué une première fois en direction du cœur et, une seconde fois, en bas du dos. Nous sommes donc très loin de la thèse de l’accident et tout aussi loin de celle de la légitime défense ». S’adressant, le représentant du ministère public a ensuite longuement souligné les violences subies par la victime : « Il ne faudra pas oublier que c’est un chasseur qui a, ce jour-là, frappé un homme. Un chasseur qui connaît les coups qui blessent et ceux qui neutralisent. Il ne faudra pas oublier non plus qu’il a frappé à deux reprises dans des zones vitales, dans la région du cœur tout d’abord, puis dans celle des reins. »
Même son de cloche chez l’avocat général qui a, lors de ses réquisitions, appuyé la thèse d’une mort intentionnelle : « Lors de la reconstitution, l’accusé dira avoir piqué une première fois en direction du cœur et, une seconde fois, en bas du dos. Nous sommes donc très loin de la thèse de l’accident et tout aussi loin de celle de la légitime défense ». S’adressant, le représentant du ministère public a ensuite longuement souligné les violences subies par la victime : « Il ne faudra pas oublier que c’est un chasseur qui a, ce jour-là, frappé un homme. Un chasseur qui connaît les coups qui blessent et ceux qui neutralisent. Il ne faudra pas oublier non plus qu’il a frappé à deux reprises dans des zones vitales, dans la région du cœur tout d’abord, puis dans celle des reins. »
"Eléments objectifs"
Avant de requérir cinq ans de prison, « assortis en totalité ou en partie » de sursis et dix ans d’interdiction de paraître à Makorau, l’avocat général a indiqué qu’il fallait tout de même «reconnaître à l’accusé des circonstances tenant au déroulement des faits, aux motifs de son action ou à son histoire personnelle qui justifieraient une application moins stricte de la loi » et de faire « peser » ces circonstances.
Sans grande surprise, l’avocat de la défense, Me Neuffer, s’est quant à lui attelé lors de sa plaidoirie à établir la thèse de la légitime défense en taclant au passage la « faiblesse » de la peine requise. « On veut nous faire croire que mon client a volontairement donné la mort à un jeune homme de 23 ans. Mais ce n’est pas ce que dit le dossier. Cette analyse subjective écarte les éléments objectifs. » Selon l’avocat, l’accusé a été « agressé » par la victime le soir des faits. Il a été « attaqué » une « première fois » et a reçu « plusieurs coups ». Alors qu’il récupérait après être tombé au sol, il a entendu que la victime revenait et a pris peur. « Qui aurait-il pu appeler au secours à cette heure ou tout le monde dormait déjà sur l’atoll ? Sa maison se situe dans la cocoteraie à l’extérieur du village et il savait que personne ne viendrait l’aider. Il n’y a aucun élément intentionnel dans ces faits, mon client a juste ressenti une peur vitale pour lui, sa femme et leur petit-fils ».
Sans grande surprise, l’avocat de la défense, Me Neuffer, s’est quant à lui attelé lors de sa plaidoirie à établir la thèse de la légitime défense en taclant au passage la « faiblesse » de la peine requise. « On veut nous faire croire que mon client a volontairement donné la mort à un jeune homme de 23 ans. Mais ce n’est pas ce que dit le dossier. Cette analyse subjective écarte les éléments objectifs. » Selon l’avocat, l’accusé a été « agressé » par la victime le soir des faits. Il a été « attaqué » une « première fois » et a reçu « plusieurs coups ». Alors qu’il récupérait après être tombé au sol, il a entendu que la victime revenait et a pris peur. « Qui aurait-il pu appeler au secours à cette heure ou tout le monde dormait déjà sur l’atoll ? Sa maison se situe dans la cocoteraie à l’extérieur du village et il savait que personne ne viendrait l’aider. Il n’y a aucun élément intentionnel dans ces faits, mon client a juste ressenti une peur vitale pour lui, sa femme et leur petit-fils ».