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Don d’organes : parlons-en !


Une journée polynésienne pour ancrer localement la question du don d’organes (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Une journée polynésienne pour ancrer localement la question du don d’organes (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 27 avril 2025 – La première journée polynésienne du don d’organes s’est tenue ce samedi, au parc Paofai, sous l’impulsion du CHPF et de l’association Un don de vie. L’occasion d’encourager tout un chacun à partager son point de vue avec ses proches pour inverser la tendance en Polynésie, où le don de reins a atteint un taux record de refus l’an dernier, souvent par défaut.

 
C’est avec un māpē, fruit de l’arbre du même nom faisant référence au rein, que le prêtre traditionnel Raymond Graffe a livré un aperçu des légendes ancestrales de la création, ce samedi, au parc Paofai, à l’occasion de la première journée polynésienne du don d’organes. “Les différentes parties de l’être humain viennent des plantes”, explique-t-il. “Me concernant, je suis d’accord. J’ai déjà fait un document et ma famille est au courant de mon avis sur le sujet pour que je puisse sauver un autre être humain à ma mort, ou un proche de mon vivant si l’occasion se présente”, confie le parrain de l’événement.
 
Deux représentants de confession catholique et protestante ont également pris la parole. “La religion n’est pas contre le don d’organes : au contraire, c’est l’acte de générosité ultime”, souligne Anaïs Daniel-Amoros, infirmière coordinatrice du don d’organes au CHPF et chargée de projets à l’association Un don de vie. “L’idée, c’est d’ancrer le don d’organes en Polynésie, en plus des journées mondiale et nationale. À Tahiti, ça ne concerne pour l’instant que le don de reins. Depuis le début de l’activité en 2013, 170 greffes ont été réalisées, en sachant que les vingt années d’évasans qui ont précédé avaient permis de faire 105 greffes. C’est une activité qui a tout son sens sur le territoire.”
 

La cérémonie d’ouverture a été marquée par une approche culturelle de Raymond Graffe.
La cérémonie d’ouverture a été marquée par une approche culturelle de Raymond Graffe.

Inverser la tendance


Ces chiffres encourageants sont contrebalancés par un manque de donneurs. “L’année dernière, on a eu un taux record de 71 % de refus. La principale raison, c’est la méconnaissance du sujet. Quand les familles ne savent pas, elles préfèrent dire non en cas de décès, en sachant qu’on peut aussi donner de son vivant. Notre message est simple : quel que soit votre choix, dites-le. C’est encore tabou de parler de la mort, donc on essaie de dédramatiser le sujet”, poursuit la professionnelle et bénévole.
 
Dans cette optique, plusieurs stands d’information, complétés par des animations culturelles et sportives, étaient au programme. L’occasion d’entendre le message de soutien de Miss Tahiti, Temanava Domingo, mais aussi de personnes directement concernées par le sujet, comme Alexandre Philbois, vice-président de l’association Un don de vie. “Je sais que je suis donneur depuis la médiatisation de la première greffe cardiaque en 1967, en Afrique du Sud. Mon épouse, que j’ai perdue suite à un AVC, était aussi donneuse. Ça a été ‘facile’ de dire oui parce que son choix était clair. Quand on est en deuil, on ne veut pas penser à ça, d’où cette journée pour encourager les gens à verbaliser leur choix avant. Je sais aujourd’hui qu’elle a sauvé deux personnes dyalisées”, confie-t-il.
 
Plusieurs membres du gouvernement étaient également au rendez-vous, dont le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, déterminé à aller de l’avant sur le sujet : “Il faut en parler, comme lors de cette journée polynésienne, mais aussi dans les familles, dans les églises, dans les établissements. C’est une politique de communication forte que nous allons mener”.
 

Poia Huitoofa, 68 ans, greffée et membre de l’association Transhépate : “Le don m’a sauvé la vie”

“J’ai été greffée du foie le 20 janvier 2004. J’ai eu une pleurésie, et entre les traitements, j’ai attrapé une hépatite. J’ai eu de la chance, car on m’a trouvé rapidement un foie compatible. Ça n’a pas été facile, car j’ai dû partir pour me faire opérer, mais j’avais la force et l’envie de vivre. Mon soutien, ça a été ma famille, mon mari et mes enfants, et aussi le Seigneur. Le don m’a sauvé la vie ! Mon message, c’est d’encourager les gens à être favorables au don d’organes pour donner à d’autres la chance de vivre.” 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Dimanche 27 Avril 2025 à 16:46 | Lu 1147 fois