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Développement en Océanie : l’ "Alter-Forum" prend forme


Le Premier ministre Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama à la tribune : attaques contre le Forum des Îles du Pacifique. (Source photos : ministère fidjien de l’information)
Le Premier ministre Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama à la tribune : attaques contre le Forum des Îles du Pacifique. (Source photos : ministère fidjien de l’information)
NADI, lundi 5 août 2013 – Le gouvernement des îles Fidji a ouvert, lundi, la première édition d’un sommet régional baptisé "Forum pour le Développement des Îles du Pacifique" (Pacific Islands Development Forum, PIDP), en présence de représentants de gouvernements de la région et au-delà, avec comme objectif afficher de marquer un tournant dans les manières d’border les problématiques océaniennes.

Lors des cérémonies d’ouverture de cette réunion internationale, à Nadi (Fidji), le gouvernement hôte, par la voix de son Premier ministre Contre-amiral Franck Bainimarama, a rappelé de précédentes éditions, en mode prémices, tenues depuis 2010 à Fidji et qui, déjà, faisaient mine de poser ce nouveau groupement régional en alternative au traditionnel Forum des Îles du Pacifique (FIP), organisation fondée au début des années 1970 et considérée comme la voix politique du Pacifique.

Depuis mai 2009, le gouvernement fidjien issu du putsch de décembre 2006 a été suspendu du FIP, pour cause de non-retour rapide à la démocratie.

Depuis, le gouvernement de Suva annonce des élections pour le dernier trimestre 2014, mais accuse aussi régulièrement les deux grands voisins régionaux, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, d’exercer une influence excessive dans les affaires du FIP.

Dès l’entame, dans son discours d’ouverture, le Contre-amiral a qualifié le FIP d’organisation "dominée par quelques-uns" de ses membres. "Trop souvent, ce genre de réunion se termine par de jolis mots et des déclarations officielles qui ne se traduisent pas nécessairement par des actes", a-t-il poursuivi.

Attaques frontales sur le Forum des Îles du Pacifique

Il a par ailleurs estimé que le lancement de ce PIDF marquait le début d’une "nouvelle ère" en matière de coopération régionale, avec comme idées-force la "solidarité" et "l’amitié".

L’homme fort de Suva a aussi rappelé que le concept de PIDF était né de la dernière réunion d’une forme embryonnaire de ce groupement, une série de réunions baptisées "s’engager pour le Pacifique".

Les représentants de gouvernements alors présents, en août 2012, avaient chargé Fidji de mettre sur les rails la forme développée de ces rencontres, en incluant aussi des représentants de la société civile et des acteurs économiques.

"La structure régionale existante au cours des quatre décennies passées, le Forum des Îles du Pacifique, ne représente que les gouvernements. Elle est aussi devenue dominée par quelques-unes (de ses membres). Trop souvent, elle ne représente plus vraiment nos intérêts et nos besoins", a lancé le Contre-amiral, tout en regrettant l’absence de "certains pays du Pacifique (…) qui ont choisi de considérer ce Forum comme un événement politique, plutôt que de saisir son véritable but : s’attaquer à la menace très réelle à laquelle nos peuples pourraient être confrontés".

Le thème de ce premier PIDF est "Gouvernance, innovation et partenariat pour des économies océaniennes vertes et bleues".

Parmi les dirigeants présents : l’invité d’honneur, Xanana Gusmao, Premier ministre et ancien Président du Timor oriental.
M. Gusmao, dans son discours, a pour sa part souligné les menaces auxquelles l’Océanie se trouvait confrontée.

Face à ce genre de défis, le plus souvent liés aux menaces environnementales, "cela ne nous intéresse pas d’entrer dans le débat quant à savoir quelle est la cause des changements climatiques. Ils se produisent et, pour nous, la montée du niveau des océans est un danger réel et immédiat. Cela ne nous intéresse pas d’entendre les excuses des pays émetteurs de carbone, qui essaient, égoïstement, de protéger leurs économies en refusant de signer les protocoles de limitations des émissions. Ils doivent agir et ils doivent agir maintenant", a renchéri M. Bainimarama.

Les pays de la zone représentés comprennent aussi bien l’Australie et la Nouvelle-Zélande, que les îles Salomon, Guam, les États Fédérés de Micronésie, Kiribati, Nauru, Tonga, Vanuatu et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais aussi des représentants de plus d’une vingtaine de pays (océaniens ou pas), dont certains, observateurs, sont chinois, russes, koweïtiens, qatari, argentins ou cubains.
Certains représentants d’organisations régionales telles que le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (et son Directeur Général, Jimmie Rodgers), mais aussi des diplomates (dont ceux de la France) et des universitaires, sont aussi présents.

Cette première édition du PIDF doit se poursuivre jusqu’en milieu de semaine.

Entre-temps, Murray McCully, ministre néo-zélandais des affaires étrangères, entamait lundi un déplacement officiel dans les pays les plus liés à Wellington : Samoa et les îles Cook.
Objectif officiel : tenir une série de réunions en vue de faire le point sur les programmes de coopération bilatérale, mais aussi préparer le prochain sommet annuel des dirigeants du Forum des Îles du Pacifique, prévu pour avoir lieu, cette année, aux îles Marshall, du 3 au 6 septembre 2013.

Henry Puna, Premier ministre des îles Cook, est toujours, jusque là, le Président en exercice du FIP.
À Samoa, la Nouvelle-Zélande finance plusieurs projets liés aux énergies renouvelables, à l’assainissement et à l’adduction d’eau.
Samoa, pour sa part, doit accueillir en 2014 la troisième conférence mondiale des petits États insulaires en développement (Small Island Developing States, SIDS), et attend à cette occasion plus de trois mille délégués.
Mercredi 7 août 2013, c’est le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Peter O’Neill, qui est attendu à Wellington pour des entretiens avec son homologue néo-zélandais, John Key.

Au menu des discussions : des questions économiques et d’échanges commerciaux ainsi que les programmes de développement financés par Wellington dans ce pays mélanésien peuplé de sept millions d’habitants.
À l’occasion de cette visite, les locaux rénovés de la Haute-commission (ambassade) papoue à Wellington seront inaugurés, a précisé le chef de l’exécutif néo-zélandais.

Rédigé par PAD (Flash d’Océanie) le Lundi 5 Août 2013 à 05:54 | Lu 639 fois