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Deux ans pour la mule qui a donné Alfonsi


PAPEETE, le 22 octobre 2019 - Une mule américano-vénézuélienne de 39 ans a été condamnée hier par le tribunal correctionnel à deux ans de prison ferme. La jeune femme, qui avait été interpellée en octobre 2018 en possession de 642 grammes d’ice à l’aéroport de Tahiti-Faa’a, est celle qui a notamment permis l’arrestation du multirécidiviste et trafiquant notoire, Tamatoa Alfonsi.

Le tribunal a retracé hier le singulier parcours d’une primo-délinquante américano-vénézuélienne interpellée à Tahiti en octobre 2018 alors qu’elle transportait 642 grammes d’ice dont 123 grammes étaient cachés “in corpore”. Le reste de la drogue se trouvait dans la doublure d’un sac.

Placée en retenue douanière puis en garde à vue à la suite de son interpellation, la prévenue avait tenté de dissimuler dans un foulard le “boudin” d’ice qu’elle avait dans le corps, ce qui n’avait pas empêché les forces de l’ordre de le retrouver. Après avoir livré plusieurs versions, la jeune femme avait finalement expliqué que la genèse de cette importation était liée à sa situation personnelle et à celle de sa famille au Venezuela.

Mise en examen pour ces faits d’importation en novembre 2018, la trentenaire a comparu hier devant le tribunal correctionnel après plus d’un an de détention provisoire. Assistée d’un interprète hispanophone, elle a tenté d’expliquer sa situation.



Crise vénézuélienne et marché noir

A l’époque des faits, et alors que le Venezuela connaissait depuis plusieurs années une situation économique et sociale absolument catastrophique qui interdisait l’échange de devises étrangères, la prévenue avait réussi à obtenir des dollars contre des bolivars au marché noir. Forte de cette réussite, elle avait alors conseillé à l’un de ses amis de faire la même chose. Ce dernier ayant été arnaqué, il l’avait menacée de s’en prendre à sa famille.

C’est alors, selon ses dires, que la jeune femme avait pris contacts avec l’un de ses bons amis afin de trouver une solution financière. Ce dernier, lui faisant miroiter de participer à un business de maillots de bain, l’avait faite venir aux États-Unis puis à Tijuana au Mexique.

Sur place, et tel qu’elle l’a expliqué hier lors de l’audience, la jeune femme avait rencontré le multirécidiviste Tamatoa Alfonsi qui lui avait confié le “boudin” de 123 grammes. Ce qu’elle dit avoir ignoré à l’époque, et que Tamatoa Alfonsi a également reconnu lors de son arrestation, est que plus de 500 grammes d’ice avaient été dissimulés dans la doublure de son sac à son insu.

"Manifestation de la vérité"

Avant de requérir quatre ans de prison ferme assortis d’un maintien en détention, le procureur de la République a longuement souligné hier l’attitude de la prévenue qui avait volontairement “pollué la manifestation de la vérité par des déclarations variées” lors de l’enquête en tentant de“contester sa responsabilité pour limiter le risque pénal”. Le représentant du ministère public a également rappelé les “impacts” de l’ice sur la “santé publique” et sur la “criminalité”.

Pour la défense de la jeune femme, Me Varrod a rappelé que sa cliente, lorsqu’elle avait donné l’adresse de Tamatoa Alfonsi au Mexique, avait permis de démanteler un trafic important. L’avocat de la prévenue a également rappelé que la trentenaire n’était qu’un “maillon de la chaîne” de ce trafic.

Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a condamné la jeune femme à deux ans de prison ferme.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 22 Octobre 2019 à 17:01 | Lu 1826 fois