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Deux ans de sursis pour l'agression sexuelle de son amante et employeuse


Tahiti, le 11 février 2021 - Un sans-abri de 34 ans a été condamné jeudi à deux ans de prison avec sursis pour l'agression, physique et sexuelle, de son amante et employeuse en 2017 à Bora Bora. Une affaire "atypique" avec un agresseur sous l'emprise de sa victime…
 
Une affaire peu banale de violences et d'agression sexuelle à Bora Bora en 2017 a été examinée jeudi par le tribunal correctionnel de Papeete. Un sans-abri de 34 ans, décrit par les experts comme étant un individu "frustre", "immature" et "dépressif", comparaissait pour avoir imposé une relation sexuelle à une femme qui l'employait et avec laquelle il entretenait une relation.
 
Pour comprendre cette histoire, il faut remonter à son origine. Le 24 février 2017, une femme s'était présentée à la gendarmerie de Bora Bora pour dénoncer un viol et des violences commises par son compagnon, un homme qu'elle "employait" et avec lequel elle entretenait des rapports sexuels. À l'époque, la plaignante avait expliqué qu'après avoir voulu se séparer de son amant, celui-ci l'avait menacée, étranglée et lui avait imposé un rapport sexuel. Placé en garde à vue, l'homme avait reconnu les faits, affirmant qu'il était très amoureux de cette femme.

Elle impose une "amende"

Gérante d'une boutique de paréos, la plaignante est décrite par son entourage et ses amants comme "gentille" mais "manipulatrice", "hystérique" et obnubilée par l'argent. Un expert psychiatre a estimé de son côté qu'elle avait des "tendances à l'affabulation". L'enquête a confirmé qu'elle avait employé, sans le déclarer, son amant. Mais le prévenu, dont la rémunération consistait parfois en un billet de 500 Fcfp ou un repas, dormait dans la boutique de sa compagne à même le sol. Entendue à plusieurs reprises, la plaignante a déclaré que son compagnon avait un niveau intellectuel d'"élève de maternelle".
 
Mais les investigations ont aussi permis d'établir qu'après l'agression sexuelle, la commerçante avait repris une relation avec le prévenu. Et en réparation, elle lui avait même "mis une amende" d'un million de Fcfp, obligeant son partenaire à lui donner chaque mois l'intégralité de son maigre salaire pour se faire pardonner.

"Bête de somme"

Le prévenu, qui a déjà donné 450 000 Fcfp à la victime, a donc été présenté devant le tribunal jeudi en l'absence de la victime, actuellement en métropole. Triste et perdu à la barre, l'homme a expliqué au tribunal que la victime était la seule et unique femme qu'il ait jamais aimée. En réponse, la présidente du tribunal lui a suggéré qu'il "méritait" peut-être mieux...
 
Face à ce dossier "atypique", le procureur a rappelé que si les faits étaient "avérés et reconnus", ils étaient "englués" dans un contexte particulier. Il a requis quatre ans de prison, dont trois avec sursis, à l'encontre du prévenu dont l'avocat, Me Teremoana Hellec, a dénoncé l'instrumentalisation par la plaignante. "D'un côté, nous avons mon client, un homme immature à l'efficience intellectuelle modérée, au vécu abandonnique et qui est fou amoureux de cette femme. De l'autre, nous avons madame qui le compare à un élève de maternelle et pour laquelle il n'est qu'une bête de somme. Le contexte de ce dossier, c'est une personne intelligente qui exploite quelqu'un qu'elle sait très limité." Le tribunal l'a condamné à deux ans de prison avec sursis.
 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 11 Février 2021 à 17:57 | Lu 5630 fois