Tahiti Infos

Des violences conjugales pour une crème solaire


Tahiti, le 23 novembre 2020 - Un paysagiste patenté de 46 ans, déjà condamné à neuf reprises, a été présenté en comparution immédiate lundi pour s’expliquer sur des violences commises sur son épouse. Si l’homme s’est défendu en expliquant qu’il était également victime de violences de la part de son épouse, il a été condamné à dix mois de prison avec sursis. Le procureur de la République avait requis 18 mois de prison dont 12 ferme.
 
Une fois n’étant pas coutume, le tribunal correctionnel a examiné lundi une affaire de violences conjugales qui opposait un homme et une femme connus de leurs familles et des forces de l’ordre pour s’invectiver et se battre régulièrement. Le prévenu, un paysagiste patenté de 46 ans, était poursuivi pour avoir porté des coups à sa femme et mère de leurs deux enfants le 21 novembre à Arue. Ce jour-là, et alors que cela faisait plusieurs semaines que l’épouse avait décidé de s’installer chez ses parents afin d’échapper au climat conflictuel de son couple, la famille avait pourtant décidé d’aller passer une journée à la plage.
 
A peine garés, le prévenu et son épouse avaient commencé à se disputer pour un motif futile lié à une histoire de crème solaire. Monsieur avait empoigné madame par le bras qui lui avait mis un coup. L’homme l’avait ensuite attrapée par les cheveux en la poussant au sol et lui avait, au passage, arraché une boucle d’oreilles. La femme avait alors cassé les clignotants du véhicule de son mari et lui avait porté cinq coups de poing que son mari lui avait rendus.
 
Légitime défense
 
Présenté en comparution immédiate pour répondre de ces violences lundi, le prévenu a tout d’abord invoqué une légitime défense bancale qui a peu convaincu le tribunal. "Elle m’a touché en premier" s’est-il ainsi justifié avant que la présidente du tribunal ne s’étonne ouvertement du motif de la dispute. "Les tensions sur la crème solaire doivent arriver toutes les semaines, monsieur, chez les familles qui partent à la plage ! Comment en êtes-vous arrivé à frapper votre épouse ?"
 
Entendue sur les faits suite à l’audition de son mari, la victime s’est avancée à la barre en pleurs en déplorant des épisodes de violences habituelles, "surtout les week-end", au cours desquels son époux lui "crache" dessus, la frappe et lui met "la tête dans la terre". Elle a reconnu avoir donné le premier coup à son mari le jour des faits car il venait de l’empoigner et qu’elle en avait marre de se laisser faire. Selon son avocate, Me Ayoun, ce "dimanche à la plage aurait pu se passer très tranquillement" si sa cliente n’avait pas adressé la parole à son mari, un homme "extrêmement violent" qui frappe sa femme car c’est "sa façon à lui d’être le boss".
 
Couple "incapable de se gérer"
 
Constat partagé par le procureur de la République qui, avant de requérir 18 mois de prison dont six avec sursis, a balayé la thèse de la légitime défense en affirmant que le prévenu était le seul et unique agresseur.
 
Face à ces accusations d’extrême violence, l’avocat du paysagiste a évoqué un couple qui se trouve dans "l’incapacité de se gérer". Il a également assuré à la barre que ce serait un "non-sens" de vouloir faire porter le chapeau à son seul client. Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a nuancé les réquisitions du parquet en condamnant le prévenu à dix mois de prison intégralement assortis du sursis probatoire.
Garance Colbert

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 23 Novembre 2020 à 16:19 | Lu 227 fois