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Des milliers d'oiseaux marins morts d'épuisement après les tempêtes


LA ROCHELLE, 10 février 2014 (AFP) - Plusieurs milliers d'oiseaux marins morts ont été récupérés ces derniers jours sur le littoral atlantique, une hécatombe "considérable" selon des centres de soins, qui doit surtout à l'épuisement des oiseaux après une succession de tempêtes, et marginalement, à la pollution de probables dégazages.

Sur les plages, des Pyrénées-Atlantiques à la Bretagne, un minimum de 5.000 oiseaux morts ont été recensés, selon les données et estimations provisoires lundi de la LPO, a indiqué à l'AFP Nicolas Gendre, ornithologue à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) de Charente-Maritime.

"Le phénomène avait commencé il y a une quinzaine de jours, mais a connu une montée en puissance ces derniers jours et ce week-end", a souligné Olivier le Gall, président de la LPO d'Aquitaine. Le chiffre a enflé avec les données remontées par des bénévoles ou promeneurs ce week-end.

Les macareux moines (fratercula artica) sont l'espèce la plus touchée, au moins 50% des cadavres recensés selon les départements. Ensuite viennent les guillemots, puis en moindre quantité des fous de Bassan, des petits pingouins Torda, des mouettes tridactyles.

"C'est une quantité considérable, on est débordé, mais par un phénomène de mortalité presque naturelle, seulement cette fois il est visible" à cause des tempêtes amenant ces cadavres sur les plages, selon Jérôme Pensu, responsable du Centre de sauvegarde des Landes, où environ un millier d'oiseaux morts ont été signalés.

Partout les LPO estiment que la tempête est la cause principale des morts, même si quelques oiseaux ont été mazoutés, ou achevés par des boulettes, "presque un épiphénomène. A chaque tempête il y a toujours des gens qui en profitent pour dégazer au large. C'est salaud, mais c'est assez classique", a estimé Jérome Pensu.

Ainsi en Loire-Atlantique, des communes du littoral ont commencé à déposer plainte après l'arrivée de boulettes ou galettes d'hydrocarbures sur leurs plages. L'origine en est inconnue, mais les communes soupçonnent un dégazage par un ou des pétroliers.

La maire du Croisic, Michèle Quellard, a porté plainte dès vendredi après l'arrivée de ces boulettes. Le même phénomène a été signalé dans les départements voisins du Morbihan et de la Vendée.

Selon la préfecture du Morbihan, "les hydrocarbures recouvrent environ 3% du littoral, plages, galets et rochers concernés".

Morts d'épuisement ou de faim

Ce fioul devant être manipulé avec un équipement approprié, plusieurs mairies ont interdit l'accès à leurs plages souillées. Le plan Polmar n'ayant pas été déclenché, le nettoyage des plages reste donc à la charge des communes.

A Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), commune qui devait aussi porter plainte, les arrivages de boulettes étaient moindres que lors du week-end, mais la trentaine de nettoyeurs estimaient devoir être à l'oeuvre toute la semaine.

Sur les plages, le nombre de cadavres d'oiseaux a néanmoins marqué les esprits, s'agissant surtout du "perroquet de mer", le macareux, qui habituellement hiverne bien au large.

"Ce sont des oiseaux assez robustes, faits pour vivre au large, mais vu la succession des tempêtes et de la houle, ils sont plus qu'affaiblis, ne peuvent plus pêcher facilement pour se nourrir, dérivent, meurent épuisés ou de faim", a indiqué Matthieu Sannier, de la LPO-Gironde.

Dimanche, dans les Landes, un seul bénévole a ainsi ramassé plus de 120 oiseaux sur trois plages sur une frange de 10 km, Vieux-Boucau, Messanges et Moliets: 71 macareux, 54 guillemots, deux pingouins et une mouette pygmée, selon le centre de soins Hegalaldia d'Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques).

Le long du littoral atlantique, environ 350 oiseaux récupérés vivants étaient traités en centres de soins, a souligné Nicolas Gendre, mais "beaucoup meurent, sont trop affaiblis, avec pratiquement plus de muscles sur le bréchet", la crête sternale où s'insèrent les puissants muscles pectoraux nécessaires au vol.

A Nantes par exemple, sur 300 oiseaux amenés au Centre Oniris, seuls cinq ont pu être soignés, a indiqué lundi Michael Potard, coordinateur LPO-Pays de la Loire.

La Ligue rappelle sur son site internet les premiers soins à prodiguer à un oiseau récupéré, notamment des conseils de prudence en raison du bec et des griffes, mais aussi un rappel à loi s'agissant du transport d'espèces protégées.

Rédigé par () le Lundi 10 Février 2014 à 05:33 | Lu 812 fois