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Des jeunes en réinsertion judiciaire, sensibilisés aux questions environnementales


À gauche, la directrice territoriale de la PJJ, Liliane Vallois, Naea Bennett, ministre de la Jeunesse et Virignie Bruant, ministre du Travail, lors de l’inauguration de la fresque.
À gauche, la directrice territoriale de la PJJ, Liliane Vallois, Naea Bennett, ministre de la Jeunesse et Virignie Bruant, ministre du Travail, lors de l’inauguration de la fresque.
Tahiti le 16 janvier 2023 - Une fresque réalisée par des jeunes en réinsertion judiciaire a été dévoilée lundi matin à la Maison de la culture. L’œuvre signe l’aboutissement des “ateliers pratiques de l'écologie”, qui ont fait participer huit enfants en difficulté à des ateliers de sensibilisation aux problèmes climatiques. Le projet était coorganisé par la direction territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, le ministère de la Justice, et la Fédération des associations de protection de l'environnement.

La direction territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), le ministère de la Justice, et la Fédération des associations de protection de l'environnement (Fape), ont célébré l’achèvement des “ateliers pratiques de l'écologie” lundi matin. Ces ateliers ont réuni des jeunes suivis par la DPJJ, du 7 novembre 2022 au 6 janvier 2023. Huit enfants ont eu l’occasion de participer à une quinzaine d’ateliers mis en place par la Fape. À l’issue de ces deux mois, quatre d’entre eux ont notamment co-réalisé une fresque sur les murs de la Maison de la culture, Te Fare Tauhiti Nui, accompagnés par l’artiste gaffeur Rival. L’œuvre réalisée est baptisée “l’appel du lagon”, “Te pi’i o te tairoto”. La peinture a été dévoilée à l’ensemble des acteurs du projet, lundi matin à 8 heures.

Les “ateliers pratiques de l'écologie” ont bénéficié de l’aide de l’office français de la biodiversité et du fonds de développement de la vie associative. Organisme géré localement par la mission d'appui “technique jeunesse et sports” du haut-commissariat en Polynésie française. L’objectif principal du projet coordonné par la Fape, était de sensibiliser ces jeunes aux questions environnementales. Les enfants ont notamment approché les questions de pollutions, de biodiversité marine et de biodiversité terrestre.
 

Protection du fenua

Contactée par la PJJ, la Fape était chargée d’organiser une série d’ateliers sur l’écologie. “On était le chef d’orchestre des activités. En mobilisant nos associations partenaires, on a proposé aux jeunes des activités ludiques et pratiques, en abordant des thématiques comme les enjeux climatiques et la biodiversité. On voulait couvrir tout l’éventail des sujets en rapport avec la protection du fenua, sous un angle positif”, explique Marie-Laure Vanizette, membre du bureau de la Fape et chargée du projet des “ateliers pratiques de l’écologie”.

Les enfants ont eu l’occasion de visiter le centre de tri de Motu uta, de réaliser un escape game sur la maîtrise de l'énergie à Espace Info énergie, de faire une visite éco-culturelle guidée dans la vallée de Hamuta et plus encore. Pour chaque atelier donné, un organisme particulier encadrait les jeunes. Les associations écologiques, ‘Pae pae no te ora’, ‘Tama no te tairoto’, ‘Océania Tiahura-Moorea’, ‘SOP Manu’, ‘Tamari'i Pointe des Pêcheurs’, et ‘Nana Sac Plastique’, se sont engagées auprès de cette jeunesse en difficulté.

“C’est plus que de la sensibilisation. L’objectif, c’est de leur donner de nouveaux centres d’intérêt. Ce sont des jeunes qui n’ont pas d’idées d’orientations particulières. Le fait de connaître ce que font les associations pour la protection du fenua, ça peut les motiver à s’investir, de manière citoyenne ou professionnelle”, espère Marie-Laure Vanizette.

Objectif réinsertion

“On est très friand de projet comme celui-ci. C’est tout un travail de réflexion éducative pour nos jeunes, autour de la question du sens même de notre place dans la société. On se rend compte qu’une fois qu’on accompagne ces jeunes, qu’on porte un regard sur eux et qu’on parle avec eux des problématiques qu’ils ont pu rencontrer dans leur vie, tout se passe bien. Ces jeunes arrivent à produire des choses dont on ne les croyait pas forcément capables au début. Cette fresque est un objet de fierté, pour nous et pour eux”, se réjouit la directrice territoriale de la PJJ, Liliane Vallois.

“Cet événement leur permet d’avoir une activité quand ils ne font plus rien. Cela les valorise, car dans leur environnement familial et scolaire, ils n’ont pas forcément l’occasion de l’être. Les ateliers leur permettent de se construisent personnellement et pourquoi pas professionnellement, dans l’espoir qu’ils trouvent un emploi à l’avenir”, rajoute Mélanie Tempia, juges des enfants au tribunal de Papeete.

La PJJ n’existe que depuis une vingtaine d’années au fenua et compte mener plus d’initiatives de ce genre. “On a créé une unité spécialisée dans l’accompagnement au parcours d’insertion professionnelle. C’est la mission d’insertion scolaire et professionnelle (MISP). En conséquence, il y aura beaucoup d’autres programmes similaires aux ateliers de cette année. Ils ne se feront pas forcément sur les mêmes supports, et pas dans les même lieux”, conclut la directrice territoriale de la PJJ. Une autre session de ces ateliers se tiendra au premier trimestre 2023, avec un deuxième groupe de jeunes en réinsertion judiciaire.

Rival, graphiste peintre

Le graffeur Rival a reconnu avoir éprouvé de l’“appréhension” quant à l’idée de gérer les jeunes en réinsertion judiciaire, mais il a relevé le défi avec succès.
Le graffeur Rival a reconnu avoir éprouvé de l’“appréhension” quant à l’idée de gérer les jeunes en réinsertion judiciaire, mais il a relevé le défi avec succès.
“J’ai essayé de montrer une autre voie”
 
Comment s’est passée la création de la fresque ?
“La réalisation de la fresque avec les jeunes s’est très bien passée. Ils ont été des personnes normales, ils écoutaient ce que je leur disais de faire, ils étaient attentifs. C’était un honneur de travailler avec eux, parce que je me suis vu un peu chez eux. Pas forcément au point de vue de la délinquance, mais le fait de ne pas savoir vraiment où aller, un peu désorienté. Avec la peinture, j’ai essayé de montrer une autre voie, une seconde vie, dans les milieux professionnels.”
 
Pourquoi avoir décidé de représenter des bouteilles vides sur la fresque ?
“On a l’habitude de voir des fresques avec de belles choses, comme des fleurs de la végétation, des fonds marins. On a fait exprès de mettre l’accent sur les déchets pour montrer que le fait qu’il y est des déchets dans l’eau et sur la terre, ce n'est pas beau à voir. On a appelé cette fresque “l’appel du lagon”, “Te pi’i o te tairoto”. C’est pour interpeller l’humain sur les gestes quotidiens qui peuvent être mis en place pour limiter la pollution des espaces marins. Ce sont eux qui ont développé tout l’aspect créativité, moi je les ai juste guidés sur l’aspect technique.”

Rédigé par Guillaume Marchal le Lundi 16 Janvier 2023 à 18:57 | Lu 759 fois