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Des activistes à bord d'un nouveau bateau ultra-rapide contre les baleiniers japonais


Amsterdam, Pays-Bas | AFP | dimanche 01/10/2016 - Drapeau noir à tête de mort hissé en haut du mât, étrave aiguisée et menaçante, pont solide couleur de béton... Aussi rapide qu'un navire de guerre, l'Ocean Warrior est la nouvelle arme ultime de l'ONG Sea Sherpherd pour combattre les chasseurs de baleine japonais en Antarctique.

"Nous avons désormais un navire qui peut surpasser n'importe quel bateau de braconnage en haute mer", sourit avec satisfaction le capitaine et directeur exécutif de Sea Shepherd Global Alex Cornelissen. "Maintenant, nous pouvons aller partout où ils vont et même nous enfuir s'ils deviennent trop agressifs."

Cela fait près de quarante ans que l'organisation de protection de la vie sous-marine lutte contre les activités illégales de pêche. Et trente ans que navires d'activistes et baleiniers "jouent au chat et à la souris" dans les immenses étendues maritimes.

Lors d'opérations menées jusqu'à épuisement du carburant, les bénévoles du célèbre défenseur des océans Paul Watson partent patiemment à la recherche de ces braconniers, préférant couper le chauffage à bord que d'abandonner leur quête.

"Dès l'instant où on les aperçoit enfin, tout le monde à bord est excité! On oublie la fatigue et on se concentre sur notre objectif: les arrêter", raconte avec passion le capitaine, assis aux commandes dans un fauteuil futuriste digne d'un vaisseau spatial. "Tous les sacrifices, rater Noël, être loin de sa famille, en valent soudain la peine."

Les défenseurs de l'environnement tentent alors, à l'aide de leur propre appareil, de bloquer le chargement de l'animal marin depuis le bateau à harpon sur le navire-usine, chargé de le découper en morceaux et de mettre sa chair en boîtes avant de la livrer sur la côte à Tokyo.

Car, malgré le moratoire mondial de 1986, le Japon continue de chasser et vendre de la viande de baleine en détournant une clause qui tolère la recherche létale sur les mammifères.

- Opération Nemesis -
Après un an de suspension due à une décision de la Cour internationale de justice (CIJ), jugeant que l'activité était détournée à des fins commerciales, les chasseurs de cétacés de l'archipel ont repris le chemin de l'Antarctique fin 2015.

Quelque 333 petits rorquals (ou baleines de Minke) ont été tués lors d'une récente expédition.

Maintenant les activistes de Sea Shepherd lanceront en décembre la onzième campagne de défense des baleines dans l'océan Austral.

Après avoir jeté l'ancre dans le port d'Amsterdam, le flambant neuf Ocean Warrior, financé par la loterie nationale néerlandaise Postcode (code postal) à 8,3 millions d'euros, préparera depuis Melbourne en Australie l'opération Nemesis. Du nom de la déesse grecque de la vengeance et de la justice.

"Parfois, les baleiniers que nous suivions parvenaient simplement à nous semer grâce à leur vitesse plus élevée, ce qui nous faisait perdre des semaines précieuses", explique le capitaine.

Mais avec ses quatre moteurs, le "guerrier des océans" peut atteindre une vitesse de plus de vingt-cinq noeuds (55 km/heure) face à des opposants voguant à vingt noeuds.

"Nous avons demandé les plus gros moteurs qu'ils avaient", crie Alex Cornelissen dans la salle des machines, où ronflent d'étincelants engins aussi grands que des voitures.

- A l'abordage -
Long de 54 mètres et équipé d'une piste d'atterrissage pour hélicoptère, le huitième bateau de la flotte de l'ONG possède une arme secrète: sur le pont, un grand canon rouge peut créer un brouillard d'eau occultant la vue des braconniers ou envoyer un puissant jet les empêchant de monter à bord.

Au fil du temps, les affrontements en mer sont devenus de plus en plus musclés.

Les chasseurs japonais n'hésitent pas à emboutir volontairement les navires de Sea Shepherd ou à employer des armes. Comme ce jour où, poussant le bateau d'activistes contre leur propre vaisseau de réapprovisionnement en carburant, ils ont lancé des grenades incapacitantes, raconte Alex.

De son côté, Sea Shepherd dresse la longue liste des abordages, sabordages et mises hors d'état de nuire de baleiniers.

Mais les vrais pirates, ce sont eux, assure encore le capitaine: "des navires militaires vont défendre les puits de pétrole, nous défendons la planète contre une opération illégale!"

Et dans ce combat qui se joue à un contre un au milieu des mers, l'Ocean Warrior change la donne pour l'ONG qui estime avoir déjà sauvé 5.000 baleines des harpons japonais en dix ans.

"J'ai de l'espoir", affirme le capitaine Cornelissen. "Nous avons vu les chasseurs de baleine s'affaiblir. Et ils continueront à sombrer parce que nous continuerons à leur rendre la vie impossible là-bas en Antarctique."

shm/jkb/juf

Rédigé par () le Lundi 3 Octobre 2016 à 05:24 | Lu 1821 fois