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Dernière réunion de l’association des vétérans du Bataillon Maori du Pacifique


Dernière réunion de l’association des vétérans du Bataillon Maori du Pacifique
WELLINGTON, mercredi 5 décembre 2012 (Flash d’Océanie) – Les 25 derniers membres de l’association des vétérans du 28ème Bataillon Maori de la guerre du Pacifique ont tenu samedi dernier leur dernière réunion, avec en prime un hommage populaire qui leur a été rendu au mémorial national de la capitale Wellington, rapporte la télévision nationale privée TV3.
Ce bataillon des indigènes Maori a servi tout au long de la guerre du Pacifique, ainsi que sur des champs de bataille de Grèce, d’Afrique du Nord, d’Italie ou de Crète, lors de la phase finale de la seconde guerre mondiale.

Il a vu passer, en cinq années d’existence, près de 3.600 hommes avant que d’être démantelé en 1946.
Lors de cette ultime cérémonie, le week-end dernier, celui qui restera aussi comme le dernier Président de cette association des anciens combattants indigènes, Nolan Raihania, a affirmé qu’en tout temps, les membres de ce bataillon tenaient leur esprit guerrier de leurs ancêtres.

« Même des Allemands, nous étions respectés. Ils nous envoyaient toujours leurs meilleures troupes pour nous combattre », a-t-il ajouté.
Autre tradition : celle du mensonge, pour contourner l’âge minimum d’engagement.
« Oui, moi aussi, j’ai menti, j’ai dit que j’avais 22 ans pour pouvoir partir me battre, alors qu’en fait, je n’en avais que 17 », a confié ce week-end le vieux guerrier, près de soixante dix ans après les faits.

« Leurs exploits ont été enregistrés dans des chants et des hakas, sur des films, dans des livres et même sur leur site Internet. Ils continueront à inspirer les générations futures pour incarner le sens du don à son peuple et à sa nation », a déclaré samedi l’ancien ministre des affaires Maori, Pita Sharples, toujours coprésident du Parti Maori.

La cérémonie de samedi, assortie d’un dépôt de gerbe, a eu lieu en présence des plus hautes autorités militaires néo-zélandaises, à commencer par l’ancien Commandant en chef de l’armée de ce pays et désormais Gouverneur Général, Sir Jerry Mateparae, le ministre des anciens combattants Nathan Guy, et le Commandant en chef de l’armée néo-zélandaise, le Général de corps d’armée Rhys Jones.
Alors que l’Australie et la Nouvelle-Zélande, durant la seconde guerre mondiale, avaient leur bataillons d’indigènes, en Océanie, les communautés des possessions françaises (Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie française et à l’époque Nouvelles-Hébrides, depuis devenues Vanuatu indépendant) avaient elles aussi constitué leur « bataillon du Pacifique ».

Le dernier membre de ce Bataillon du Pacifique, Jean Tranape, compagnon de la libération, est décédé le 21 août 2012 à son domicile de Rueil-Malmaison (région parisienne) à l’âge de 93 ans.
Né le 6 décembre 1918 à Nouméa, d’origine vietnamienne, Jean Tranape était un combattant de la France Libre et un héros de la bataille de Bir-Hakeim.
En 1940, il s’engage dans le bataillon du Pacifique, par la suite surnommé « Bataillon des Guitaristes », qui comprenait, outre des hommes de la Nouvelle-Calédonie, d’autres de Polynésie française, de Wallis-et-Futuna et des Nouvelles-Hébrides, aux côtés de la France Libre et en réponse à l’appel du 18 juin 19410 du Général de Gaulle.
Ce Bataillon, placé sous les ordres du lieutenant-colonel Félix Broche (compagnon de la Libération à titre posthume, tué le 9 juin 1942 à la bataille de Bir-Hakeim), participera ensuite à de nombreuses campagnes, notamment au Moyen Orient à partir de juillet 1941, puis Bir-Hakeim (1942).

Ce bataillon ayant ensuite fusionné pour devenir Bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique, c’est sous ces drapeaux qu’il participe ensuite aux campagnes de Libye, de Tripolitaine et de Tunisie.
En avril 1944, lors de la campagne d'Italie, il est blessé par des éclats de grenade.
Le 30 juin, il est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle.
Il débarque en Provence en août, prend part à la libération de Toulon au cours de laquelle il est de nouveau blessé par balle, le 21 août.
Il est évacué en Afrique du Nord.
Il ne rejoindra les rescapés de son bataillon que le 26 décembre.
Il termine la guerre avec le grade de sergent-chef.
Démobilisé en juillet 1946, il reprend son métier de dessinateur industriel.
Jean Tranape est nommé membre du Conseil de l'ordre de la Libération par décret du 19 août 1958.
Il était Commandeur de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, Croix de guerre 1939-1945 avec 2 palmes, Médaille coloniale, avec agrafes Libye, Bir-Hakeim, Tripolitaine, Tunisie, Médaillé des services militaires volontaires dans la France Libre.
Sa dernière apparition était récente : le 30 mai 2012, dans la cour d'honneur des Invalides, à l’occasion de la cérémonie de commémoration du 70ème anniversaire de la bataille de Bir-Hakeim.
Les obsèques de Jean Tranape se sont déroulées mardi 21 août 2012 à 15h45 à l'église Saint-Pierre-Saint-Paul à Rueil-Malmaison (92).
Il reste aujourd'hui vingt cinq Compagnons de la Libération en vie, mais plus aucun du Bataillon du Pacifique.

Bientôt un voyage pèlerinage en Nouvelle-Calédonie

Les vétérans néo-zélandais prévoient au cours des prochains mois un retour sur ^l’un des théâtres de leurs combats, en Nouvelle-Calédonie.
À ces fins, l’armée néo-zélandaise a entamé, ces derniers jours, un énorme travail de recensement des vétérans de la seconde guerre mondiale, et en particulier ceux ayant servi, il y a soixante dix ans, en Nouvelle-Calédonie, alors base stratégique des forces alliées.
Objectif : un grand déplacement, en mode pèlerinage, vers cette collectivité française, pour participer, les 25 et 26 avril 2013, aux cérémonies commémorant le soixante-dixième anniversaire de la Guerre du Pacifique.
« Ce sera une grande opportunité pour ces vétérans de voir leur service reconnu, mais aussi de rendre hommage à ceux qui ne sont pas revenus en Nouvelle-Zélande », a précisé fin novembre 2012 Rick Ottaway, directeur de l’association des anciens combattants.
« Ces hommes ont servi leur pays, la Nouvelle-Zélande, tout près de chez eux, et tout ceci alors qu’une invasion de la Nouvelle-Zélande était possible (…) Cette guerre du Pacifique les a emmené dans des endroits comme la Nouvelle-Calédonie, Guadalcanal, les îles Mono et Green, où la plupart ne sont jamais revenus depuis », a-t-il ajouté.

Jusqu’ici, quelque 165 vétérans ont manifesté leur intérêt pour faire partie de ce voyage.

La Guerre du Pacifique, chapitre océanien de la Seconde Guerre Mondiale, a débuté avec l’attaque aérienne japonaise sur Pearl Harbour, le 7 décembre 1941.
Entre cette date et la reddition de l’empereur nippon, le 2 septembre 1945, d’âpres batailles ont eu lieu, en mer, dans les airs et sur terre, en Mélanésie (Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Salomon) et en Micronésie (Marianne du Nord, Guam).
L’avancée japonaise plus au Sud du Pacifique a été stoppée en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux îles Salomon, où eut lieu la bataille de Guadalcanal.
Les forces américaines, mais aussi, dans une moindre mesure, australiennes et néo-zélandaises, avaient alors pour principaux points d’ancrage la Nouvelle-Calédonie, mais aussi les Nouvelles-Hébrides (alors condominium franco-britannique devenu l’État indépendant de Vanuatu en juillet 1980), notamment sur l’île du Nord d’Espiritu Santo, par laquelle ont transité, près de quatre années durant, des centaines de milliers de soldats américains.
Les cérémonies d’avril 2013 en Nouvelle-Calédonie devraient être suivies d’autres, en Nouvelle-Zélande, en mai de la même année.
Des milliers de soldats néo-zélandais (de la marine, de l’armée de l’air et de l’armée de terre) ont pris part à cette guerre du Pacifique.

Le bataillon des Maori sur Internet : devoir de mémoire chez les jeunes

Début août 2009, Pita Sharples, alors ministre des affaires indigènes Maori en Nouvelle-Zélande, donnait le clic inaugural pour lancer un nouveau site Internet exclusivement consacré à la mémoire du 28ème Bataillon du corps expéditionnaire néo-zélandais durant la seconde guerre mondiale, et qui était composé de soldats indigènes.
M. Sharples expliquait alors que des outils comme ce nouveau site étaient nécessaire pour préserver et entretenir la mémoire et la reconnaissance du pays, et en particulier chez les classes jeunes, envers ce Bataillon Maori.
Sur les 3.600 soldats partis au front, près de 650 n’en sont jamais revenus, 1.712 furent blessés et 237 ont été faits prisonniers, a alors rappelé le ministre, soulignant le sacrifice de ces indigènes.
Le Bataillon Maori a depuis tenté de préserver des « hakas » qui avaient été créés au cours de ces campagnes européennes et africaines.
Ce site internet (deux adresses : http://www.28maoribattalion.org.nz et http://www.teopetaua28.maori.nz),
qui comprend cartes interactives, photos, textes et vidéos, est cofinancé par le ministère de la culture et du patrimoine, la bibliothèque nationale, le ministère de l’éducation et l’association des anciens combattants de ce bataillon.

Ces Océaniens, qui avaient eux aussi emporté avec eux des ukulélés, furent le pendant anglo-saxon, durant les Seconde Guerre Mondiale et sur des théâtres communs, des bataillons de Tahitiens, de Néo-Calédoniens, de Néo-Hébridais, de Wallisiens et de Futuniens, plus tard surnommés « Bataillon des Guitaristes » et qui ont combattu au sein de l’armée française.

pad

Rédigé par PAD le Mercredi 5 Décembre 2012 à 04:38 | Lu 679 fois