Tahiti Infos

Démission du Pays d'Opua : Bouissou contre-attaque


Tahiti, le 3 décembre 2025 - Comme le révélait Tahiti Infos, la commission de l’aménagement de l’assemblée doit examiner ce mercredi le projet de délibération actant la démission de la Polynésie française de l’agence ‘Ōpua. Jean-Christophe Bouissou, ancien vice-président mais aussi ex-ministre de l’Aménagement à l’origine de la création de l’agence, publie une lettre ouverte au vitriol dénonçant une décision “unilatérale” du gouvernement Brotherson, et contraire au SAGE.
 


La rupture entre le Pays et l’agence ‘Ōpua doit être formalisée ce mercredi en commission de l’aménagement, via un projet de délibération “portant démission de la Polynésie française” de cette structure née sous l'impulsion de Jean-Christophe Bouissou sous la précédente mandature. Face à cette décision, l'ancien ministre de l’Aménagement, monte au créneau en publiant une lettre ouverte dans laquelle il dénonce une décision “unilatérale” du gouvernement Brotherson. Il estime qu’elle touche “au cœur de notre organisation territoriale” et contredit le droit : “La participation du Pays à cette agence n’est pas une option politique ; elle découle d’un cadre juridique supérieur”, écrit-il, rappelant que l’existence d’‘Ōpua est inscrite dans le Schéma d’aménagement général, “qui est une loi du pays”.

Jean-Christophe Bouissou récuse frontalement les arguments avancés par l’exécutif pour justifier son désengagement. Selon lui, “les dysfonctionnements graves (…) se sont concentrés après le changement de gouvernement en 2023”, avec un “soutien politique” qui "s’est effrité", des “contributions du Pays gelées pendant de longs mois”, l’absence de “direction stable” et des arbitrages différés. “Ce n’est pas parce que l’on ne sait pas, ou que l’on ne veut plus se servir d’un outil qu’il faut accuser l’outil d’être défaillant, dénonce-t-il encore.

Il rappelle également l’objectif fondateur de l’agence, pensée comme un espace de coordination “où le Pays, les communes, l’État et le secteur privé pourraient travailler ensemble”. Son retrait laissera selon lui “un vide” qui “ne tarde jamais à se traduire par des retards, des incohérences, des surcoûts”.
 
"On ne renonce pas à un outil stratégique parce qu'il dérange"
 
Sur le volet financier, il démonte la présentation du gouvernement : "On évoque plus de 400 millions de francs versés depuis 2021, comme s’il s’agissait d’une dérive incontrôlée. La réalité est que le Pays a retardé le versement de sa contribution pendant près de trois ans et que les montants récemment mis en avant correspondent pour une large part à un rattrapage de fonds qui auraient dû être versés régulièrement", affirme-t-il, précisant que "la subvention de 100 millions citée comme un effort excessif n’est pas un “cadeau” fait à une structure inutile", mais une "régularisation de ce qui était dû". Pour Jean-Christophe Bouissou, il est un peu facile d'"asphyxier progressivement un organisme en bloquant les financements", tout en lui reprochant de ne "pas avoir atteint ses objectifs".  

Il salue enfin au passage les efforts de la présidente du bureau, Victoire Laurent, regrettant “le silence du maire de Faa’a”, pourtant président du groupe Tavini, car “elle aurait mérité un appui politique clair et assumé". Alors que le rapport conclut que “le maintien de la Polynésie française au sein de cette structure ne présente désormais plus aucun intérêt”, Bouissou appelle le gouvernement à revoir sa copie : “La Polynésie française ne peut pas se permettre de renoncer à un outil stratégique simplement parce qu’il dérange ou parce que l’on a choisi de ne plus l’assumer”.

Rappelons que la commission de l’aménagement de l’assemblée doit examiner ce mercredi le projet de délibération “portant démission de la Polynésie française” de l’agence ‘Ōpua, avant d'être ensuite entériné par un vote en séance plénière.


Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 3 Décembre 2025 à 08:29 | Lu 2382 fois