Tahiti, le 26 août 2025 - L’ancienne professeur de chant lyrique Emmanuelle Vidal-Hiomai épouse Cavallo est décédée samedi à l’âge de 64 ans.
Ce sont les membres de sa famille qui ont annoncé la nouvelle ce week-end sur les réseaux sociaux. La cantatrice polynésienne Emmanuelle Vidal-Hiomai, est décédé l’année de ses 64 ans.
Ancienne professeure de chant lyrique pendant de nombreuses années au Conservatoire artistique de la Polynésie française, elle était une voix puissante, jamais égalée dans sa tessiture au Fenua. “C’est une figure importante pour des chanteurs locaux, les artistes du Bel canto Tahiti, Le Penu d'Or pour les paroisses des églises de Tahiti”, a témoigné sa fille, Maeva Cavallo.
“Découverte et formée par Jean Cavallo, précurseur de l'art lyrique en Polynésie, après avoir suivi un cursus en musicologie, Emmanuelle Vidal est devenue la toute première cantatrice tahitienne et la deuxième cantatrice du Pacifique, après la soprano maori Kiri te Kanawa”, rappelle sa fille dans un hommage partagé sur les réseaux. “Elle avait à cœur de former des voix polynésiennes à l’opéra.”
Impliquée dans l'organisation de nombreux événements artistiques liés à la musique classique et lyrique au Fenua, Emmanuel Vidal laisse pour ceux qui l’ont côtoyé un engagement sans faille dans la transmission du chant classique à Tahiti, mais aussi une exigence qu’elle transmettait aux chanteurs amateurs pour tirer le meilleur de leurs voix. “Emmanuelle Vidal Hiomai a formé de nombreux élèves, qui continuent leur carrière dans cette voie royale ouverte par leurs professeurs tout en poursuivant son œuvre”, conclut sa fille.
Dimanche, le directeur du Conservatoire artistique Te Fare ‘Upa Rau, Fabien Mara-Dinard pleurait la disparition de celle qui a “rejoint l’homme qu’elle aimait tant aimé, Gaby, qui a porté très haut l’amour du chant lyrique, allant jusqu’à écrire le premier opéra en Reo Tahiti et au-delà, à croire en la vocation lyrique des voix polynésiennes. (…). Elle aura formé, avec Gaby, un couple voué à la transmission de leur merveilleuse passion.”
Tout le week-end, les hommages se sont succédés, jusqu’au président Brotherson qui partageait un souvenir sur les réseaux sociaux. “Mars 1988, au 62 rue M. le Prince la bringue bat son plein. Parenthèses kaina dans la vie estudiantine parisienne, ces bringues au foyer de l’AEPF étaient pour beaucoup l’occasion de s’initier au ’ukulele, au tā’iri pa’umotu, aux cuillères et pour certains au chant. Et soudain, entre dans la pièce embuée une lady, habillée d’un lourd manteau, la gorge protégée d’une grande écharpe. Elle ne marche pas, elle flotte. Du moins c’est le sentiment qu’elle projette. Les bringueurs légèrement (sic) imbibés débarrassent rapidement un fauteuil, et la diva s’assoit. Une discussion s’engage avec les musiciens ; on ne rigole pas. Ça parle de clefs, de transposition de notes … et d’un coup d’un seul, un incroyable meddley démarre, avec une voix d’une justesse et d’une maîtrise qui contraste avec l’ambiance joviale, approximative et rigolarde qui régnait 10 minutes avant : Entendre Emmanuelle Vidal chanter “Ruma ruma”, “Mohi mohi” et d’autres standards d’Emma Terangi, Esther Tefana ou Irma Prince fut un privilège. Un moment étonnant où cette voix lyrique rencontrait les mélodies de nos vallées et de nos atolls.”
Bertrand Prévost
































