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De Montréal à Tokyo : le stage international de ’ori tahiti continue d'attirer le monde entier


La professeure du Conservatoire, Vanina Ehu-Yan, entre dans le vif du sujet dès la première minute du stage.
La professeure du Conservatoire, Vanina Ehu-Yan, entre dans le vif du sujet dès la première minute du stage.
Tahiti, le 24 novembre 2025 - Le 28e stage international vient de débuter ce lundi au Conservatoire artistique de Polynésie française. Si, durant une semaine, une soixantaine de participants pratiqueront principalement le ’ori tahiti, l’art des hīmene et des percussions traditionnelles, l’établissement souhaite ouvrir le stage aux enfants mais aussi à d’autres domaines artistiques.
 
C’est sous l’œil vigilant de la professeure l’enseignante Vanina Ehu-Yan que le premier groupe de stagiaires a commencé sa pratique du ’ori tahiti ce lundi dès 7h30. Une trentaine de femmes venues du monde entier se sont regroupées dans la salle Louise Kimitete du Conservatoire artistique pour travailler leur “tamau”, “ruru” ou encore “’ōtamu”. Les cours se font en roulement, en groupes divisés selon le niveau des participants. Les groupes qui ne sont pas en train de danser suivent les cours de percussions et de hīmene. Il en sera ainsi pendant quatre jours, avant l’évaluation finale de vendredi devant le grand jury du Conservatoire. Cette année, la thématique des enseignements est un peu plus tournée vers le Matari‘i i ni‘a.
 
La danse, une langue internationale
 
Après une première heure d’échauffement, Vanina donne son premier avis sur les participantes de ce 28e stage. “Chaque année, il y a un bon niveau. Elles ont de bonnes bases. Il faut juste les repositionner dans la façon de poser leurs pieds. Pour qu’elles soient plus dans la légèreté. Souvent, quand elles arrivent, elles ont les pieds carrément accrochés, les doigts crispés. Il faut détendre cela de façon que le mouvement plus haut soit beaucoup plus léger”, constate la responsable des arts traditionnels au Conservatoire artistique de Polynésie française et juré à l’international. Alors, face à des stagiaires venues du Mexique, du Canada, des États-Unis, du Japon ou encore du Chili, Vanina formule ses remarques en anglais, français et espagnol. “Et si elles ne comprennent pas, il y a les mouvements et mon regard”, plaisante la professeure.
 
Sarah Allan est originaire de Montréal. Venue à Tahiti pour son quarantième anniversaire, il y a quelques années, elle a adoré regarder les danseurs de ’ori tahiti. “Quand je suis rentrée à la maison, j’ai trouvé une école de danse dans mon quartier, car mine de rien on a beaucoup de Tahitiens à Montréal. J’ai pratiqué pendant quelques années et je suis venue ici pour formaliser mes connaissances”, explique-t-elle. Après sa première heure de danse avec Vanina, elle admet : “C’est un peu différent de pratiquer la danse à Montréal, où il fait -10 °C, et ici, dans l’humidité. Il faudra s’acclimater.”
 
Au total, plus d’une soixantaine de pratiquants venus du monde entier participent à cette nouvelle session de stages. Le Conservatoire propose six niveaux différents de cours. “On commence toujours au level one, quel que soit votre niveau. À chaque niveau, le degré d’exigence augmente jusqu’à ce qu’on en arrive au level six, qui marque la fin de l’apprentissage et qui propose aux stagiaires d’être évalués sur un programme imposé et un programme libre”, explique Frédéric Cibard, chargé de communication du Conservatoire. Les pratiquants inscrits en level 6 concourent pour décrocher le prix international Louise Kimitete, qui récompense une prestation chorégraphique exceptionnelle. L'ensemble des stagiaires recevra quai qu’il en soit une attestation. 
 
Une formule en voie d’évolution
 
Aujourd’hui essentiellement consacrée aux danseurs, cette formule bien rodée va évoluer. “On est en train de préparer l’ouverture d’un stage pour les enfants. Beaucoup de stagiaires entraînent leurs enfants dans la pratique jusqu’à venir avec eux ici, et donc il y a la demande”, justifie Frédéric Cibard. Le Conservatoire lance également un stage international pour les musiciens. “C’est un domaine très particulier. Le Conservatoire a travaillé sur le recueil des percussions du patrimoine et a inventorié environ 64 rythmes. Le but, ce n’est pas de transmettre aux futurs stagiaires les 64 rythmes, mais de leur permettre d’apprendre des bases et de leur expliquer l’emploi de la musique dans le spectacle”, poursuit le chargé de communication.
 
En attendant, la nouvelle édition du stage est lancée. Certains stagiaires sont même entrés dans la classe de Vanina seulement une heure après leur débarquement à l’aéroport de Tahiti. Pour Tania, Mexicaine, c’est même la toute première fois en Polynésie. “Je suis très émue. Parfois, j’ai l’impression d’être plus connectée à cette culture qu’à la mienne. C’est incroyable, je suis très contente d’être ici.

Le stage international en chiffres
 
2009 - Année de création du stage international, imaginé pour “accompagner le développement du ’ori tahiti dans le monde”.
 
28 - Nombre d’éditions organisées depuis la création, avec deux sessions par an (fin novembre et fin juin/début juillet).
 
60 à 100 - Nombre moyen de participants à chaque édition, selon les années.
 
+600 - Nombre de pratiquants accueillis entre 2009 et 2019, avant la crise du Covid. Près de la moitié venaient du Japon.
 
- Nombre de langues utilisées pendant les cours : français, anglais, espagnol et reo tahiti.
 
4 heures - Le format quotidien proposé : deux heures de danse, une heure de hīmene, une heure de percussions.
 
40 000 francs – Prix du stage, inchangé depuis 2009, pour l’ensemble de la semaine.
 

Rédigé par Darianna Myszka le Lundi 24 Novembre 2025 à 14:14 | Lu 1165 fois