Paris, France | AFP | jeudi 05/06/2025 - Il a réchauffé l'hiver et va enflammer l'été: "4 Kampé", tube mondial du chanteur français d'origine haïtienne Joé Dwèt Filé, symbolise la déferlante des rythmes caribéens, qui voyagent grâce aux réseaux sociaux et s'incorporent désormais au hip-hop.
Madonna l'a utilisé dans une "story" et son "nanana" est fredonné de l'Europe aux Etats-Unis: certifié diamant (plus de 50 millions d'équivalent streams), "4 Kampé" caracole dans les playlists et le clip officiel dépasse les 85 millions du vues sur YouTube.
Son interprète a remporté en mai la Flamme (récompense française du rap et ses courants) du morceau de musiques caribéennes pour ce titre tropical sur une rythmique compas, typique d'Haïti et moins rapide que son cousin, le zouk.
Genre emblématique des Antilles, lancé par Kassav' dans les années 1980, le zouk a connu "un gros essoufflement dans les années 2000", où il a été cantonné aux "boîtes de nuit", rappelle David Noel, co-producteur du Caribbean Summer Festival, vendredi soir à l'Accor Arena à Paris.
Mais "ces cinq dernières années, il est sorti du côté local antillais parce que des artistes urbains ont commencé à utiliser des sonorités zouk", observe-t-il.
La deuxième édition du festival reflète l'éclectisme caribéen, entre zouk (Princess Lover), bouyon (Jixels) ou shatta dancehall (Meryl, Bamby).
Toutes ces sonorités puisent leurs racines dans la Caraïbe, avec chacune leur tempo. "Le bouyon est une musique énergique, le compas est dynamique mais plus sensuel, le shatta est un dérivé du dancehall", brosse David Noel.
Leur point commun ? "On est obligé de hocher la tête quand on écoute, c'est naturel, on a envie de bouger !", sourit-il.
Avant cette nouvelle vague, la région a pourvu des stars anglophones, comme le Jamaïcain adepte du dancehall Sean Paul et la popstar barbadienne Rihanna qui intègre dancehall et reggeaton. En 2004, son compatriote Rupee avait aussi fait monter la température avec "Tempted to touch", un morceau soca, musique venue de Trinité-et-Tobago.
- "Hybridation musicale" -
Désormais, les rythmes caribéens ou afro (afrobeats) sont prisés des artistes dits urbains, à l'affût de productions accrocheuses. En 2023, Aya Nakamura s'offrait son délire shatta avec "Beleck".
"Il y a toujours des cycles dans la musique: peut-être que le hip-hop tourne un peu en rond donc ça participe à un renouvellement. On a envie d'écouter de nouveaux sons, de faire la fête différemment", avance Alex Stevens, programmateur de festivals, dont Marsatac les 13 et 14 juin.
Le rendez-vous marseillais a fait coup double en affichant, à la suite le même soir, Maureen et Kalash, fers de lance martiniquais du shatta, réunis sur le bouillant "Laptop" (2022).
"Kalash fait le pont avec la scène urbaine, c'est le représentant qui arrive à mixer ce côté créole émancipé en faisant des collaborations avec des gros rappeurs", analyse Alex Stevens.
L'artiste a notamment cartonné en duo avec le Belgo-Congolais Damso, de "Mwaka Moon" (2017) à "Alpha" (2024).
Ces associations sont "une pure stratégie marketing et, en même temps, de l'hybridation dans la création musicale", souligne le programmateur.
Les nouvelles façons de consommer de la musique représentent aussi une aubaine pour ces titres impossibles à ranger dans une seule case.
Avec l'avènement des réseaux sociaux et du streaming, le public devient acteur de la prochaine tendance, auparavant définie par les radios. L'exemple de Slaï semble révolu: le chanteur avait connu le succès dans les Antilles avec "Flamme" en 1998, mais avait dû patienter cinq ans pour que son titre soit diffusé en métropole.
Sans frontières dans la création et dans la diffusion, les artistes concoctent de nouveaux cocktails musicaux. Preuve de ce syncrétisme, Theodora ("Kongolese sous BBL") triture rap, pop et rythmes afro-caribéens... avec Rihanna pour idole.
Pour expliquer la propagation de ces sonorités, "il faut comprendre le phénomène d'immigration mais surtout de communautés totalement décloisonnées", insiste Claudy Siar, qui pilote l'émission "Couleurs tropicales" sur RFI et a fondé "Tropiques FM".
Ces succès populaires, aux publics variés, sont "une belle victoire que toute la France doit faire sienne", appelle-t-il.
Madonna l'a utilisé dans une "story" et son "nanana" est fredonné de l'Europe aux Etats-Unis: certifié diamant (plus de 50 millions d'équivalent streams), "4 Kampé" caracole dans les playlists et le clip officiel dépasse les 85 millions du vues sur YouTube.
Son interprète a remporté en mai la Flamme (récompense française du rap et ses courants) du morceau de musiques caribéennes pour ce titre tropical sur une rythmique compas, typique d'Haïti et moins rapide que son cousin, le zouk.
Genre emblématique des Antilles, lancé par Kassav' dans les années 1980, le zouk a connu "un gros essoufflement dans les années 2000", où il a été cantonné aux "boîtes de nuit", rappelle David Noel, co-producteur du Caribbean Summer Festival, vendredi soir à l'Accor Arena à Paris.
Mais "ces cinq dernières années, il est sorti du côté local antillais parce que des artistes urbains ont commencé à utiliser des sonorités zouk", observe-t-il.
La deuxième édition du festival reflète l'éclectisme caribéen, entre zouk (Princess Lover), bouyon (Jixels) ou shatta dancehall (Meryl, Bamby).
Toutes ces sonorités puisent leurs racines dans la Caraïbe, avec chacune leur tempo. "Le bouyon est une musique énergique, le compas est dynamique mais plus sensuel, le shatta est un dérivé du dancehall", brosse David Noel.
Leur point commun ? "On est obligé de hocher la tête quand on écoute, c'est naturel, on a envie de bouger !", sourit-il.
Avant cette nouvelle vague, la région a pourvu des stars anglophones, comme le Jamaïcain adepte du dancehall Sean Paul et la popstar barbadienne Rihanna qui intègre dancehall et reggeaton. En 2004, son compatriote Rupee avait aussi fait monter la température avec "Tempted to touch", un morceau soca, musique venue de Trinité-et-Tobago.
- "Hybridation musicale" -
Désormais, les rythmes caribéens ou afro (afrobeats) sont prisés des artistes dits urbains, à l'affût de productions accrocheuses. En 2023, Aya Nakamura s'offrait son délire shatta avec "Beleck".
"Il y a toujours des cycles dans la musique: peut-être que le hip-hop tourne un peu en rond donc ça participe à un renouvellement. On a envie d'écouter de nouveaux sons, de faire la fête différemment", avance Alex Stevens, programmateur de festivals, dont Marsatac les 13 et 14 juin.
Le rendez-vous marseillais a fait coup double en affichant, à la suite le même soir, Maureen et Kalash, fers de lance martiniquais du shatta, réunis sur le bouillant "Laptop" (2022).
"Kalash fait le pont avec la scène urbaine, c'est le représentant qui arrive à mixer ce côté créole émancipé en faisant des collaborations avec des gros rappeurs", analyse Alex Stevens.
L'artiste a notamment cartonné en duo avec le Belgo-Congolais Damso, de "Mwaka Moon" (2017) à "Alpha" (2024).
Ces associations sont "une pure stratégie marketing et, en même temps, de l'hybridation dans la création musicale", souligne le programmateur.
Les nouvelles façons de consommer de la musique représentent aussi une aubaine pour ces titres impossibles à ranger dans une seule case.
Avec l'avènement des réseaux sociaux et du streaming, le public devient acteur de la prochaine tendance, auparavant définie par les radios. L'exemple de Slaï semble révolu: le chanteur avait connu le succès dans les Antilles avec "Flamme" en 1998, mais avait dû patienter cinq ans pour que son titre soit diffusé en métropole.
Sans frontières dans la création et dans la diffusion, les artistes concoctent de nouveaux cocktails musicaux. Preuve de ce syncrétisme, Theodora ("Kongolese sous BBL") triture rap, pop et rythmes afro-caribéens... avec Rihanna pour idole.
Pour expliquer la propagation de ces sonorités, "il faut comprendre le phénomène d'immigration mais surtout de communautés totalement décloisonnées", insiste Claudy Siar, qui pilote l'émission "Couleurs tropicales" sur RFI et a fondé "Tropiques FM".
Ces succès populaires, aux publics variés, sont "une belle victoire que toute la France doit faire sienne", appelle-t-il.