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Cyclone tropical Pam : mise en place d’un pont aérien vers Port-Vila


PORT-VILA, dimanche 15 mars 2015 (Flash d’Océanie) – Les premiers chargements provenant de l’aide régionale et internationale sont arrivés dimanche dans la capitale de Vanuatu, Port-Vila, ravagée en fin de semaine par le passage du puissant cyclone tropical Pam et où, samedi, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence.

Dans la nuit de vendredi à samedi (heure locale GMT+11), le cyclone Pam, réputé pour être l’un des plus puissants ayant jamais frappé le Pacifique avec une catégorie maximale de cinq sur l’échelle de Saffir-Simpson, a dévasté la capitale, décoiffant la plupart des maisons, à un taux estimé de 90 pour cent, selon les premiers constats dressés par les autorités locales et les ONG.
Alors qu’en début de week-end, s’exprimant depuis une conférence internationale onusienne au Japon, le Président ni-Vanuatu Baldwin Lonsdale lançant un appel ému à l’aide internationale, les premiers avions militaires ont atterri dimanche sur le tarmac du petit aéroport de Port-Vila, toujours fermé aux vols commerciaux mais ouverts aux vols militaires et humanitaires.
À la mi-journée un avion de l’armée de l’air australienne est venu apporter un premier chargement de vivres et de matériel de première nécessité (tentes, abris provisoires, eau potable, kits d’assainissement), ainsi que des équipes d’experts, logisticiens et médecins.
Par ailleurs, l’aide de Canberra a été annoncé une enveloppe de cinq millions de dollars (australiens, environ 3,6 millions d’euros) qui seront dirigés vers les ONG et associations humanitaires reconnues, ainsi que la Croix Rouge et les partenaires des différentes agences de l’ONU, a annoncé la ministre australienne des affaires étrangères, Julie Bishop.
Dans le package australien figure aussi une équipe spécialisée dans les recherches et secours en milieu urbain.
Une autre équipe doit se concentrer, au niveau consulaire, à recenser et venir en aide aux ressortissants australiens résidant (plus d’un millier de personnes) ou en vacances à Vanuatu.

Toujours dimanche, un autre avion militaire, un Hercule C-130 en provenance d’Auckland, (Nouvelle-Zélande), apportait un chargement similaire (huit tonnes), avec en plus des tronçonneuses, des bâches, des conteneurs d’eau et des groupes électrogènes.
Deux autres vols militaires néo-zélandais sont annoncés pour lundi.
Après avoir annoncé une enveloppe initiale d’un million de ses dollars dans le cadre d’une aide d’urgence aux États insulaires océaniens frappés ces derniers jours par des catastrophes naturelles, le chef de la diplomatie de Wellington, Murray McCully, concentrait dimanche son tir en annonçant une augmentation des aides en particulier pour les populations sinistrées de Vanuatu.
Au total, l’enveloppe néo-zélandaise atteint désormais les 2,5 millions de dollars (NZ, soit environ 1,75 millions d’euros).
Le pont aérien, soutenu par le tripode France/Nouvelle-Calédonie, Australie et Nouvelle-Zélande, devrait continuer à être maintenu au cours des prochains jours vers Port-Vila et possiblement étendu, avec des moyens plus légers, vers les autres îles de l’archipel, où les informations concernant des dégâts et des victimes sont encore quasi-inexistantes.
Autre composante du partenariat « FRANZ » (France, Australie, Nouvelle-Zélande) signé fin 1992 entre les trois armées de la région : la France, via sa collectivité de Nouvelle-Calédonie, la plus proche de l’archipel voisin de Vanuatu (500 kilomètres, une heure de vol).
Dimanche aussi, dans l’après-midi, un avion CASA de l’armée française atterrissait à Port-Vila, avec à son bord une équipe d’évaluation pluridisciplinaire et du matériel (un véhicule tout-terrain, une unité de traitement d’eau et un groupe électrogène) et un groupe de responsables, dont l’attaché de défense auprès de l’ambassade de France au Vanuatu, un officier du génie et un expert de la Croix-Rouge, a indiqué le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie.

Depuis Paris, samedi, le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, via son porte-parolat, exprimait « la solidarité » française « au peuple et aux autorités du Vanuatu ».
La France « se tient prête à répondre à toute demande d’assistance de leur part. Elle suit également avec attention la situation de nos ressortissants sur place par l’intermédiaire de notre ambassade à Port-Vila », soulignent les mêmes sources.
« Cette tragédie souligne une nouvelle fois le danger que font courir à la planète les phénomènes météorologiques extrêmes, aggravés par les dérèglements climatiques. Elle intervient alors que se tient, à Sendaï, au Japon, la conférence mondiale des Nations Unies sur la prévention des risques de catastrophes », rappelle le gouvernement français.

En Europe, l’Union Européenne, pour sa part, a annoncé, via son département de l’aide humanitaire et de la protection civile (Humanitarian Aid and Civil Protection department -ECHO-) une enveloppe initiale d’un million d’euros dans le cadre de l’aide aux secours.
« L’UE se tient auprès du peuple de Vanuatu dans ces heures de nécessité. Elle offre son aide immédiate », a notamment déclaré Christos Stylianides, Commissaire européen pour l’aide humanitaire et la gestion des crises.
Le Royaume-Uni a promis environ 2,8 millions d'euros.

En mode solidarité, un autre message est venu de Washington, de la part de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI).
Dans son message, l’ancienne ministre française évoque sa volonté de venir en aide à Vanuatu « rapidement, sans démarches bureaucratiques (…) pour reconstruire l’économie au cours des mois à venir ».
« Une équipe du FMI se tient prête à se rendre à Vanuatu sans préavis pour aider le gouvernement à évaluer la situation au plan macroéconomique et déterminer tout besoin de financement », a précisé Mme Lagarde.
Le gouvernement américain, via son agence d’aide au développement USAID, a choisi de mettre à disposition 100.000 de ses dollars à la Croix Rouge française basée en Nouvelle-Calédonie, selon le bureau régional (basé à Fidji) des Nations-Unies de coordination de l’aide humanitaire (OCHA).

Énormes défis liés à l’isolement des îles

Outre les secours directement livrables à la capitale Port-Vila et son île, celle de Vaté, l’accès au reste de l’archipel constitue dès maintenant un énorme défi pour les gros porteurs régionaux.
Dans un contexte similaire, des moyens plus légers, comme des frégates (notamment françaises) comportant un hélicoptère à bord, avaient été utilisés ces dernières années à Fidji et montré une bonne capacité de projection.
Outre l’éparpillement et l’isolement des îles potentiellement frappées, les opérations humanitaires doivent aussi en mode prévention, concentrer leurs efforts sur les risques sanitaires liés à des situations post-cycloniques, comme l’apparition de maladies directement liées à la présence de grandes masses d’eau stagnantes (dysenterie, typhoïde, leptospirose, malaria, dengue), combinée à l’absence ou la disparition de services sanitaires, hygiéniques et médicaux de base.
Par précaution, aussi, depuis ce week-end, la police a bouclé un certain nombre de quartiers du centre-ville, où se trouvent la majorité des commerces, afin de couper court à toute tentative éventuelle de pillage.

Selon le premier compte-rendu d’étape, en mode évaluation, dressé dimanche par le bureau régional (basé à Fidji) des Nations-Unies de coordination de l’aide humanitaire (OCHA), outre les dégâts constatés sur Port-Vila et l’île principale de Vaté, de grandes inquiétudes demeurent concernant à la fois plusieurs îles du Nord (Ambae, Maewo, Pentecôte=) et du Sud (Tanna, Erromango), où Pam est passé au plus près et qui ont, pour certaines, été frappées directement par l’œil du cyclone.

pad

Rédigé par PAD le Lundi 16 Mars 2015 à 06:06 | Lu 498 fois