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Coupable d'avoir soigné son fils épileptique au cannabis mais dispensé de peine


Tahiti, le 15 mai 2025 - Ce jeudi, la cour d'appel a reconnu coupable Ariimatatini Vairaaroa d'avoir cultivé et consommé du cannabis alors que ses plantes servaient aussi et surtout à soigner les crises d'épilepsie de son fils autiste. Sensible au caractère unique de la situation, la cour d'appel a dispensé de peine le père de famille.
 
L'affaire avait été médiatisée au mois de juin 2024. Le prévenu, père d'un adolescent autiste et épileptique aujourd'hui âgé de 14 ans, comparaissait alors devant le tribunal pour détention à son domicile d'une centaine de pieds de cannabis, saisis deux ans plus tôt. Une plantation destinée à l'élaboration d'une huile thérapeutique à l'attention de son fils afin de soulager ses crises d'épilepsie. Un ultime recours après avoir essayé tous les traitements légaux disponibles mais aux résultats inopérants. Une situation au caractère exceptionnel, néanmoins entachée par les aveux du père à l'époque. Celui-ci avait en effet avoué à la barre consommer aussi du cannabis pour l'aider à dormir. Relaxé en première instance, le parquet général avait néanmoins estimé que le père de famille demeurait dans l'illégalité et a fait appel de la décision. S'en est donc suivie une deuxième audience, début avril dernier, tendue, durant laquelle l'avocat de la défense s'est fortement confronté à l'avocat général quant au caractère exceptionnel de l'affaire. Un débat qui a fini par être tranché, ce jeudi, puisque la cour d'appel de Papeete a reconnu le père de famille coupable des faits qui lui sont reprochés avec néanmoins une dispense de peine.
 
“C'est simplement dur d'entendre dire qu'un père de famille, qui fait tout ce qu'il peut pour essayer de soigner son enfant alors que notre société en est incapable, est coupable d'une infraction”, a déclaré maître Millet, avocat du père de famille, à la suite du rendu du délibéré. “Sur le principe, c'est quelque chose qui me pose problème et qui me touche. Maintenant, on entend malgré tout le geste qui est fait par la cour d'appel et la prise en compte de la situation puisqu'il y a une dispense de peine qui a été prononcée. Ce qui veut quand même dire que la cour a été sensible à la situation de M. Vairaaroa et qu'elle a estimé que, au regard du contexte, on ne pouvait pas prononcer une peine pénale, que ce soit d'emprisonnement ou d'amende, pour ce papa. Donc ça, c'est le côté évidemment de soulagement que l'on peut avoir. Maintenant, cela n'enlève rien au fait que cette poursuite était inacceptable. Nous n'aurions jamais dû trainer ce père de famille devant les tribunaux. Notre société est en faute.”
 
Du côté de la famille, on relativise : “On est quand même content. Car s'il est effectivement reconnu coupable, il n'a pas d'amende ou autre peine. Par contre, mon mari était tellement stressé à l'approche du délibéré que mon fils l'a également ressenti, tout ce mal-être, au point de manifester un zona. La justice ne se rend pas compte du mal-être que nous avons subi, et notamment mon fils.” Quant au fond de l'affaire et l'utilisation du cannabis comme méthode thérapeutique, l'épouse espère une évolution des mentalités : “Si les choses avancent dans ce domaine – certains produits sont d'ailleurs désormais légalisés –, ce n'est pas suffisant. Certains médicaments ne sont toujours pas disponibles. J'espère que notre affaire va ouvrir la voie à d'autres avancées. Notre fils est un exemple parmi tant d'autres. Il n'est pas le seul malade à souffrir.”

Rédigé par La rédaction le Jeudi 15 Mai 2025 à 15:18 | Lu 2810 fois