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Corruption : Un surveillant de Nuutania condamné à 18 mois ferme


Corruption : Un surveillant de Nuutania condamné à 18 mois ferme
Tahiti, le 25 mars 2021 - Le procès d'un surveillant de Nuutania de 36 ans, poursuivi pour avoir introduit deux téléphones au sein de la prison et les avoir vendus à des détenus, s'est tenu devant le tribunal correctionnel jeudi. Le procureur de la République a requis quatre ans de prison dont un avec sursis. Le prévenu a finalement été condamné à 36 mois de prison dont 18 avec sursis assortis d'un mandat de dépôt.
 
Un homme de 36 ans, agent pénitentiaire à la maison d'arrêt de Nuutania, a été jugé par le tribunal correctionnel jeudi pour répondre de faits de "corruption passive" et de "remise ou sortie irrégulière de correspondance, somme d'argent ou objet de détenu par une personne chargée de la surveillance de détenus" commis entre janvier et juin 2020. Le surveillant comparaissait aux côtés de trois hommes, deux détenus et un ancien détenu, avec lesquels il avait fait affaire à l'époque des faits et qui étaient poursuivis pour "corruption active".
 
C'est à la suite d'une fouille de routine effectuée dans la cellule de deux prisonniers à Nuutania en juin 2020 que l'affaire avait éclaté. Au sein de cette cellule dans laquelle vivaient le multirécidiviste Wilfrid Atapo, dit "DJ Fred", et un proche du trafiquant actuellement en fuite aux États-Unis, Fred Garbutt, les surveillants de la prison avaient mis la main sur deux téléphones et un chargeur. Dans la cellule d'un autre détenu, ils avaient également trouvé un autre téléphone.

Introduction d'objets au sein de la prison

Saisis de l'enquête, les gendarmes de la Brigade de recherches avaient entendu plusieurs détenus qui avaient expliqué que c'était l'un des surveillants de la prison qui avait introduit deux des trois appareils au sein de la maison d'arrêt contre la somme de 100 000 Fcfp. Pour l'un des deux téléphones, deux prévenus avaient inscrit leur demande sur un bout de papier. Le gardien leur avait alors remis un mot sur lequel il avait écrit son tarif et leur avait dit de faire déposer l'objet dans la benne de sa voiture garée sur le parking de la prison.
 
Le gardien, décrit par les détenus comme un surveillant qui avait l'"habitude" d'introduire des objets au sein de la maison d'arrêt, avait reconnu les faits dès son placement en garde à vue le 25 juin 2020. A la barre du tribunal correctionnel jeudi, il a tenté de minimiser les faits en expliquant qu'il avait été victime de pressions et en sous-entendant qu'il n'était pas le seul agent de l'administration pénitentiaire à s'adonner à ce genre de faits. "C'est une prison. Ce n'est pas tout rose, il y a des bagarres, des menaces, des tentatives de corruption et l'on ne fait pas toujours des rapports. Même si à l'école, on nous a appris de faire systématiquement un rapport, ce n'est pas la réalité."

Mandat de dépôt

Au terme de plusieurs heures de débats, le procureur de la République a requis quatre ans de prison dont un an avec sursis assortis d'un mandat de dépôt à l'encontre du gardien de prison et une interdiction définitive d'exercer dans la fonction publique. 18 mois de prison ferme ont été requis contre les trois autres prévenus. Le gardien de prison a finalement écopé de 36 mois de prison dont 18 avec sursis assortis d'un mandat de dépôt. Ses coprévenus ont été condamnés à six mois de prison ferme.
 
Notons que lors de la perquisition dans la cellule, les enquêteurs de la BR de Faa'a avaient trouvé plus de 300 vidéos et photos à caractère pédopornographique sur le téléphone utilisé par le multirécidiviste Wilfrid Atapo, condamné en appel à sept ans de prison ferme pour des faits similaires en mai 2020. Ces faits ont depuis fait l'objet de l'ouverture d'une information judiciaire qui a été confiée à un juge d'instruction.
 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 25 Mars 2021 à 21:29 | Lu 7507 fois