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Coronavirus: la croisière ne s'amuse plus au Japon


Tokyo, Japon | AFP | vendredi 07/02/2020 - On leur avait promis de s'époumoner au karaoké, d'apprendre le tai-chi ou d'étudier la Bible. Mais la croisière s'est transformée en cauchemar pour les milliers de passagers du paquebot Diamond Princess, maintenu en quarantaine au Japon après la découverte de plusieurs dizaines de cas de coronavirus.

Après quatorze jours de voyage prometteur, le rêve a pris fin le 3 février lorsqu'un passager de 80 ans, débarqué du navire à Hong Kong quelques jours plus tôt, a été détecté positif.
Depuis, quelque 3.700 personnes, passagers et membres d'équipage, de dizaines de nationalités différentes, sont confinées à bord, au large de Yokohama près de Tokyo. Période de mise en quarantaine: au moins quatorze jours, le temps d'incubation de la maladie.
Et l'angoisse monte sur le navire qui compte désormais 61 cas déclarés de coronavirus, l'épidémie virale qui a déjà tué plus de 630 personnes essentiellement en Chine continentale.
Sur Twitter, une passagère a relaté entendre "une toux persistante" dans la cabine voisine, craignant d'être infectée à son tour.
"Plus ils vont diagnostiquer de cas à bord, plus il y a de chances qu'ils trouvent une raison de prolonger la quarantaine. C'est un peu décourageant", a relevé à l'AFP Matt Smith, un Américain de 57 ans à bord avec sa femme. 
Les malades, des Japonais, des Américains, des Australiens, des Néo-Zélandais ou encore des Taïwanais, ont été débarqués et hospitalisés dans différentes villes de l'archipel nippon. 
Pour le moment 273 personnes ont été testées, mais des examens supplémentaires vont être effectués sur les passagers les plus vulnérables ou qui ont été en contact avec les derniers voyageurs contaminés.
 

- "SOS ... bière Corona" -

 
En attendant, l'ennui s'installe chez les croisiéristes, coincés entre quatre murs. Seule distraction, lorsque le personnel de bord, portant un masque et une combinaison protectrice, dépose des plateaux-repas devant leur porte.
"J'ai décidé de faire une petite blague aux membres de l'équipage qui nous livrent la nourriture. Je les ai attendus avec des algues sur le visage (...) cela ne les a pas fait rire", a posté sur Twitter une passagère japonaise.
Les personnes logeant dans des cabines sans fenêtre, sans lumière naturelle, ont reçu l'autorisation de se promener sur les ponts en petits groupes pour prendre l'air, mais sous de strictes conditions, notamment le port d'un masque.
Il faut aussi que "vous évitiez de former des groupes importants et que vous mainteniez entre vous une distance d'un mètre au moins lorsque vous discutez", a exigé vendredi le capitaine du bateau dans une annonce diffusée sur le navire.
"C'est si agréable de respirer de l'air frais", "je suis tellement excitée", a posté Yardley Wong, venue de Hong Kong avec son fils de 6 ans, diffusant sur les réseaux sociaux une vidéo de plusieurs personnes dansant de joie sur le pont.
Pour occuper les passagers, des chaînes de télévision supplémentaires ont été installées. Un site de sexe webcam est même allé jusqu'à proposer son contenu en libre accès à bord...
D'autres crosiéristes ironisaient pour passer le temps.
"SOS, j'ai besoin d'une bière Corona", a accroché un passager à son hublot, tandis que David Abel, venu de Grande-Bretagne, implorait le capitaine de venir lui remettre en personne un verre de whisky. "Du Talisker, un single malt de 10 ans, sans glace, sans eau".

le Vendredi 7 Février 2020 à 05:20 | Lu 703 fois