Stockholm, Suède | AFP | mercredi 15/04/2020 - Le pays se distingue en Europe par une approche souple face à l'épidémie de nouveau coronavirus: en Suède, les experts s'interrogent sur le bien-fondé d'un modèle qui a débouché sur un bilan humain nettement plus alarmant que chez ses voisins nordiques.
Mardi, le cap du millier de décès sur un total de quelque 11.500 cas d'infection a été franchi dans le royaume scandinave, une mortalité sans commune mesure avec celle observée en Finlande, au Danemark ou en Norvège.
"La préparation n'a pas été assez bonne", a reconnu samedi le Premier ministre Stefan Löfven.
Comment en est-on arrivé là? Pour Bo Lundbäck, professeur d'épidémiologie à l'Université de Göteborg (ouest), "les autorités et le gouvernement ont bêtement cru que l'épidémie n'atteindrait pas du tout la Suède".
Contrairement aux autres pays nordiques qui ont adopté une stratégie de semi-confinement, Stockholm a exclu de placer sa population à l'isolement, estimant les mesures drastiques pas assez efficaces pour justifier leur impact sur la société.
Seules contraintes majeures, les rassemblements de plus de 50 personnes ont été interdits, de même que les visites dans les maisons de retraite. Pour le reste, le gouvernement en a appelé au civisme, demandant à chacun de "prendre ses responsabilités" et de suivre les recommandations sanitaires.
Malgré une certaine perplexité dans le pays comme à l'étranger, le gouvernement continue de suivre les recommandations de l'Agence publique de santé. Une confiance accordée aux autorités sanitaires qui ne fait pas l'unanimité.
"La Suède a été mal, voire pas du tout préparée", fustige M. Lundbäck.
Avec 21 autres chercheurs, l'épidémiologiste a signé mardi dans le quotidien Dagens Nyheter une tribune au vitriol pour exiger "des mesures rapides et radicales", notamment une fermeture des écoles et des restaurants.
De leur côté, les autorités sanitaires continuent de faire valoir une stratégie sur le long terme, soulignant que le confinement ne fonctionne que pendant de courtes périodes.
La Suède déplorait mercredi 119 décès liés au Covid-19 par million d'habitants, selon le site de collecte de données statistiques Worldometer. Au Danemark, ce chiffre s'élevait à 53, en Norvège 27 et en Finlande 12.
L'Agence publique de santé a annoncé la semaine dernière qu'au moins 40% des décès enregistrés dans la région de Stockholm, épicentre de l'épidémie en Suède, sont survenus dans des établissements accueillant des personnes âgées.
En dépit des mesures sanitaires, la moitié des maisons de retraite situées dans la capitale sont aujourd'hui touchées par le virus et un tiers des communes du pays comptent des cas suspects ou confirmés de coronavirus dans les résidences pour personnes âgées.
Une situation que la ministre de la Santé Lena Hallengren peine à expliquer. "Soit l'interdiction de visite n'a pas été observée, soit le personnel présentant des symptômes (...) est allé travailler", avançait-elle dans les colonnes de Dagens Nyheter.
Pour Ingmar Skoog, directeur du Centre pour les personnes âgées et la santé à l'université de Göteborg, le manque de centralisation nationale pourrait en partie expliquer une propagation plus importante que dans les pays voisins.
Dans ces établissements pour personnes âgées, en partie privés ou dépendant des communes, "le personnel est souvent payé à l'heure, moins bien rémunéré, moins éduqué et plus jeune", note M. Skoog.
A l'inverse de la Finlande, où ce personnel continue d'être protégé par des conventions collectives, en Suède, "ceux qui sont payés à l'heure ne touchent pas leur salaire s'ils restent à la maison avec des symptômes légers" comme le voudraient les consignes.
Contrairement à la Norvège voisine qui dit ne voir "aucune surreprésentation parmi les personnes nées à l'étranger", la Suède note aussi ce qui pourrait être une conséquence de sa politique d'accueil généreuse.
Selon une étude publiée la semaine dernière, les quartiers défavorisés de Stockholm, où vivent majoritairement des personnes issues de l'immigration, sont jusqu'à trois fois plus touchés par l'épidémie que le reste de la capitale.
Chercheuse en science politique à l'Université d'Uppsala, Gina Gustavsson déplore "un manque inquiétant de connaissances ou d'intérêt" des autorités sanitaires à l'égard de ces populations aux comportements sociaux parfois différents.
Mardi, le cap du millier de décès sur un total de quelque 11.500 cas d'infection a été franchi dans le royaume scandinave, une mortalité sans commune mesure avec celle observée en Finlande, au Danemark ou en Norvège.
"La préparation n'a pas été assez bonne", a reconnu samedi le Premier ministre Stefan Löfven.
Comment en est-on arrivé là? Pour Bo Lundbäck, professeur d'épidémiologie à l'Université de Göteborg (ouest), "les autorités et le gouvernement ont bêtement cru que l'épidémie n'atteindrait pas du tout la Suède".
Contrairement aux autres pays nordiques qui ont adopté une stratégie de semi-confinement, Stockholm a exclu de placer sa population à l'isolement, estimant les mesures drastiques pas assez efficaces pour justifier leur impact sur la société.
Seules contraintes majeures, les rassemblements de plus de 50 personnes ont été interdits, de même que les visites dans les maisons de retraite. Pour le reste, le gouvernement en a appelé au civisme, demandant à chacun de "prendre ses responsabilités" et de suivre les recommandations sanitaires.
Malgré une certaine perplexité dans le pays comme à l'étranger, le gouvernement continue de suivre les recommandations de l'Agence publique de santé. Une confiance accordée aux autorités sanitaires qui ne fait pas l'unanimité.
"La Suède a été mal, voire pas du tout préparée", fustige M. Lundbäck.
Avec 21 autres chercheurs, l'épidémiologiste a signé mardi dans le quotidien Dagens Nyheter une tribune au vitriol pour exiger "des mesures rapides et radicales", notamment une fermeture des écoles et des restaurants.
De leur côté, les autorités sanitaires continuent de faire valoir une stratégie sur le long terme, soulignant que le confinement ne fonctionne que pendant de courtes périodes.
La Suède déplorait mercredi 119 décès liés au Covid-19 par million d'habitants, selon le site de collecte de données statistiques Worldometer. Au Danemark, ce chiffre s'élevait à 53, en Norvège 27 et en Finlande 12.
- Aînés et immigrés en première ligne -
L'Agence publique de santé a annoncé la semaine dernière qu'au moins 40% des décès enregistrés dans la région de Stockholm, épicentre de l'épidémie en Suède, sont survenus dans des établissements accueillant des personnes âgées.
En dépit des mesures sanitaires, la moitié des maisons de retraite situées dans la capitale sont aujourd'hui touchées par le virus et un tiers des communes du pays comptent des cas suspects ou confirmés de coronavirus dans les résidences pour personnes âgées.
Une situation que la ministre de la Santé Lena Hallengren peine à expliquer. "Soit l'interdiction de visite n'a pas été observée, soit le personnel présentant des symptômes (...) est allé travailler", avançait-elle dans les colonnes de Dagens Nyheter.
Pour Ingmar Skoog, directeur du Centre pour les personnes âgées et la santé à l'université de Göteborg, le manque de centralisation nationale pourrait en partie expliquer une propagation plus importante que dans les pays voisins.
Dans ces établissements pour personnes âgées, en partie privés ou dépendant des communes, "le personnel est souvent payé à l'heure, moins bien rémunéré, moins éduqué et plus jeune", note M. Skoog.
A l'inverse de la Finlande, où ce personnel continue d'être protégé par des conventions collectives, en Suède, "ceux qui sont payés à l'heure ne touchent pas leur salaire s'ils restent à la maison avec des symptômes légers" comme le voudraient les consignes.
Contrairement à la Norvège voisine qui dit ne voir "aucune surreprésentation parmi les personnes nées à l'étranger", la Suède note aussi ce qui pourrait être une conséquence de sa politique d'accueil généreuse.
Selon une étude publiée la semaine dernière, les quartiers défavorisés de Stockholm, où vivent majoritairement des personnes issues de l'immigration, sont jusqu'à trois fois plus touchés par l'épidémie que le reste de la capitale.
Chercheuse en science politique à l'Université d'Uppsala, Gina Gustavsson déplore "un manque inquiétant de connaissances ou d'intérêt" des autorités sanitaires à l'égard de ces populations aux comportements sociaux parfois différents.