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Coronavirus: à bord du paquebot Zaandam, "on se sent un peu prisonniers"


Santiago du Chili, Chili | AFP | mercredi 25/03/2020 - "C'est un ultra-confinement, on se sent un peu prisonniers" : cloîtrés dans leur cabine à bord du paquebot Zaandam, Françoise et son mari Bernard, deux touristes français, tentent de garder le moral, alors que tous les ports de la route du navire dans le Pacifique ont été fermés en raison de l'épidémie de coronavirus. 

Parti de Buenos Aires le 7 mars, le paquebot battant pavillon néerlandais devait accoster le 21 mars à San Antonio, port de la région de la capitale chilienne Santiago. Mais la présence parmi les 1.800 passagers, d'une quarantaine de personnes présentant des symptômes grippaux, et la fermeture des ports sud-américains en raison de la pandémie de Covid-19 compliquent désormais fortement le voyage. 
"A partir du moment où San Antonio a refusé le bateau (le 21 mars), le moral a commencé à décliner un peu", raconte Françoise, 74 ans, qui devait rentrer en France ce jour-là avec son mari, 76 ans, par un vol Santiago-Madrid, puis Madrid-Toulouse. 
Dès le lendemain, le confinement strict et total dans leurs cabines de tous les passagers, dont une centaine de Français, est décrété. La vie à bord se réduit désormais pour le couple à un espace de 17 m2, "sans un brin d'air frais". 
"C'est très pénible. Notre cabine a une très grande fenêtre, mais ça ne fait pas entrer l'air pur. Elle ne s'ouvre pas, bien entendu, comme dans tous les bateaux (...) j'avoue qu'on en a un peu marre", confie l'ancienne professeur de lettres, dans un entretien téléphonique avec l'AFP.
Le bateau fait désormais route directement vers Fort Lauderdale, en Floride, son point d'arrivée final, avec l'espoir d'y débarquer tous ses passagers le 30 mars. En attendant, un autre navire de la compagnie Holland America a appareillé pour aller à la rencontre du Zaandam et lui fournir des vivres, du personnel et des tests de Covid-19. 
Car si la présence de malades à bord a été confirmée, "est-ce que c'est le Covid-19 ? Personne ne peut le dire puisqu'il n'y a pas à bord de test pour le vérifier", indique Françoise.
Malgré le confinement, le couple dit garder le moral, grâce au soutien des "amis un peu partout en France et ailleurs". "Nos enfants ont été inquiets avant nous. On fait en sorte de remuer tout ce qui peut être remué pour qu'on ne nous oublie pas", témoigne-t-elle.
"Mais si la situation de confinement extrême dans les cabines se prolonge, il risque d'y avoir un peu de rébellion, car on a besoin de se dégourdir les jambes, c'est pas facile dans 17 m2", souligne la passagère, tout en relevant la "discipline" dont font preuve les passagers, en majorité d'origine anglo-saxonne. 
 

- "Overdose" -

 
"Pour l'instant, tout le monde est calme, on entend pas de rébellion, de gens qui s'énervent ou ont des crises de nerfs", raconte-t-elle. 
La vie à bord est de facto réduite au strict minimum afin de limiter les contacts : "Pour chaque repas, on toque à notre porte. On attend quelques secondes, on va ouvrir. Il y a un plateau avec les plats (...) Il n'y a personne devant la porte, on ne voit personne. C'est un peu angoissant quand même". 
Le couple dit ne pas avoir peur de l'épidémie. "Une de nos filles est médecin, elle nous suit (...) Elle nous interroge sur des symptômes", raconte Françoise. "C'est aussi notre tempérament", ajoute-t-elle. 
"Nous sommes deux, nous nous entendons bien, mais je pense que certaines personnes qui sont seules, où les couples qui n'ont rien à se dire, ça doit pas être rigolo", constate-t-elle. 
Les communications avec les proches sont devenues cruciales pour rester informés de ce qui se passe dans le monde car "internet marche très mal, sauf pour communiquer" par messagerie.
Habitué des croisières lointaines, le couple, qui réside dans le sud de la France, dit profiter de petits plaisirs comme observer les dauphins qui jouent autour du bateau. Mais il ne "faudrait pas que ça dure trop longtemps (...) On aime la mer, on aime naviguer, un de nos plaisirs c'est de regarder la mer, mais bon là on a un peu l'overdose !"

le Mercredi 25 Mars 2020 à 12:27 | Lu 685 fois