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Consultation populaire en Guyane après la grande crise sociale


Cayenne, France | AFP | jeudi 25/01/2018 - Une "caravane" d'élus s'est lancée dans une grande consultation populaire en Guyane, des "Etats-généraux" pour définir un projet de développement économique et social du territoire, près d'un an après le grand mouvement social du printemps 2017.

Ces "Etats généraux de la Guyane", qui doivent se dérouler sur tout le premier semestre, visent à "aboutir au projet de société de la Guyane pour les 30 prochaines années".
A l'issue de la consultation populaire, "un livre blanc sera déposé sur le bureau du Premier ministre", a expliqué à l’AFP la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), dirigée par Rodolphe Alexandre. Les élus guyanais piocheront dans ce livre blanc les orientations politiques qu’ils entendent privilégier pour leur territoire.
Les Etats-généraux avaient été décidés en février 2017 par la Collectivité juste avant le grand mouvement social du printemps, qui a paralysé le territoire pendant près de 5 semaines pour réclamer un "rattrapage" économique et social par rapport à la métropole.
Renforcée par ce mouvement social d'ampleur inédite, la nécessité d'un "projet guyanais" est devenue une forte revendication de la population, des élus, et des signataires de l'Accord de Guyane, qui a marqué la fin du conflit social.  
Ces Etats-généraux, précédés en octobre par un Congrès des élus de Guyane qui a défini l'organisation de la consultation, interviennent en parallèle des Assises des Outre-mer, lancées elles par le gouvernement dans tous les territoires ultramarins et dont les conclusions doivent être rendues au printemps.
Mais un élu expliquait récemment à l'AFP sous couvert d'anonymat que les deux initiatives, qui paraissent similaires, n'avaient pas le même objectif: "pour les Assises, c'est le gouvernement qui va décider, pour les Etats-généraux, c'est les Guyanais", affirmait-il. 
Dans un territoire qui compte 23% de chômeurs, pour une population d'environ 254.000 habitants qui a presque doublé en vingt ans, et un PIB par habitant inférieur de moitié à celui de la France métropolitaine, les attentes sont nombreuses. 
 

- salle comble -

 
Les débats, dont certains sont ouverts à tous les citoyens, et d'autres plus spécifiquement aux "socio-professionnels", s'organisent autour de neuf thématiques : "vivre et se déplacer, économie et numérique, cultures et identités, santé et solidarités, financement et ressources, gouvernance et cadre institutionnel, jeunesse, vie associative et cohésion, prévention et sécurité routière". 
La "caravane" d'élus (maire et conseillers territoriaux) qui anime la consultation populaire passera "dans les 22 communes", c'est-à-dire l’intégralité du territoire guyanais, grand comme le Portugal, s’est engagée la Collectivité.
Après un début marqué dans l'Ouest par des dysfonctionnements pour les réunions publiques, où la population était peu présente en raison d'horaires non adaptés au grand public, la consultation s'est poursuivie cette semaine sur le littoral, à Cayenne et dans les communes environnantes.
"On fait de la publicité en disant que la Guyane, c’est la biodiversité, mais j'aimerais plus de considération pour l’environnement car une fois qu’on a montré les aras (perroquets, ndlr) sur une brochure, ça ne va pas plus loin", a regretté devant l’AFP, un agent territorial de l’environnement au cours de la commission "développement durable".
"Nous ne faisons que consommer ce qui vient de l’extérieur, il faut construire des logements avec des espaces jardins pour faire aimer à nos enfants la nature et l’agriculture", a aussi suggéré Carlita, mère de famille parmi la petite quarantaine de participants.
A Saint-Laurent-du-Maroni, la semaine précédente, la réunion avait fait salle comble mais le bilan est mitigé selon Katia, une éducatrice spécialisée. "On n’a pas débattu sur la thématique jeunesse" alors que 70% de la population n'a pas 30 ans, a-t-elle regretté. "Il n’y a eu aucun débat sur la prévention sexuelle, la délinquance, la prévention routière. Il n’y a aucun planning familial à Saint-Laurent. Alors on fait quoi ?", a-t-elle ajouté.

le Jeudi 25 Janvier 2018 à 05:43 | Lu 120 fois